L'art de la guerre
Toutes les bombes du président
Manlio Dinucci
Mardi 22 novembre
2011
Sur un atoll des
îles Marshall, dans le Pacifique, a
plombé de l’espace à vitesse
supersonique, jeudi dernier, une étrange
bombe que la US Army a lancé depuis
Hawaï, à 4mille Kms de distance. Non pas
que les USA ont décidé d’attaquer même
cette minuscule République des Marshall.
Au contraire, sur la base d’un accord de
1983, celle-ci a confié sa défense aux
Etats-Unis. Et les Etats-Unis -qui de
1946 à 1958 ont effectué ici 67 tests
nucléaires, parmi lesquels l’explosion à
Bikini de la plus puissante bombe à
hydrogène de 15 mégatonnes- continuent à
utiliser les Marshall comme leur propre
polygone. La bombe qui a touché l’atoll
est une Advanced Hypersonic Weapon :
lancée avec un missile dans la haute
atmosphère, elle plane et, en
manoeuvrant, arrive sur l’objectif à une
vitesse d’environ 6mille Kms/heure.
C’est une des armes du programme « Prompt
Global Strike » (Prompte attaque
globale), avec laquelle les Usa sont en
train d’acquérir la capacité de frapper
en l’espace d’une heure, avec des ogives
non-nucléaires, n’importe quel objectif
dans n’importe quelle partie du monde.
Lancé par le républicain Bush, le
programme n’avait pas avancé parce qu’il
prévoyait la reconversion de missiles
balistiques nucléaires pour lancer des
têtes non-nucléaires, chose qui aurait
mis en alarme la Russie et la Chine, et
risqué une guerre nucléaire
accidentelle. Il a fallu le démocrate
Obama (et Prix Nobel de la Paix) pour
trouver la solution : les bombes
volantes, comme celle qu’on vient de
tester, sont lancées avec des missiles à
trajectoire non balistique, de façon à
ne pas créer d’équivoques. Elles ne sont
qu’une partie de l’arsenal de la
« Prompte Attaque Globale ». La nouvelle
stratégie prévoit que, tandis qu’il est
frappé depuis l’espace avec des bombes
volantes supersoniques, le pays ennemi
est attaqué avec les Mald-J :
mini-aéroplanes automatiques qui, lancés
à mille kilomètres de distance, saturent
les défenses, en apparaissant aux radars
comme des chasseurs en train d’arriver,
et neutralisent ainsi les radars par des
interférences électroniques. Ces
mini-aéroplanes, que Raytheon a commencé
à fournir il y a deux mois à l’US AIR
Force, offrent la double avantage de ne
pas mettre en danger les équipages des
avions et de pouvoir être lancés par
milliers par un petit nombre d’avions
cargos, comme les C-130J. Ce n’est
qu’après qu’entrent en action les
chasseurs-bombardiers avec équipage,
dotés de bombes à guidage laser
potentialisées, comme les Enhanced
Paveway qui, comme l’a indiqué
Raytheon il y a dix jours, sont à
présent utilisables par une plus ample
gamme d’avions. Ces bombes ont cependant
une efficience limitée contre des
structures souterraines. Boeing y a
remédié, en annonçant il y a une semaine
avoir commencé à fournir à l’US Air
Force, depuis septembre, une nouvelle
bombe de 30mille libbres, appelée Mop
(Massive Ordnance Penetrator).
Avec un poids de presque 14 tonnes et sa
tête à uranium appauvri, elle peut
pénétrer à travers 60 mètres de ciment
armé, en détruisant le bunker souterrain
par la détonation de deux tonnes et demi
de haut explosif. La Mop, transportable
par le bombardier stealth B-2 Spirit
(utilisé en mars contre la Libye), a la
puissance destructive d’une petite bombe
atomique (sans les radiations). Un grand
amoureux de la superbombe est Léon
Panetta, choisi par Obama comme nouveau
secrétaire de la défense (si on peut
dire, NdT). En tant qu’ex directeur
de la Cia, il a une passion pour les
techniques les plus mortelles.
Edition de mardi 22
novembre de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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