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Opinion
L'ONU sert-elle à
justifier l'injustifiable ?
Malao Kanté
Photo: RIA Novosti
Mercredi 6 avril 2011
Si la S.D.N (société des nations) a failli à sa mission (pour la
justice et l’équité entre les nations) à cause d’un manque
d’autorité et de reconnaissance, l’O.N.U quant à elle, est en
train de trahir ses
propres principes. Depuis la seconde guerre mondiale, la plupart
des interventions (militaires) qui ont été opérées à son nom
sont plutôt partielles et partiales. Elle est devenue au fil des
ans une instance qui sert à maquiller les luttes idéologiques.
Son but principal est, peut-on dire, de légitimer l’agression
d’un Etat par un autre, de défendre les intérêts de telles
nations au détriment de telles autres, de légaliser la mainmise
d’un pays sur la souveraineté d’un autre...
C’est un secret de polichinelle que de dire que la prise de
décision (aussi importante soit elle) ne concerne pas tous les
membres de l’organisation. Au contraire, elle résulte d’un
travail de lobbying. C’est par l’activation des réseaux
financiers, idéologiques, géostratégiques que l’essentiel des
mesures est appliqué. Au demeurant, « les Etats figurants » sont
simplement avisés voire amadoués une fois que les dés sont
pipés. La question de la Libye actuelle n’est–elle pas un
exemple fulgurant ? Au moment où les membres de l’union
africaine se rencontrent pour statuer sur le dossier, les
« coalisés » avaient déjà entamés leur travail de bulldozer sur
les pistes d’aviation, les sites stratégiques du régime moribond
de « Khaddaf ». Et jusqu’ici, les pays arabes continuent de
s’interroger sur les véritables objectifs de cette opération. Ce
qui veut dire qu’une bonne partie des groupuscules composant
cette dite organisation n’est vraiment pas sûre des contours de
cette « guerre à milles noms » : appui aux révolutionnaires,
protection de la population civile et étrangère, accélération de
la chute du guide…Bref, ce qui est frustrant c’est que le sort
de ces peuples est décidé dans deux ou trois capitales et le
reste du « job » se fait par manipulations, négociations,
pressions entre autre.
Mais le véritable problème de l’O.N.U se trouve ailleurs. On ne
disconvient guerre du fait que certains des régimes attaqués
sont corrompus et dangereux (ils le sont officiellement le jour
où ils deviennent intraitables avec les puissances complices),
c’est surtout la finalité des actions qui mérite méditations. La
morale qui justifie la politique militaire onusienne est
toujours salutaire. C’est au nom des valeurs humanistes, que nul
ne peut dédaigner, que ces attaques sont faites. La rhétorique,
on la connaît maintenant par cœur : droits de l’homme,
démocratie, restauration de la paix… Donc, le débat ne se situe
nullement sur les principes mais sur le suivi. Autrement dit,
aucune politique de développement social n’est poursuivie aux
termes des politiques militaires d’où toutes nos interrogations.
A quoi bon d’éradiquer un mal s’il faut en créer un autre plus
dure et plus durable ?
Si nous nous amusions à un petit jeu de rappel, nous allons nous
rendre compte que dans la majeure partie des pays où l’O.N.U a
servi de cheval de Troie, la misère sociale et le chaos
politique y sont devenus endémiques. En Somalie, depuis
l’application de la résolution 733 de Janvier 92 et du chapitre
VII de la charte (embargo), le pays ne cesse de dégringoler dans
la désolation et l’infamie. En Afghanistan, la croisade contre
les barbus s’est soldée par le règne du banditisme organisé et
du je-m’en-foutisme absolu. En Irak, la mort du maître de Bagdad
n’a fait que précipiter le pays dans l’anarchie et entre les
mains de « dirigeants dirigés ». La question même de la
souveraineté de ces pays est menacée. Aujourd’hui, Kadhafi doit
partir certes ; mais que peut-on espérer de cette révolution
déjà tronquée, volée ? Gbagbo aussi doit partir mais après :
quel avenir pour la Côte d’ivoire ? L’O.N.U peut-elle continuer
à légitimer les chutes des régimes sans garantir un réel projet
de développement ? Faut-il supprimer ou reformer sérieusement
(surtout concernant les prises de décisions) la dite
organisation ?
Malao Kanté C.R.H.I NICE
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