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Opinion
Pétrole ou
démocratie: l'Occident virevolte
Malao Kanté
Jeudi 3 mars 2011
Les récents bouleversements sociopolitiques dans le monde arabe
éclaircit notre lanterne de façon très nette ce qui a toujours
été le double jeu de l’occident dans les pays « pauvres ». Les
prêcheurs occidentaux de la démocratie se sont toujours tus
lorsqu’il s’agit de pays où les enjeux économiques sont
colossaux. Dans les salons ou à travers les medias, les discours
kilométriques sur la bonne gouvernance ne manquent pas, mais sur
le terrain on assiste à aucune suite logique des dites
déclarations. Et ce qui est paradoxal sino inadmissible, c’est
que cette politique du double jeu se faisait (et se fait du
moins avant le printemps arabe) de manière quasi ouvertement.
Force est de rappeler que la plupart des dictatures dans les
pays du tiers sont soutenues voire imposées par les occidentaux
eux-mêmes comme si la démocratie était une notion applicable
qu’au Ponant. On se souvient encore des bonnes relations que
Giscard entretenait avec Bokassa ou de la complicité qui liait
Mobutu à la Belgique.
En Irak, Saddam a bénéficié du soutien indéfectible de la
plupart des autorités américaines avant d’entrer dans la liste
noire. D’ailleurs, on le présentait partout comme un homme
recommandable, fréquentable à telle enseigne qu’on décida de
placer la terrible bombe entre ses mains. C’était Chirac en
personne qui traitait avec le mégalomane de Bagdad en ce qui
concerne l’installation d’une centrale nucléaire. N’eût-été, la
protestation très médiatique dénommée « O’Chirak », Osirak
aurait vu le jour. Et si Saddam détenait la bombe, qui aurait pu
l’arrêter ?
Ceci montre clairement combien certains dirigeants occidentaux
sont responsables de ce qui se passe dans l’autre bout du monde.
La coopération sans faille des ex-présidents tunisiens et
égyptiens a été récompensée par le silence (par rapport à ce qui
a été leur ignominie). Encore récemment, grâce son
pétrole, l’incorrigible Kadhafi est réintégrée dans le bal des
« dirigeants présentables ». Le pari en ce qui concerne le fait
que les onusiens n’auraient jamais sanctionné le « Sphinx de
Tripoli » s’il n’y avait pas ce vent de révolte en Lybie, aurait
été gagné d’avance.
Mais ce qui choque encore les peuples opprimés, c’est cette
attitude de « médecin après la mort » des occidentaux. Autrement
dit, ils ne haussent le ton que lorsque les dès sont pipés pour
les dictateurs. Il a fallu qu’il y ait « Jasmin » et « l’agora
de Tahrir » pour
qu‘ils se rendent compte de la souffrance des peuples. En bons
stratèges, ils décident de prendre le train en marche et de
participer ainsi à la victoire finale. Une victoire dont seules
les masses populaires doivent et peuvent en revendiquer
l’exclusivité. Longtemps considérés comme des donneurs de
leçons, il est grand temps que les pays industriels s’impliquent
davantage sur les problèmes de politiques sociales, de liberté
dans les territoires autres au lieu de se focaliser uniquement
sur le cours du baril de pétrole. A entendre les discours tous
azimuts de certains une fois la révolution faite, on aimerait
tout simplement leur dire : mais qu’attendez-vous pour dénoncer
ce qui se passe en Algérie, en Arabie saoudite, en Jordanie ou
au Maroc ?
Malao Kanté, Sociologue et doctorant en Philosophie, Nice
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