EODE THINK TANK
Islande :
l'émergence du « Parti pirate »
Un phénomène européen ?
Luc Michel
Mardi 30 avril 2013
Avec PCN-SPO - AFP – France 24 -
Gütersloher Verlagshaus /
2013 04 30 /
Législatives islandaises de ce 27 avril
2013 : le Parti Pirate islandais,
premier au monde à sièger dans un
Parlement national …
LE PARTI PIRATE ISLANDAIS « PIRATAR » A
REUSSI SON PARI Avec
5,1 % des voix récoltées lors des
législatives du 27 avril, le parti
pirate islandais Píratar est le premier
au monde à entrer dans un Parlement
national. En Suède et en Allemagne, des
formations similaires sont également
très actives. France
24 analyse le succès de Piratar : « Pour
sa première grande échéance électorale,
le parti pirate islandais Píratar a
réussi son pari. Fondée en novembre
2012, cette toute jeune formation qui
défend, entre autres, la liberté
numérique, a récolté 5,1 % des suffrages
lors des élections législatives du 27
avril. Un score qui lui permet d’occuper
trois sièges sur les 63 que compte l’Althing,
le Parlement islandais ».
Un résultat "historique", selon la
cofondatrice du parti, Birgitta
Jonsdottir, 46 ans, qui s’est dit prête
à « travailler avec tout parti qui sera
intéressé par les questions que nous
soulevons ». Et la députée d’ajouter
fièrement : « Beaucoup de gens voient
l'Islande comme une sorte de laboratoire
pour la démocratie. Nous devons être à
la hauteur de cette réputation. »
« Menant une campagne discrète,
principalement sur Internet,
relativement loin des canaux médiatiques
traditionnels, le parti pirate islandais
est monté progressivement en puissance
jusqu’à créer la surprise dans les
urnes. Plusieurs experts estiment que
cet engouement cristallise le vote
contestataire de l’électorat, quatre ans
après la crise bancaire ayant ravagé le
pays ». UNE
NEBULEUSE EUROPEENNE
« Sur la soixantaine de partis pirates
créés à travers le monde, Píratar est le
premier à accéder à un Parlement
national. De quoi faire pâlir d’envie
les pionniers du genre… Le premier parti
pirate est suédois. Créé en 2006, il
affiche deux députés européens. Lancé la
même année, le parti pirate allemand, en
perte de vitesse depuis six mois,
compte, pour sa part, plusieurs élus
locaux depuis 2009 », commente encore
France 24.
« Tous défendent
globalement les mêmes idées, à savoir :
transparence de la vie politique et des
institutions, libre échange des données
sur Internet ou encore un renforcement
de la protection des internautes ». Pour
Birgitta Jonsdottir, de Piratar, « il
est grand temps que les États s’adaptent
à la révolution numérique et se dotent,
en conséquence, de lois du XXIe
siècle. » En France,
le parti pirate, « encore balbutiant,
accueille avec "espoir" la nouvelle de
la performance islandaise ». « La
mécanique est en marche », précise TXO,
porte-parole français du parti joint par
FRANCE 24. « Pour lui, l’essentiel est
désormais de se concentrer sur la double
échéance de 2014 : les municipales et,
surtout, les Européennes. "Nous sommes
prêts. Les partis pirates européens vont
pouvoir opérer leur jonction et
présenter leur programme commun",
annonce TXO. Pour TXO, « la confiance
que les citoyens ont témoignée au tout
jeune parti islandais tient au fait que
les pirates sont les seuls à soulever un
faisceau de questions post-modernes,
dont celle de la liberté numérique, que
les partis traditionnels traitent "avec
beaucoup moins de franchise ». « N’étant
ni de gauche, ni de droite, une certaine
frange de la population commence à se
reconnaitre dans notre combat car les
enjeux que nous portons sont en phase
avec la société et ses développements
actuels », explique-t-il encore.
« Reste que tous les partis pirates ne
sont pas aussi avancés que les
Islandais ». « Les pays latins sont un
peu plus lents car très attachés à la
tradition politique. À l’inverse, ce
n’est pas nouveau que les pays nordiques
et les pays de l’Est sont beaucoup plus
décontractés et modernes dans leur
conception de la vie politique »,
rappelle TXO. « À un an des Européennes,
patience et persévérance restent donc de
mise pour les pirates d’Europe »,
conclut France 24.
LA GENESE ALLEMANDE : « DIE PIRATEN »
Les « pirates » sont nés en Allemagne.
Est-ce que les pirates ont un avenir
politique ou sont-ils juste un mouvement
de protestation ?
Les pirates sont-ils un parti anti-parti
?
Représentent-ils un changement dans le
système politique ou sont-ils un feu de
paille ? Ce sont les
questions que se pose l’Allemagne depuis
leur émergence.
Le livre DIE PIRATEN: VON EINEM
LEBENSGEFÜHL ZUM MACHTFAKTOR – Les
Pirates, d’une réaction vitale à un
facteur de puissance – de Marie
Katharina Wagner, une des premières
analyses publiées sur les pirates,
entend répondre à cette question.
Les pirates sont apparus « comme une
brise fraîche soufflant à travers le
paysage politique en Allemagne ». Ils
ont récupéré les électeurs que se sont
aliénés les grands partis. Et les forces
politiques établies ont réagi
nerveusement à la nouvelle croissance
rapide des Piraten, devenu un facteur de
puissance politique.
Quand ils ont été fondés, les Pirates
étaient encore juste un parti
protestataire (un « parti ballot »,
disent les Allemands) réuni par la
crainte d'une intervention de l'Etat
dans l'Internet. Avec leur programme,
ils répondent à la demande de toute une
génération, mais plus encore: désormais
les pirates sont également devenus une
voix de la contestation qui s’oppose aux
vieux partis. Les
pirates allemands avouent sans gêne
« qu'ils ne connaissent pas les réponses
à de nombreuses questions ». Le
programme du parti « n'a pas formulé un
objectif social, mais un plaidoyer pour
la vie ». Marie Katharina Wagner observe
et accompagne les pirates depuis des
années. Grâce à son analyse approfondie
due à une fréquentation intense des
Piraten, elle développe une étude
approfondie du phénomène pirate – même
si parfois elle manque de distance – et
dégage des hypothèses sur son avenir.
Alors que Piratar émerge au sein du
Parlement islandais – mais dans un
contexte particulier, celui d’un pays
mis en faillite par la crise financière
de 2008 – les sondages prédisent un
effondrement de Die Piraten au profit
des Verts allemands. Ces opportunistes
Grünen, parti qui a émergé de la crise
des Euro-missiles du début des Années 80
– celle du « national-neutralisme
allemand » et des grandes manifestations
pacifistes en Allemagne et en Europe,
pour devenir celui des pro-OTAN, les
« verts-kakis ». Précisément la force
alternative d’il y a 30 ans, comme les
Piraten sont celle d’aujourd’hui, devenu
un des vieux partis qu’ils entendaient
remplacer … Luc
MICHEL
http://www.eode.org/eode-think-tank-islande-lemergence-du-parti-pirate-un-phenomene-europeen/
# LIRE :
En allemand
DIE PIRATEN: VON EINEM LEBENSGEFÜHL ZUM
MACHTFAKTOR
Marie Katharina Wagner
Verlag: Gütersloher Verlagshaus (26.
November 2012)
ISBN-10: 3579066455
ISBN-13: 978-3579066455
Marie Katharina
Wagner, née en 1981, a étudié les
sciences politiques à Tübingen, Buenos
Aires et Berlin. En 2009, elle a
commencé un stage à la Frankfurter
Allgemeine Zeitung - depuis 2011, elle
travaille comme rédactrice politique.
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