FOCUS - GEOPOLITIQUE
Somalie 2013,
nouvelles du laboratoire du nouvel ordre
américain en Afrique et au « Grand
Moyen-Orient »
Luc Michel
Mardi 19 mars 2013
Dans une Somalie démembrée, livrée au
chaos, les Shebab islamistes achèvent un
pays à l’agonie assassiné par Washington
et ses complices, ONU, NATO et cie …
PCN-SPO / Focus / 2013 03 18 /
Focus : Le fait du jour décrypté par Luc
MICHEL
pour le Service de Presse du PCN /
PCN-SPO Lu dans
LIBERATION (Paris)
Ce 18 mars 2013
« Au moins dix personnes ont été tuées
lundi par une attaque suicide à la
voiture piégée dans le centre de
Mogadiscio, selon le gouvernement
somalien, un attentat revendiqué par les
insurgés islamistes shebab, le plus
meurtrier depuis septembre dans la
capitale. » # Voici
donc des nouvelles d’un état disparu qui
a servi de laboratoire à l’impérialisme
mercantile américain – il faut cesser de
qualifier stupidement d’ « empire » la
thalassocratie marchande américaine qui
n’est que la nouvelle Carthage (*) –
pour concevoir son projet de Nouvel
Ordre en Afrique et au « Grand
Moyen-Orient ». Qui
se souvient aujourd’hui de l’Etat
somalien en développement du régime
socialiste de Siyaad Barre ?
I / LA DESCENTE AUX ENFERS DE LA SOMALIE
En octobre 1969, un Conseil
révolutionnaire suprême (CRS), dirigé
par les généraux Salad Gabeire Kediye et
Mohamed Siyaad Barre, pren,d le pouvoir
à Mogadiscio. Le CRS entend bâtir un
nouveau régime et surtout un véritable
état, qui mettrait fin au tribalisme, au
népotisme et à la corruption. Aligné sur
l'URSS, le gouvernement somalien lance
des plans de réorganisation du
territoire et d'alphabétisation de la
population. Des cours nationales de
sécurité sont instituées et opèrent en
dehors du système judiciaire civil
corrompu. En juin 1976, le CRS est
dissous et un parti unique, le « Parti
révolutionnaire socialiste somali », est
créé. Comme dans
l’Afghanistan socialiste, allié à
l’URSS, la gangue du destin clanique et
tribal est brisée. Le destin de la
Somalie sera aussi similaire à celui de
l’Afghanistan socialiste. Une descente
aux enfers provoquée par l’impérialisme
américain et ses manipulations des
tribus, des ethnies, des clans et des
islamistes. Sans oublier le feu attisé
des querelles entre la Somalie et ses
voisins. Première
fissure, la guerre avec le voisin
éthiopien.
En 1977 et 1978, la guerre de l'Ogaden,
qui oppose la Somalie à l'Éthiopie
voisine, également soutenue par l'URSS,
amène Siyaad Barre à rompre avec l'URSS
et à recevoir l'aide intéressée des
États-Unis, tout en maintenant
officiellement une idéologie
marxiste-léniniste. Une nouvelle
constitution est promulguée en 1979.
Affaibli sur les plans diplomatique et
économique, le régime de Siyaad Barre
perd son assise sociale. À la fin des
années 1980, des mouvements de
rébellion, habilement manipulés par
Washington, voient le jour et prennent
le contrôle d'une partie du territoire.
Le 26 janvier 1991, Siyaad Barre doit
fuir sa capitale.
Deuxième faille, la guerre civile
somalienne, qui amorce le démembrement
du pays.
En mai 1991, le nord du pays, où
l’ethnie Issak sont majoritaires,
déclara son indépendance sous le nom de
« Somaliland ». De facto indépendant, il
ne fut reconnu par aucun gouvernement
étranger. Le successeur de Siad Barre,
Ali Mahdi Muhammad (janvier-novembre
1991) n'arrive pas à s'imposer sur
l'ensemble du territoire, déchiré entre
les seigneurs de guerre et les
différents clans somalis.
Troisième brisure, l’intervention
étrangère, ONU et USA, qui provoque le
démembrement total.
En avril 1992, l'ONU envoie la première
mission humanitaire « afin d'endiguer la
famine », l’ONUSOM. Celle-ci est un
échec. Le 3 décembre 1992, le Conseil de
sécurité des Nations unies adopta à
l’unanimité la résolution 794, qui
approuvait la mise en place d’une force
de maintien de paix sous l’égide de
l’ONU, l’UNITAF. Organisée par
Washington, l'opération prend le nom de
« Restore Hope ». Les troupes
atterrirent en 1993 et restèrent en
poste durant deux ans.
De nombreux Somalis étaient hostiles à
une présence étrangère. En octobre 1993,
après l'arrestation par les forces
spéciales américaines de proches de
Mohamed Farrah Aidid, le leader du
« Congrès de la Somalie unifiée » - une
des factions armées -, plusieurs
échauffourées éclatèrent à Mogadiscio,
ce qui causa la mort de 24 soldats
pakistanais et de 19 soldats américains.
C’est le scénario du film BLACK HAWK, le
« Faucon noir »…
L'Opération Restore Hope est
officiellement un fiasco. Mais dans la
pratique, c’est la « théorie
géostratégique du chaos » qui est mise
en place pour la première fois.
Au nord-est, le « Puntland » se déclara
à son tour indépendant en 1998,
déclarant « qu’il participerait à tout
effort de réconciliation visant à
reformer un pouvoir central » (sic). Le
« Jubaland » fit à son tour sécession la
même année. Il est actuellement englobé
dans la « Somalie du sud-ouest ».
MILICES ET SEIGNEURS DE GUERRE :
ECLATEMENT ET PRIVATISATION DU DEFUNT
ETAT SOMALIEN
Après le départ des
troupes de l'ONU en 1995, la guerre
civile en Somalie a progressivement
décliné, avec l'arrêt de la plupart des
conflits entre clans et l'apparition
d'accords maffieux entre les divers
groupes armés. « Diverses milices se
sont reconverties en agences de sécurité
privées occupant des territoires
délimités parfois à quelques quartiers
de villes. La paix n’a pas été rétablie
(…) Depuis la fin des années 1990, la
Somalie constitue un assemblage de
territoires sous domination clanique, où
tous les services sont fournis par le
secteur privé ou par les clans
traditionnels. Les institutions
gouvernementales sont ainsi remplacées
par des institutions privées ». Un
scénario qui annonce les drames afghan,
irakien ou libyen.
Ces factions armées, qui prospèrent de
la piraterie et des trafics, dont celui
de la Drogue, se sont partagées le
territoire du défunt état somalien. Une
« conférence de réconciliation » aboutit
en juillet 2003 à un projet de charte
nationale prévoyant le fédéralisme et
mettant sur pied des institutions
fédérales de transition. Nouvel échec.
En octobre 2004, le « Parlement fédéral
de transition de la République de
Somalie », exilé au Kenya en raison des
affrontements entre seigneurs de la
guerre à Mogadiscio, et formé en nombres
égaux de représentants de chacun des
quatre grands clans somalis, a élu en
tant que président intérimaire Abdullahi
Yusuf Ahmed, président du « Pays de
Pount », qui tente de former un
gouvernement de coalition avec les
différents chefs de guerre du pays.
« Les institutions somaliennes siègent
au Kenya par mesure de sécurité à
l'égard de la situation intérieure de la
Somalie. Les institutions en exil n'ont
aucun contrôle sur le pays en dehors de
certains quartiers de la capitale
Mogadiscio, leur autorité n'est pas
reconnue à l'intérieur du pays, mais
uniquement par les gouvernements
étrangers ».
L’EMERGENCE DES ISLAMISTES SUR FOND
D’INTERVENTION ETRANGERE
De ce chaos vont émerger les islamistes,
« Tribunaux islamiques » et ensuite
milices Shebab (« les jeunes », qui sera
aussi le nom des premières milices du
CNT à Benghazi en Libye, en février-mars
2011). Une situation qui rappelle aussi
l’Afghanistan des Talibans.
En juin 2006, les affrontements entre
les membres de « l'Alliance pour la
restauration de la paix et contre le
terrorisme » (ARPCT), « une alliance
entre des chefs de guerre et le
gouvernement fédéral de transition »,
soutenu par Washington, et l' « Union
des tribunaux islamiques », soutenus par
de nombreux entrepreneurs de la capitale
– islamisme et business sont
inséparables -, ont vu la victoire de
ces derniers pour le contrôle de
Mogadiscio. Le nouveau régime est
soutenu par l'Érythrée, l'Iran et divers
pays arabes, tandis que le gouvernement
fédéral de transition, replié sur Baidoa,
bénéficie de l'appui militaire de
l'Éthiopie. « Le
rétablissement de l'ordre se fait au nom
de la seule structure législative stable
et consensuelle du pays, la
jurisprudence chaféite ». Le chaféisme ,
parfois orthographié shafiisme ou
chafiisme , est l'une des quatre écoles
de jurisprudence de l' islam sunnite.
Parmi ces tribunaux islamiques, le plus
important, celui de Mogadiscio, sert de
pouvoir judiciaire (civil et pénal), en
jugeant les affaires en appliquant la
charia. Depuis 2006,
les voisins de la Somalie - Kenya,
Ouganda, Soudan, Djibouti, Éthiopie et
Érythré -, qui soutiennent le
« gouvernement de transition de
Somalie » dépendant de Washington,
interviennent de plus en plus
directement. S’y ajoute le rôle de
l’ONU, qui organise en décembre 2006
une « force de maintien de la paix »,
composée de 8 000 hommes, sous l'égide
de l'Union africaine (résolution 17254).
Fin décembre 2006, l'armée éthiopienne
intervient et les tribunaux islamiques
fuient Mogadiscio. L’Ethiopie, vieil
ennemi géopolitique de la Somalie,
« prend ainsi le contrôle de la majeure
partie du pays et le gouvernement de
transition se déclare le gouvernement de
facto du pays », et entre en guerre
contre l'Union des tribunaux islamiques.
En janvier 2007,
les États-Unis interviennent dans le sud
de la Somalie pour « pourchasser des
membres présumés d'Al-Qaida », vieux
prétexte qui a bien servi et reservira.
Les troupes éthiopiennes commencent
officiellement à se retirer de Somalie.
Peu fréquent auparavant, les
attentats-suicides se multiplient …
En décembre 2008, le président Abdullahi
Yusuf Ahmed démissionne. Le Parlement,
« réuni à Djibouti en raison du désordre
en Somalie », élit alors le cheikh
Sharif Ahmed, ancien dirigeant de
l'Union des tribunaux islamiques, à la
présidence de la République.
« Dès février 2009, divers groupes
islamistes fusionnèrent au sein du
Hizbul Islam et déclarèrent la guerre au
gouvernement modéré de Sharif Ahmed.
Cette coalition inclut « l'Alliance pour
la nouvelle libération de la Somalie »,
dirigée par Hassan Dahir Aweys, l'un des
chefs radicaux de l'Union des tribunaux
islamiques, Hassan Abdullah Hersi al-Turki,
un autre chef de guerre de l'Union des
tribunaux islamiques et leader des »
brigades de Ras Kamboni » et le groupe
« Muaskar Anole ».
Cette nouvelle
coalition islamiste est, avec le groupe
al-Shabaab, la plus active dans le
conflit. « De plus, en mars 2009, Ben
Laden appelait dans un enregistrement au
renversement de Sharif Ahmed ».
AL-SHABAAB : VOILA L’ISLAMISME RADICAL
Al-Shabbaab – ou les Shebab, « les
jeunes » - « est un groupe islamiste
somalien issu de la fraction la plus
dure de l'Union des tribunaux
islamiques, qui milite pour
l'instauration de la charia et s'est
déclaré en 2009 en guerre contre le
gouvernement de Sharif Ahmed », qui
paraît « modéré (sic) à côté d’eux.
« C'est l'une des deux grandes
organisations islamistes somaliennes,
avec le Hezb al-Islamiya du cheikh
Hassan Dahir Aweys ». L'organisation est
placée sur la liste officielle des
organisations terroristes des Etats-Unis
depuis 2008. Les Shebab sont liés à
al-Qaida et des cadres du Réseau de Ben
Laden sont soupçonnés d’avoir rejoint la
Somalie pour les encadrer.
Les Shebab obtiennent une grande
victoire militaire lors de la bataille
de Kismayo, en août 2008, reprenant le
port, qui est situé près du Kenya et est
la troisième ville du pays, à un chef de
guerre, l'ex-ministre Barre Adan Shire
Hiiraale. Sur un scénario qui rappelle
une fois encore l’émergence des Talibans
en Afghanistan, « après avoir pris
contrôle de Kismayo, ils ont désarmé les
milices locales afin de rétablir
l'ordre. Parallèlement, ils instauraient
la charia dans sa version la plus
radicale, y compris pénale (lapidation
d'une adolescente de 13 ans, coups de
fouet pour des femmes portant des
soutien-gorges9 et pour hommes ayant
fumé du haschisch. Ils y ont aussi
détruit des sites religieux (chrétiens
et soufis) ... Comme dans la Libye du
CNT. Fin 2008, les
Shebab contrôlent la majeure partie du
sud de la Somalie. À partir de 2011, ils
subissent une série de revers faces aux
offensives des forces gouvernementales
somaliennes, de la Mission de l'Union
africaine en Somalie et de l’armée
kenyane. Ils ont dû abandonner
Mogadiscio en aout 2011 puis les
principales villes qu’ils contrôlaient
en 2012. « En
octobre 2011, l'armée kényane, appuyée
par les troupes somaliennes, intervient
dans le conflit, lançant l'opération
Linda Nchi (« protéger le pays » en
swahili) contre les positions d'Al-Shabaab. »
II / ACTUALITE DU CHAOS SOMALIEN
Et nous voilà revenus au cœur de
l’actualité.
Ce 18 mars 2013, Libération (Paris) nous
informait qu’« Au moins dix personnes
ont été tuées lundi par une attaque
suicide à la voiture piégée dans le
centre de Mogadiscio, selon le
gouvernement somalien, un attentat
revendiqué par les insurgés islamistes
shebab, le plus meurtrier depuis
septembre dans la capitale. »
AU MOINS DIX MORTS DANS UN ATTENTAT
SUICIDE DES SHEBAB A MOGADISCIO
Le terrorisme aveugle, celui des
kamikazes et des attentats-suicide est
en effet la première réponse des Shebab
à leur défaite militaire sur le terrain
classique.
Selon des sources
sécuritaires ayant requis l’anonymat,
« le chef régional des services
somaliens de renseignement, Khalif Ahmed
Ereg, était visé par l’attentat et a été
blessé. Aucune confirmation officielle
n’a pu être obtenue ».
«L’attentat suicide a été perpétré près
du Théâtre national dans le quartier d’Hamarweyne
de la capitale quand un kamikaze au
volant d’une voiture a percuté un
minibus» de transport collectif et «au
moins dix personnes ont été tuées et 15
blessées», a indiqué le cabinet du
Premier ministre somalien, Abdi Farah
Shirdon, dans un communiqué. Le texte ne
fait aucune mention de Khalif Ahmed Ereg.
«Le mouvement Shebab est responsable de
l’organisation de l’attaque contre le
mécréant Khalif Ereg» contre lequel «un
saint a commis l’acte sacrificiel», a
affirmé à l’AFP Ali Mohamud Rage,
porte-parole des insurgés islamistes.
«Les attaques contre ce type d’individus
continueront jusqu’à ce qu’ils soient
éliminés du territoire sacré de
Somalie», a poursuivi le porte-parole,
l’accusant d’avoir «les mains tâchées du
sang du peuple» somalien.
Selon un témoin, Hassan Salad, une
partie des victimes se trouvait dans le
«minibus touché par l’explosion». «Il y
a de la fumée et des corps éparpillés
sur les lieux» de l’explosion, a-t-il
raconté à l’AFP. Des images prises par
un photographe de l’AFP montrent « un
châssis carbonisé, dernier vestige d’un
véhicule totalement détruit, à côté d’un
minibus enflammé, le tout dégageant une
épaisse fumée noire. De nombreux débris
parsemaient la chaussée. L’explosion a
apparemment sérieusement touché un
restaurant devant laquelle elle s’est
produite ». Les
shebab ont multiplié les actions de
guérilla et les attentats, notamment à
Mogadiscio, depuis qu’ils ont été
chassés en août 2011 de la capitale par
une force de l’Union africaine (Amisom).
Ils ont depuis essuyé une série
ininterrompue de revers militaires et
ont dû abandonner progressivement la
totalité de leurs bastions du sud et du
centre somaliens à l’Amisom et à un
contingent éthiopien, entré en novembre
2011 en Somalie.
Des combattants shebab ont néanmoins
repris sans combat ce dimanche la ville
de Hudur, capitale de la province de
Bakool, à environ 300 km au nord-ouest
de Mogadiscio.
L’attentat de lundi est le plus
meurtrier dans la capitale somalienne
depuis celui perpétré en septembre par
deux kamikazes dans un restaurant situé
en face du Théâtre national, tuant 18
personnes. Le Théâtre national de
Mogadiscio avait lui-même été visé début
avril 2012 par un attentat qui avait
fait six morts, pendant une cérémonie
officielle à laquelle participait le
gotha du gouvernement somalien. Fermé
durant 20 ans en raison de la guerre
civile dans le pays, le Théâtre national
avait rouvert un mois plus tôt. Le
dernier attentat à Mogadiscio remonte au
1er mars et a fait au moins trois morts.
Un kamikaze avait déclenché les
explosifs qu’il portait sur lui devant
un restaurant du front de mer fréquenté
de la capitale, tuant les deux gardes
l’ayant empêché d’entrer. Une voiture
piégée avait ensuite explosé, tuant une
personne supplémentaire.
LES ISLAMISTES SHEBAB REPRENNENT UNE
VILLE DANS LE SUD
Les rebelles
islamistes shebab, liés à Al-Qaïda, sont
donc repassés à l'offensive en Somalie
et ont repris dimanche matin une ville
du sud du pays, a-t-on appris de sources
concordantes, quelques heures après le
départ des troupes éthiopiennes qui
tenaient la ville depuis fin 2011.
Les forces gouvernementales somaliennes
et milices alliées ont suivi le
contingent éthiopien, laissant le champ
libre aux insurgés et poussant environ
2.000 habitants à fuir la ville. Les
raisons du départ des soldats éthiopiens
de Hudur n’étaient pas connues dans
l’immédiat. Les
shebab ont d’après des témoins également
pris le village d’Awdinle, à 25 km au
nord de Baïdoa, la grande ville du sud
somalien, ancien bastion des islamistes
dont ils ont été chassés par les troupes
éthiopiennes en février.
Des combattants
shebab lourdement armés ont donc pris
sans combat la ville de Hudur, capitale
de la province de Bakool, à environ 300
km au nord-ouest de Mogadiscio. Les
islamistes ont fait leur entrée dans
Hudur quelques heures à peine après le
départ des troupes éthiopiennes qui
occupaient la ville depuis fin 2011, a
précisé un habitant. "Hudur est
maintenant sous le contrôle des
combattants shebab après le départ des
soldats éthiopiens la nuit dernière", a
expliqué cet habitant. "La ville est
maintenant fermement tenue par les
moudjahidines", affirment les shebab
dans un message sur leur compte Twitter,
ajoutant que les "envahisseurs
éthiopiens ont fui la ville". Le
commandement militaire de l'armée
somalienne à Baïdoa (à environ 100 km au
sud de Hudur) a confirmé l'information,
sans donner plus de détail.
La prise de Hudur,
une capitale provinciale, est la
première victoire d'envergure pour les
shebab, qui ont essuyé revers sur revers
ces derniers mois et n'ont cessé de
céder du terrain face aux 17.000 hommes
de la Force de l'Union africaine en
Somalie (Amisom) et aux forces
gouvernementales. « On ignore encore si
les forces éthiopiennes ont évacué la
ville sous la pression des shebab »,
ajoute l’AFP. Au sud de Hudur, Baïdoa
est la principale base des forces
éthiopiennes déployées en Somalie depuis
fin 2011 où elles sont intervenues en
soutien à une offensive militaire de
l'armée kényane contre les shebab. Les
soldats kényans ont depuis lors rejoint
l'Amisom, tandis que l'armée éthiopienne
reste sous commandement d'Addis Abeba.
Le retour offensif
des Shebab, que les médias occidentaux
affirmaient « en déroute », est une
leçon que devraient méditer les généraux
français de l’OTAN engagés dans le
bourbier malien … LM
http://www.facebook.com/notes/pcn-ncp-press-office-service-de-presse-du-pcn/-focus-geopolitique-somalie-2013-nouvelles-du-laboratoire-du-nouvel-ordre-americ/499568250108132
(*) LA BASE IDEOLOGIQUE DE LA
GEOPOLITIQUE DE LA GRANDE-EUROPE : ROME
OU CARTHAGE ?
Je peste souvent contre cette absurdité
historique et géopolitique sans nom !
Beaucoup d’écrivains aujourd’hui
à l’extrême-gauche commettent un
contresens de même nature que celui des
Spartakistes allemands en 1916-19, se
déclarant « spartakistes », et qui
relève de la même erreur d’analyse sur
l’Empire romain. Parce qu’ils ne
connaissent mal l’Histoire et la
géopolitique. Et parce que le Gauchisme
développe, singulièrement depuis Mai
1968 en France, Italie ou Belgique, un
discours anti-étatique et anti-jacobin.
Notamment, des gens comme l’idéologue
italien Toni NEGRI, qui parlent des
Etats-Unis comme « d’un nouvel Empire
romain » (sic). Contresens copié-collé
de chez les Altermondialistes par
certains idéologues néofascistes ou pro
islamistes français et italiens.
Les Américains, c’est Carthage !!! Avec
l’impérialisme carthaginois, ils
partagent le recours à des armées de
mercenaires, la domination par une
oligarchie, non pas politique, mais
économique et une vision qui consiste
non pas à diffuser une culture, mais à
piller la planète.
Cela n’a rien de nouveau. Dès 1967,
THIRIART pouvait déjà s’emporter: « Nous
avons lu, sous la plume d’un journaliste
du régime, que les Etats-Unis semblaient
devenir la « nouvelle Rome ». C’est là
un échantillon de l’inculture historique
– crasse –. Les Etats-Unis sont
essentiellement un Empire maritime,
comme le fut longtemps l’Angleterre,
comme tenta de l’être le Japon, entre
Tsushima et Hiroshima. Le modèle parfait
d’empire maritime demeure Carthage et le
modèle parfait d’Empire continental
reste Rome »
Sur ce sujet capital, Jean THIRIART
écrivait encore (« USA : un empire de
mercantis. Carthago delenda est », LA
NATION EUROPEENNE, n° 21, Bruxelles &
Paris, octobre 1967) : « Actuellement la
lutte titanesque qui se profile en
filigrane et qui s’inscrira dans le
siècle à venir, sera la lutte pour
l’hégémonie, entre une puissance
maritime étalée et une puissance
terrestre compacte, entre les Etats-Unis
et la Grande-Europe. Les conditions
continentales et maritimes ont fait
naître des styles extrêmement opposés.
Rome a été, malgré ses duretés et ses
cruautés (…) une puissance civilisatrice
tandis que Carthage n’a été qu’une
puissance mercantile. De Rome partaient
des hommes qui allaient pacifier,
organiser, construire, unifier. De
Carthage partaient des marchands, des
représentants de commerce ; ils
partaient pour aller rapidement
s’enrichir (…) De Carthage, il ne reste
rien : littérature, style architectural,
pensée philosophique, pensée politique :
c’est le vide. On ne peut s’empêcher de
faire un rapprochement avec les
Etats-Unis où s’observe aujourd’hui ce
même phénomène d’une civilisation sans
culture. Le navigateur revient toujours
chez lui, le continental s’implante. On
peut, sans exagération, affirmer que la
géographie ou la géopolitique a créé un
style politique ».
Les révolutionnaires allemands Karl
LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBOURG – dont
LENINE jugeait les vues étroites et qui
ont politiquement échoué
là où les Bolchéviques ont
triomphé – ont eu une vision historique
complètement faussée en choisissant
Spartacus et la Révolte des esclaves
pour emblème. Les esclaves révoltés
n’étaient nullement le prolétariat
antique. Celui-ci, c’est précisément la
plèbe, dont les intérêts s’exprimaient
dans le Parti populaire et qui formaient
l’ossature des Légions de Marius à
César. Le légionnaire est
obligatoirement un citoyen romain sous
la République, héritage de l’ancienne
Démocratie directe des origines
romaines. La vision des révolutionnaires
français de 1789, imprégnés de
l’Histoire romaine, a été plus claire.
Ce n’est pas sans raison que BABEUF, le
« premier communiste de l’Histoire
moderne » selon Marx, avait choisi comme
prénom révolutionnaire celui de «
Gracchus » ! Précisément les Gracques,
les deux leaders martyrs du parti
populaire, les tribuns de la plèbe
assassinés de la République romaine.
La Géopolitique de la Grande-Europe –
qui est aussi la base et la matrice des
thèses néo-eurasistes russes - ne fait
qu’exprimer une vision globale,
politique, éthique, de civilisation que
l’on peut résumer par la formule
lapidaire « Rome contre Carthage » ! Une
formule par laquelle les théoriciens du
Jacobinisme dès 1792 – encore eux -
exposaient déjà le combat – lui
aussi de civilisation, celui de l’Europe
révolutionnaire des Lumières, contre
l’Ancien régime des Rois et des
Religions – contre leur ennemi principal
: l’impérialisme anglo-saxon … Sur
l’utilisation du thème « Rome contre
Carthage » par la France jacobine, à
propos du conflit contre la
Grande-Bretagne, illustration du conflit
classique géopolitique typique de la
Terre – Rome – contre la Mer – Carthage
– , il faut lire Louis MADELIN et son
remarquable livre LE CONSULAT ET
L’EMPIRE !
« Il est plus que probable que le XXIème
siècle verra se dérouler une lutte de
géants entre la Grande-Europe et les
Etats-Unis, les deux seules puissances
qui peuvent réellement prétendre à
l’hégémonie mondiale, prophétisait
THIRIART. Ce sera la lutte entre
l’impérialisme maritime de style
mercantiliste, hier Carthage,
aujourd’hui des USA, et l’impérialisme
continental de style civilisateur et
créateur, hier de Rome, demain de
l’Europe unitaire » ...
Une femme sur les
lieux de l'explosion d'une voiture
piégée dans le centre de Mogadiscio, le
18 mars 2013 (Photo Mohamed Abdiwahab.
AFP)
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