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Opinion
L'islam, un prétexte
?
Malao Kanté
Dimanche 6 mars 2011
La peur que suscite l’islam dans les sociétés occidentales
s’explique par plusieurs raisons. D’abord, pour beaucoup,
l’islam est une religion inconnue et nouvelle dans leur milieu.
Ensuite, s’ajoute le fait que, de l’islam, ils ne comprennent
que ce que certains politiciens d’extrême droite divulguent :
une position plutôt caricaturale. Pour x motifs, l’islam est
vilipendé en Europe. Il est le nouveau thème de prédilection des
populistes, une vision doctrinaire à vocation universelle pour
certains intellectuels.
Après la chute des totalitarismes en l’occurrence le
Nazisme et le « Communisme », l’islam semble aujourd’hui être la
nouvelle idéologie à abattre. On le compare souvent d’ailleurs
aux deux précédents mouvements. Pour certains, son côté
antisémite rappelle bien la pensée nazie. Une telle association
n’est pas survenue ex-nihilo car Hitler lui-même est parti
chercher une alliance, pour sa cause, auprès de l’
« islamisme » radical avec comme figure de proue le mufti de
Jérusalem : le cheikh Hajj Amin Al Husseini. Pour d’autres, la
religion musulmane est similaire à la doctrine communiste de par
sa haine de l’Occident, des valeurs laïques, « féministes »
entre autre. Donc, tout ceci justifie et solidifie tout l’effort
(de guerre) mené contre l’islam. Mais le plus inquiétant pour
les idéologues occidentaux, c’est que, contrairement à la chine
ou à l’inde, la doctrine musulmane a une vocation universelle et
totalitaire. Autrement dit, son objectif majeur est de conquérir
encore et encore. Cela se confirme si l’on se réfère au nombre
sans cesse grandissant des nouveaux adeptes en Europe et aux
Etats-Unis. Ce développement fulgurant inquiète nombre
d’observateurs qui se demandent justement quelle réplique
appliquée face à cette question. Alors, la seule solution
aujourd’hui qui se montre pratique, c’est la méthode classique :
celle qui consiste à vilipender et diaboliser à travers les
médias, les campagnes de sensibilisation axées principalement
sur l’alimentation de la peur. Cette voie semble productive
(pour les anti-islams) dans la mesure où c’est bien à travers
elle que la mort du communisme a été programmée et proclamée.
L’islamisme ce concept fourre-tout est encore aujourd’hui, le
principal argument mis en avant pour soutenir les dictateurs
dans le monde arabe. Les plus grandes démocraties se sont tu
face aux actes inhumains des régimes totalitaires musulmans.
Hier, on nous présentait Saddam Hussein comme une référence, un
modèle parfait parce qu’il incarnait effectivement l’alternative
vis-à-vis des islamistes. Et pour les mêmes raisons,
le régime de Mouammar Kadhafi a été épargné de peur qu’il
ne tombe entre les mains de ces derniers. Aujourd’hui, au nom de
la lutte contre l’islamisme, les droits de l’homme sont violés
et bafoués un peu partout.
Dans les prisons, nombres de détenus sont livrés à des
tortures incommensurables à cause de leur islamité. Il suffit de
voir les rapports sur les camps de Guantanamo et d’Abou Grhaib
pour s’en convaincre. Ces dits détenus sont sur le joug des
enquêteurs qui ont reçu un feu vert, une autorisation totale
d’exercer toutes sortes de pression sur eux pourvu qu’ils
obtiennent des informations.
Au non de la lutte contre l’islamisme, les immigrés sont soumis
à des traitements de plus en plus coercitifs. Un simple nom de
famille, une barde, un foulard
constituent souvent des raisons suffisantes pour procéder
à des fouilles corporelles, refuser un emploi à quelqu’un ou
déchoir quelqu’un de son poste. Au nom de la lutte contre
l’islamisme, des perquisitions subites et fréquentes sont
opérées aux Etats-Unis comme en Europe, dans les quartiers
majoritairement musulmans. Au nom de la lutte contre
l’islamisme, des guerres sont menés contre des régimes gênants,
des raids sont effectués pour étouffer des organisations, des
tribus, des mouvements qui, parfois n’ont rien à voir avec le
terrorisme international. En gros, au nom de la lutte contre
l’islamisme, tout est permis.
Il est donc évident que depuis le 11 Septembre 2001, l’islam (et
non l’islamisme qui n’est que son autre nom) est apparu
officiellement, dans la politique internationale occidentale,
comme la nouvelle idéologie à abattre ce, à tout prix. Ainsi, si
la bataille contre le nazisme et le communisme a été claire et
précise, celle menée contre l’islam est plutôt confuse. La
tortuosité est l’arme magique de ses détracteurs. En d’autres
termes, si leurs stigmatisations choquent considérablement, ils
s’excusent en précisément qu’ils faisaient référence aux
islamistes ; or, s’il arrive que le message véhiculé passe
inaperçu, ils ne manquent pas de souligner que le problème vient
des musulmans tout court. Cela dit, le brouillage des frontières
entre islamistes et musulmans donne une porte ouverte à toutes
sortes de dérives.
Malao Kanté, Doctorant en Philosophie, Nice
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