Opinion
Les féministes
voilées : La république à l'épreuve
Malao Kante
Samedi 13 août 2011
Depuis quelques années, le phénomène du
voile suscite un certain nombre
d’interrogations. Les femmes voilées se
manifestent de plus en plus
et assument pleinement leur « voilitude ».
Ainsi, à côté du féminisme classique
apparaît un nouveau type de
féminisme incarné par des «
voilées ». Ce fait alimente toutes
sortes de débats parce que justement les
propos à ce sujet sont tellement
diversifiés que finalement on ne
maîtrise guère les tenants et les
aboutissants du dit fait. Un phénomène
de mode par-ci, une pratique culturelle
par-là, un reflexe religieux pour
d’autres brefs les arguments varient
selon les origines, les tendances et les
lieux.
Ce qui est sûr, c’est que désormais les
femmes voilées n’entendent plus qu’on
parle pour elles. Elles décident de se
défendre toutes seules par rapport à
cette question. Leur visibilité
« affichée avec fierté » dérangent
jusque dans les milieux
traditionnellement féministes. Mais ce
qui gêne souvent, c’est que le voile
renvoie parfois à un passé douloureux
voire vilain.
Il n’est pas tout à fait faux que
certaines femmes qui portent cette
« couverture » au dessus de leurs têtes
sont contraintes de se soumettre à cette
« obligation ». D’ailleurs, chez
certains groupes sociaux, le port du
voile est la seule pratique imposée à la
femme ; une façon surtout de faire
comprendre aux autres hommes que cette
dernière est « prise ». Autrement dit,
peu importe si elle prie ou respecte les
préceptes religieux, l’essentiel c’est
qu’elle porte le voile (signe de son
appartenance à un autre). C’est surtout
cette pratique culturelle qui offense et
heurte la conscience du « monde libre ».
Le voile traduit la mainmise de l’homme
sur la femme selon la vox populi. Et il
faut signaler ici que la femme a
toujours été inconsidérée dans certaines
sociétés notamment orientales ce, depuis
l’époque antique. Elles étaient
enterraient vivantes dés leurs
naissances, vendues comme des objets ou
tenues à des positions déshumanisantes.
A travers le voile (qui précède
l’obligation religieuse) la femme se
voyait obligée de cacher son corps, sa
« beauté », son aspect humain.
Aujourd’hui, cette période est
« révolue », le port du voile obéît à
d’autres motivations. Souvent, c’est
pour des raisons esthétiques que des
filles décident de le mettre. Parce
qu’elles trouvent une amie, une proche,
une star belle et charmante dans son
voile qu’elles sont tentées. Pour
d’autres, c’est surtout une pratique
culturelle. Des femmes issues de tel ou
tel univers culturel ont tendance à
mettre le voile de façon quasiment
naturelle. Par exemple, le port du
foulard chez les personnes d’origine
saharienne s’explique parfois pour des
raisons autres que religieuses. En
dehors de la tradition, c’est plus pour
se protéger du sable et de la poussière
(qui risquent de défigurer leurs visages
ou de saper leurs cheveux) qu’elles se
déguisent ainsi. D’ailleurs, dans ces
milieux le voile concerne tout le
monde : garçons et filles. Ce qui fait
que même après avoir quitté leurs
contrées, les hommes, pour ne citer
qu’eux, continuent à garder leurs têtes
sous l’œil somnolant du voile (Peut-être
qu’on aura un jour l’occasion de parler
de ce voile : celui des hommes).
Toutefois, s’il existe un voile qui
taraude l’actualité c’est bien celui des
« religieuses ». C’est au nom de la
liberté et de la démocratie que des
croyantes se sont soulevées pour
défendre une identité (la leur) et
protester contre les stigmatisations
venant d’autres femmes comme elles et
qui se disent féministes. Ainsi, on
reproche aux adeptes du « hijab » d’être
soumises et asservies alors qu’elles
même pensent que les autres sont
dévergondées et perverties. Notre but
n’est pas de trancher entre les
différents camps. Ce qui est
intéressant, c’est que l’espace publique
et démocratique permet cette opposition
et cette lutte désormais ouverte. Chaque
tendance prêche pour sa paroisse. De
plus en plus des jeunes religieuses
assument pleinement et entièrement leur
« voilitude » comme à l’époque des
soixante nuitards où la sexualité des
jeunes filles résonnait avec un nouveau
son : la liberté.
MALAO KANTE
NICE
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