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EODE - Rapport Ukraine 2012 - 1 ère Partie

Les élections législatives ukrainiennes d'octobre 2012
Luc Michel

Vendredi 2 novembre 2012

Avec Mission EODE en Ukraine (1) – AFP – Worldwide News Ukraine - Libération – RIA Novosti – Deutsche Welle – Russia Today – Stratfor - Kommersant-Ukraine - La Libre Belgique - Rossiyskaya Gazeta - Reuters / 2012 10 30 /

* A nouveau, comme en Russie en Décembre 2011 et Mars 2012, les observateurs de l’OSCE, liés à l’OTAN et à l’UE, sont en totale opposition avec les observations des Missions de monitoring indépendantes.

* Les élections législatives ukrainiennes sont le prétexte à une nouvelle opération de déstabilisation occidentale et de soutien direct aux partis liés à l’OTAN.

* Les missions de monitoring indépendantes et non-alignées, pratiquant un monitoring scientifique, concluent à des élections globalement libres et transparentes.

LES DONNEES STATISTIQUES, POLITIQUES ET LEGALES DE L’ORGANISATION DE LA LEGISLATIVE UKRAINIENNE

Les élections législatives ukrainiennes se sont tenues le 28 octobre 2012. Les électeurs se sont rendus dans près de 34 000 bureaux de vote répartis dans le pays et à l'étranger afin de voter, par le biais de deux listes, pour l'un des 87 partis politiques briguant le Parlement, ainsi qu'un candidat de district unique qu'ils soutiennent. Ce sont les premières législatives depuis le retour au pouvoir du président Ianoukovitch en 2010, « une élection considérée comme un test par l’Union européenne, tant les relations entre Bruxelles et Kiev se sont refroidies depuis l’emprisonnement de l’ancienne Première ministre Ioulia Timochenko, en août 2011 ». Ioulia Timochenko, ex oligarque ukrainienne qui a fait fortune dans le domaine du gaz – on la surnomme la « gazprincess » là-bas – a été condamnée pour abus de pouvoir par la justice ukrainienne. C’est l’enfant chérie de l’Occident et de l’OTAN et l’ex égérie du coup d’état pro-occidental de 2004, la fameuse « révolution orange » des médias occidentaux.

Les élections de 2012 sont réglementées par la nouvelle loi électorale adoptée par le Parlement en novembre 2011. Le projet de loi a réintroduit le système électoral mixte en Ukraine. Désormais, 225 membres du Parlement ukrainien seront élus via des listes de partis et 225 membres via des circonscriptions uninominales. Le seuil d'admission au Parlement est de 5 %. Une autre innovation est l'installation de webcams dans chaque bureau de vote. Ces appareils diffuseront le signal en ligne.

On notera que l’utilisation de webcams avait été initiée lors de l’élection russe à la Douma de décembre 2012 dans le district de Novossibirsk (avec les grandes villes de Novosibirsk – 1,5 millions d’habitants – et de Kemerovo), en Sibérie. District monitoré par une des Missions d’EODE lors de ces élections, que je conduisais. Nous avions alors recommandé (la publication de recommandations fait partie du travail de nos missions) la généralisation de l’usage de ces webcams, branchées en permanence et diffusées sur écrans multiples dans les locaux des commissions électorales régionales. Une recommandation adoptée et généralisée lors de l’élection présidentielle russe de Mars 2012. Et qui empêche évidemment toute fraude.

PRES DE 4000 OBSERVATEURS ISSUS DE 28 PAYS ET 130.000 OBSERVATEURS UKRAINIENS MONITORAIENT LES ELECTIONS LEGISLATIVES EN UKRAINE

Le 22 octobre, le Comité électoral central d'Ukraine a consigné le nombre final de 666 observateurs internationaux enregistrés pour les élections législatives ukrainiennes du 28 octobre. Le nombre total d'observateurs étrangers a atteint 3 797 personnes - n’ayant pas tous le statut légal enregistré d’« observateur international », mais admis aux opérations électorales , la différence entre les deux catégories correspondant à leurs critères d’enregistrement - représentant 28 pays et 35 organisation non gouvernementales internationales. Dont EODE (Eurasian Observatory for Democracy & Elections) et nos partenaires ECGA et ICES. En outre, plus de 130 000 observateurs nationaux ont également mis à contribution au cours des élections.

On notera la présence massive d’observateurs nationaux hostiles au gouvernement. Ainsi LIBERATION (Paris) présente OPORA : « Dans le petit bureau de l’organisation Opora - une des ONG qui observera le bon déroulement des législatives de dimanche -, situé au cœur d’un quartier résidentiel de Kiev, on achève de scotcher des paquets qui partiront bientôt dans toute l’Ukraine ». « Ce sont des compteurs qui permettront à nos 3 500 observateurs de recenser les électeurs qui se présenteront dans les bureaux de vote, explique Olha Aivazovska, une des membres de l’ONG. Nous allons surveiller le scrutin de très près, comme nous le faisons depuis le début de la campagne.»

Les élections législatives ukrainiennes attiraient une attention internationale accrue, notamment d'organisations comme l'OSCE et le Parlement européen (PE) qui ont envoyé des missions d'observation dans le pays. « Les observateurs ne font que regarder le processus », a souligné Michael Gahler, membre du PE qui observait également les élections ukrainiennes, au cours d’un entretien avec la DEUTSCHE WELLE. Il a expliqué avant l’élection « qu'en cas de violation du processus électoral, un observateur enregistrerait les faits dans le rapport sans interférer avec ce processus ». « Les observateurs du PE porteront une attention particulière au fait que les ukrainiens aient la possibilité d'exercer leur droit de vote et que le comptage des voix soit transparent », a-t-il aussi déclaré.

Ces observateurs ont assisté à court et long terme aux élections ukrainiennes. Certains des observateurs à long terme – des ONG indépendantes - surveillent les médias et produisent des rapports en Ukraine depuis le mois de septembre 2012 et ont déjà publié leurs conclusions préliminaires. Celles-ci concluait à la « compétitivité du processus électoral en Ukraine et à l'absence de meneur évident ». « Par conséquent, les élections correspondent à ce jour aux principes de la démocratie, malgré certaines violations identifiées ». Ce que nous appelons des « incidents techniques », non susceptibles de remettre en cause le résultat final.

UN RESUME DES RESULTATS DES ELECTIONS

Le PARTI DES REGIONS, formation du chef de l'Etat, est arrivé en tête et devrait pouvoir former une majorité, malgré la percée des nationalistes néofascistes de SVOBODA (favorables à l’OTAN) et du parti créé par le boxeur Vitali Klitschko et l’alliance de ces deux formations avec le Bloc pro-occidental de Ioulia Timochenko.

Le parti du président Viktor Ianoukovitch arrive donc en tête des législatives, suivi par l’alliance d’opposition proche de l’ex-Première ministre emprisonnée Ioulia Timochenko, dans un scrutin où le boxeur Vitali Klitschko et les nationalistes néofascistes « ont créé la surprise » selon les médias occidentaux. Mais où ce sont en réalité les Communistes du PCU – un parti de type national-communiste, proche du KPFR russe de Zouganov, et radicalement anti OTAN - qui sont la véritable force politique émergente.

Selon des résultats officiels pour les sièges répartis à la proportionnelle (225 sur un total de 450), le PARTI DES REGIONS a obtenu 37% des voix, suivi par l’alliance d’opposition BATKIVCHTCHINA de Ioulia Timochenko (21%) et les communistes (15%). Le parti d’opposition UDAR du célèbre boxeur Vitali Klitschko a obtenu 13% et la formation nationaliste SVOBODA (issu de la moluvance anti-russe nostalgique du fascisme ukrainien de Bendera) 7%. Le parti du footballeur vedette Andreï Shevchenko n’a récolté que 1,7% des voix, loin de franchir le seuil électoral de 5% pour entrer au Parlement, selon ces chiffres annoncés par la commission électorale centrale.

L’autre moitié des 450 députés est élue au scrutin majoritaire uninominal.

Avec ce mode de scrutin, le Parti des régions doit recevoir 114 sièges contre 40 pour l’alliance BATKIVCHTCHINA de Ioulia Timochenko, 9 pour SVOBODA et 5 pour UDAR, selon des résultats partiels annoncés après le dépouillement de 21% des bulletins de vote. Les autres 57 sièges devraient être répartis entre les Communistes du PCU et plusieurs petits partis et des candidats indépendants.

QUI SONT LES « NATIONALISTES » UKRAINIENS ?

Il convient de s’arrêter sur SVOBODA. Qualifié de « nationalistes » par les médias occidentaux – le terme fallacieux utilisé cyniquement lorsque l’extrême-droite néofasciste est utile à l’OTAN à l’Est ou dans les pays arabes – , il s’agit en fait de néofascistes radicaux, xénophobes (anti-russes et anti-polonais) et ouvertement antisémites. Leur leader Oleg est bien connu pour son discours violemment antisémite (2). En 2004, il glorifiait les Kollabos ukrainiens pour leur collaboration avec les nazis et appelait à continuer leur lutte contre les Russes et les juifs.

Tyagnobok est un ancien membre de NOTRE UKRAINE, une coalition électorale de partis ukrainiens de droite et d’extrême-droite fondée en 2002. C'est le parti politique de l'ancien président ukrainien Viktor Iouchtchenko. Parmi les formations regroupées dans NOTRE UKRAINE, en janvier 2002, le CONGRES DES NATIONALISTES UKRAINIENS, « un parti politique ukrainien qui fait partie de l'Alliance pour l'Europe des Nations ».

NOTRE UKRAINE est aussi soutenue par de nombreux groupuscules néofascistes, des gangs de skinheads, et les amicales des nostalgiques de la collaboration nazie, partisans de Bendera et des formations OUN ET UPA (3), ou encore les amicales des anciens des divisions ukrainiennes de la Waffen SS, « Galizien» (Halitchina, en ukrainie, ou Galitchina).

Tous ces groupes fournissent les troupes de choc de la « révolution orange » en 2004 et les bataillons PORA, la branche ukrainienne du Réseau international OTPOR-CANVAS, financé par les USA.

Pour ceux qui auraient encore des doutes sur la nature réelle, d’extrême-droite, antisémite et néofasciste des hooligans de PORA et des troupes de choc de la « révolution orange », relire ce qu’en disait le reporter du quotidien britannique SPECTATOR (6 novembre 2004), John Laughland, dénonçant « les nostalgiques des fascistes ukrainiens » de 1919-50 (4). Le GUARDIAN (Londres), lui, révèlait à la même époque, que les pseudo « démocrates » de PORA chantaient de vieux hymnes antisémites des années 20-40 !

Le discours biaisé sur la nature des néofascistes favorables à l’OTAN et à l’UE à l’EST est le même en Ukraine que dans les pays baltes, au Belarus, en Moldavie ou encore en Russie même. Il y alors de bons fascistes, utiles à l’OTAN. Ce qui est jugé inacceptable à Paris, Bruxelles ou Berlin, le devient ailleurs. Et les néofascistes sont pudiquement rebaptisé « nationalistes », dans un révisionnisme historique généralisé. En Ukraine, dès 2004, l’extrême-droite néofasciste était requalifiée en « démocrate ». On pouvait ainsi lire en 2004 dans le « COURRIER INTERNATIONAL » (Paris) que la ville ukrainienne de Lviv, centre du mouvement insurrectionnel, « représente la tradition démocratique de l’Ukraine ». Alors qu’elle est le bastion traditionnel du nationalisme xénophobe et antisémite.

Voici aujourd’hui SVOBODA alliée à BATKIVCHTCHINA de Ioulia Timochenko, renouvelant les alliances orangistes de 2004.

L’UKRAINE A NOUVEAU DIVISEE EN DEUX BLOCS

Mais revenons aux législatives. Le Premier ministre revendique donc la victoire. Après la publication des sondages à la sortie des urnes, le Premier ministre Mykola Azarov s’est immédiatement félicité de la « victoire » du parti au pouvoir. « Nous croyons que le Parti des régions va avoir une majorité », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse dès dimanche soir.

Comme en 2004, 2007 et 2010, Un Bloc pro-russe s’oppose donc à nouveau à une coalition pro-occidentale et anti-russe.

Une vision qu’il faut, pour rester objectif, pondérer par le fait que les choses sont moins tranchées dans la réalité politique. Ainsi il faut aussi prendre en compte les intérêts des oligarques ukrainiens. La situation rappelant celle des débuts du régime de Poutine en Russie, et où Ianoukovitch tente de réduire leur influence. Et l’action de celui-ci, globalement favorable à Moscou, joue aussi sur les rapports UE-OTAN-Russie pour conserver un maximum d’autonomie.

« Udar et Svoboda ont été les grandes surprises de ce vote et vont entrer pour la première fois au Parlement. Vitali Klitschko a d’ores et déjà réitéré sa promesse de s’associer avec Batkivchtchina et Svoboda dans la nouvelle assemblée ». Face à eux le Parti des régions et ses alliés communistes. Des experts estiment avec raison que le parti au pouvoir va réussir à former une majorité notamment en recrutant des députés élus au scrutin majoritaire.

D’où la colère des partis pro-occidentaux et de leurs sponsors de l’OTAN et de l’UE, dont l’OSCE. Ces élections, premier grand vote depuis l’arrivée au pouvoir en 2010 du président Viktor Ianoukovitch, étaient en effet « surveillées de près par l’Occident », « préoccupé par le recul de la démocratie en Ukraine » (sic), « dont l’emprisonnement depuis 2011 de l’ex-Première ministre Ioulia Timochenko est considéré comme un cas emblématique » (resic). L’alliance BATKIVCHTCHINA et des observateurs ukrainiens ont fait état de fraudes observées au cours de la journée dimanche et lors du décompte des voix, évoquant notamment « des bourrages d’urnes » (impossibles avec les webcams), sans pour l’instant remettre en question les résultats du vote.

A NOUVEAU LE JEU TROUBLE DE L’OSCE

Les observateurs de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ont ensuite suivi. Sans surprise. Dans une opération médiatico-politique, semblables à celles menées comme en Russie en Décembre 2011 et Mars 2012, où Ioulia Timochenko joue le rôle principal.

L'opposante dénonce en effet une « falsification des élections » législatives et a entamé une grève de la faim depuis sa prison pour protester contre ce qu’elle considère comme une « falsification des élections » législatives de dimanche, a annoncé lundi son avocat.

« Je commence une grève de la faim en signe de protestation contre la falsification des élections », a annoncé Ioulia Timochenko dans une déclaration lue par son avocat, le député Sergui Vlassenko, alors que l’alliance incluant son parti est arrivée en deuxième position, derrière le parti au pouvoir. L’ex-Première ministre ukrainienne « a déjà officiellement informé les autorités pénitentiaires qu’elle avait cessé de manger lundi et ne buvait que de l’eau », a précisé son avocat à la sortie de l’hôpital à Kharkov (est) où Timochenko, condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir, se trouve depuis mai en raison d’hernies discales.

Plus tôt dans la journée, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont, sans surprise, vivement critiqué à Kiev les élections ukrainiennes, considérant « qu’elles avaient marqué un recul de la démocratie dans cette ex-république soviétique ». Sans surprise parce que certains observateurs de l’OSCE annonçaient déjà « des fraudes » à Kiev ce vendredi … « En prenant en compte les abus de pouvoir et le rôle excessif de l’argent dans cette élection, il semble que les progrès démocratiques qui avaient été observés reculent en Ukraine », a déclaré une représentante de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, Walburga Habsburg Douglas, dans un communiqué.

Des accusations que le vice-Premier ministre, Sergeï Tigipko, balaie d’un revers de main : « L’opposition a toute latitude pour faire campagne ; ils ne se plaignent que pour préparer leur faillite prochaine ».

On notera que les Missions indépendantes non-alignées, notamment celles d’EODE et d’ECGA, qui entendent pratiquer un monitoring électoral scientifique (5) ont publié des conclusions diamétralement opposées et concluent à des élections démocratiques et ouvertes.

L’OCCIDENT EST-IL BIEN PLACE POUR DETERMINER DES CRITERES DE VALIDATION DES ELECTIONS ?

La prétention des observateurs occidentaux et des organisations dont ils sont issus à prétendre déterminer les critères de démocratie d’une élection est amusante. Au moment où la démocratie atlantiste phare, celle de l’hégémon américain, s’apprête à élire frauduleusement - grâce à un système bien rodé en 2000 et 2004 par G. W. Bush et ses spin-doctors, dont le tristement célèbre Karl Rove, aujourd’hui au service de Romney -, le prochain président US.

« Doit-on craindre des tricheries lors de l’élection américaine ? », titrait précisément le quotidien LA LIBRE Belgique (Bruxelles) ce 30 octobre, précisant que « L’ombre de 2000 plane sur 2012 : doit-on craindre des tricheries lors de l’élection américaine ? Ces doutes ne sont pas nouveaux et le terme anglo-saxon de SNAFU revient au goût du jour : "Situation Normal : All Fucked Up" (qui peut se traduire par "la situation est désastreuse, mais ça a toujours été comme ça") (…) Dans une élection que tous les sondages annoncent au coude à coude, chaque voix compte. La moindre petite manipulation peut tout changer. » « La triche dans l’Ohio est possible » nous explique Pierre Guerlain, professeur de civilisation américaine à l’université Paris 10 Nanterre-La Défense. « Et dans son "possible", on entend plutôt un "probable". » (6)

Et Pierre Guerlain n’est pas le seul à évoquer un système frauduleux. Voici Nicholas Dungan, chercheur à l’Atlantic Council et conseiller auprès de l’IRIS : « Quand tout est local, il est très difficile de tout contrôler. »

Pour Wladimir  Churov, président de la Commision Electorale Centrale de la Fédération de Russie, “le côté sombre des élections américaines est que les observateurs de l’OSCE ont été interdit d’entrée dans les bureaux de vote, même dans les états qui sont sous loi fédérale US (…) malheureusement pour les électeurs américains, le monitoring international du processus électoral US, qui semble sérieusement vulnérable aux manipulations, n’est pas suffisant pour garantir les standards démocratiques » (7).

Churov fait ici allusion à un fait incroyable. L’interdiction d’entrée des observateurs de l’OSCE – dont font partie les USA – dans les bureaux de vote pour l’élection présidentielle 2012, dans de nombreux états US, dont notamment le Texas (8). Ainsi l’OSCE qui entend donner des leçons de démocratie à de nombreux états – pas ceux de l’OTAN -, et qui « envoie régulièrement ses observateurs surveiller la tenue d'élections dans le monde entier », est incapable de contrôler le processus électoral aux USA, pourtant fortement contesté.

L’UKRAINE DANS LA PERSPECTIVE DE LA PRESIDENTIELLE DE 2015

Mais revenons à l’Ukraine.

Le pays est divisé par deux visions opposées de l’avenir. Ecartelé entre les partisans de l’Occident – OTAN et UE – et ceux de la « seconde Europe » qui se construit aujourd’hui autour de la Russie.

« Pressé par Moscou de rejoindre l’union douanière avec le Kazakhstan et la Biélorussie contre une réduction du prix du gaz russe livré à l’Ukraine, Ianoukovitch doit aussi ménager l’Union européenne, censée dans les prochains mois ratifier avec Kiev un accord d’association (ASA) ». « Les oligarques ukrainiens ont investi massivement à l’Ouest et ils ont peur des Russes, ils se méfient donc de l’intégration douanière avec Moscou, analyse Petro Burkovski, politologue à l’Institut national des études stratégiques. Ils ont aussi besoin de stabilité et d’une clarification des règles du jeu économique. La nécessité de trouver un équilibre entre ces intérêts divergents pourrait favoriser une certaine ouverture ces prochaines années.» Les différents partis politiques le savent, la véritable lutte pour l’avenir politique du pays s’engagera lors de la présidentielle de 2015.

LM

Seconde partie :
Luc MICHEL pour EODE Think Tank /
# EODE THINK TANK / RAPPORT UKRAINE 2012 /
IIe partie : LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE 2004-2015

 

NOTES ET RENVOIS :

(1) EODE participait à plusieurs missions de monitoring lors de ces élections en Ukraine, en collaboration avec les Ong ECGA et ICES.
Notamment à KIEV, avec Fabrice Beaur, administrateur de la Zone Russia-Caucasus d’EODE. Et à LUGANSK, DONETZ et DNJEPROPETROVSK, les grandes villes industrielles de l’Est russophone.
http://www.facebook.com/EODE.org
http://www.eode.org
http://www.vimeo.com/eodetv

(2) What is behind “the relative success of extreme Ukrainian nationalists at the latest parliamentary poll? SOVODA, the Freedom Party, headed by notorious politician Oleg Tyagnobok, has gathered about 10 per cent of the votes, which guarantees it some seats in the parliament. We must reminded that Tyagnibok’s last openly anti-Semitic speech took place in 2004 and that cost the politician the membership in the Our Ukraine parliamentary faction and a parliamentary seat. In the 2004 speech, Tyagnibok glorified the Ukrainian nationalists known for their collaboration with the Nazis and called upon his supporters “to continue the struggle against Russians and Jews”.
Cfr. Ukrainian Jews prepare ‘blacklist of anti-Semites’, RUSSIA TODAY, 31 October, 2012 :
http://rt.com/politics/ukrainian-community-black-anti-semites-637/

(3) “Ukraine remains divided on the nationalist issue and the events of the Second World War. Nationalism has traditionally been strong in the west of the country. In eastern Ukraine, the glorification of such figures as Bandera and Shukevich and the Ukrainian Insurgent Army has always prompted protests.  Regularly, nationalists helded marches in the capital, Kiev, in honor of the anniversary of the creation of the Ukrainian Insurgent Army. In response, local Communists organized rallies protesting against the “falsification of history.”
Stepan Bandera was leader of the Organization of Ukrainian Nationalists (OUN) which collaborated with Nazi Germany during World War II. The OUN was involved in terrorist acts against civilians who opposed a national Ukrainian state, as well as in ethnic cleansing of Poles and Jews in western Ukraine.
Roman Shukhevych commanded the Ukrainian Insurgent Army (UPA), a military wing of the Organization of Ukrainian Nationalists from 1943 till 1950. Between 1941 and 1943, he also served in the armed units of the Third Reich as a deputy commander of Nachtigall, a Wehrmacht unit accused by historians of mass killings of Jews and Poles.”
Cfr. Ukrainian сourt rules against Nazi collaborators becoming heroes again, RUSSIA TODAY, 14 October, 2011 :
http://rt.com/politics/ukraine-bandera-shukhevich-decision-859/

(4) Cfr. John Laughland, in SPECTATOR, 6 novembre 2004 :
“A few years ago, a friend of mine was sent to Kiev by the British government to teach Ukrainians about the Western democratic system. His pupils were young reformers from western Ukraine, affiliated to the Conservative party. When they produced a manifesto containing 15 pages of impenetrable waffle, he gently suggested boiling their electoral message down to one salient point. What was it, he wondered? A moment of furrowed brows produced the lapidary and nonchalant reply, “To expel all Jews from our country”. It is in the west of Ukraine that support is strongest for the man who is being vigorously promoted by America as the country’s next president: the former prime minister Viktor Yushchenko. On a rainy Monday morning in Kiev, I met some young Yushchenko supporters, druggy skinheads from Lvov. They belonged both to a Western-backed youth organisation, Pora, and also to Ukrainian National Self-Defence (Unso), a semi-paramilitary movement whose members enjoy posing for the cameras carrying rifles and wearing fatigues and balaclava helmets. Were nutters like this to be politically active in any country other than Ukraine or the Baltic states, there would be instant outcry in the US and British media; but in former Soviet republics, such bogus nationalism is considered anti-Russian and therefore democratic”.

(5) Voir sur EODE-TV, à l’occasion d’un colloque organisé le 13 octobre 2011 à la CHAMBRE CIVIQUE RUSSE sur les élections russes, Luc MICHEL analysait le jeu trouble de l’OSCE et des ONG occidentales :
SCIENTIFIC ELECTION MONITORING VERSUS WESTERN INTERVENTIONISM
Intervention in the debates in English : http://vimeo.com/31521294
Conférence en Français : http://vimeo.com/31178690
Lecture in English : http://vimeo.com/31499424

(6) Pierre Guerlain, in « Doit-on craindre des tricheries lors de l’élection américaine ? », LA LIBRE Belgique, Bruxelles, 30 octobre 2012.
Ecoutons Pierre Guerlain : « Les machines à voter sont gérées par le clan Bush depuis des années et des accointances apparaissent également entre ces compagnies et les Romney. Déjà en 2004, la société DieBold, principal fournisseur de machines à voter dans le pays, était présidée par Walden O'Dell. Mais l’homme a une double casquette : il est à l’époque très actif dans le comité de réélection de Bush. C’est donc un républicain pur sucre. En 2004, il a plus que certainement triché en faveur de son candidat. Cette année, dans un certain nombre d’Etats, notamment en Ohio, swing state qui peut faire basculer l’élection, les machines à voter seront fournies par la société Hart InterCivic, appartenant en partie au fond d’investissement HIG Capital. Le malaise apparaît quand le magazine FORBES, via son chroniqueur Rick Ungar, annonce que quatre pontes de l’entreprise, dont le fondateur Tony Tamer, ont joué un rôle de "collecteur de fonds" pour le compte de Mitt Romney pendant cette campagne présidentielle, tandis que deux membres du conseil d’administration seraient des contributeurs personnels de la campagne du républicain. Le malaise s’installe lorsque l’on apprend que la société est le 11e plus important contributeur de la campagne. Le malaise s’éternise quand on sait que le fils de Romney, Tagg, propriétaire de la société d’investissement Solamere Capital, partage des intérêts commerciaux avec HIG Capital. »
« Il faut dire que ces machines sont faciles à trafiquer : chaque compté organise le scrutin comme il l’entend, il y a donc 50.000 façons différentes de voter, et c’est très difficile à contrôler », explique encore Pierre Guerlain. « Et ce n’est pas nouveau (…)  En 2000, l'élection opposant Al Gore et George W. Bush est quand même entachée d’énormément de doutes sur l’honnêteté du processus », « référence au recomptage des voix en Floride. Il a fallu un mois à la Cour Suprême pour déterminer finalement, avec 537 voix d’avance sur son adversaire, la victoire de Bush », précise La Libre. Quid de 2012 ? « Les équipes d’avocats sont prêtes de part et d’autre pour intervenir. Il est possible qu’il y ait de gros débats au lendemain de l’élection et qu’on ne soit pas capable d’annoncer le vainqueur dans les premières heure », conclut Pierre Guerlain. « S’il y a triche, ce sera en faveur de Mitt Romney. On a parlé de falsification lors de l’élection de Kennedy en 1960 mais depuis, les Démocrates n’ont plus été soupçonnés bien qu’en 2008, il y ait quelques doutes. Dans les swing states, notamment l’Ohio et la Floride, il est possible que certains chiffres aient été manipulés mais pas au point de renverser l’élection. »

(7) Wladimir  Churov, président de la Commision Electorale Centrale de la Fédération de Russie : "the dark side of the American election process is that “OSCE monitors have been barred from entering polling stations even in the states where they may do so under US law the dark side of the American election process is that “OSCE monitors have been barred from entering polling stations even in the states where they may do so under US law (...) Unfortunately for the American voter, international observance of the US election process, which seems seriously vulnerable to manipulation, is not enough to guarantee democratic standards”, in “Hack the vote: Russian election chief rips US elections, voting machines”, RUSSIA TODAY, 31 October 2012 :
http://rt.com/politics/russia-us-elections-churov-voting-machines-648/

(8) L'Etat du Texas, dans le sud des Etats-Unis, menace de poursuivre en justice les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) si ceux-ci se rendent dans des bureaux de vote lors de l'élection présidentielle du 6 novembre. Le ministre de la Justice de cet Etat, majoritairement conservateur, Greg Abbott, a prévenu cette semaine l'OSCE que ses observateurs ne seraient pas autorisés à moins de 30 mètres d'un bureau de vote, au risque de commettre "une infraction criminelle". "Tout manquement à cette exigence pourrait conduire à des poursuites en justice des représentants de l'OSCE", écrit M. Abbott dans une lettre au chef de l'unité des institutions démocratiques et des droits de l'Homme de l'OSCE, Daan Everts. "Tout groupe ou individu venu de l'extérieur des Etats-Unis n'est pas autorisé à influer ou à s'ingérer dans le processus électoral au Texas", poursuit-il.
Il reproche notamment à Daan Everts d'avoir rencontré des associations comme Project Vote, qui se battent contre une nouvelle loi électorale au Texas jugée discriminatoire pour les minorités défavorisées. Cette loi de 2011, rejetée par une cour d'appel de Washington en août, requiert, pour pouvoir voter, de présenter un permis de conduire, un passeport ou un permis de port d'armes, mais retoque la carte d'étudiant ou le justificatif de domicile, jusque là autorisés. Le Texas a fait appel de cette décision devant la Cour suprême américaine. De nombreuses voix estiment que cette loi disqualifie les électeurs issus des minorités, majoritairement favorables aux démocrates, car ils n'ont souvent pas d'acte de naissance ou parce que l'établissement d'une pièce d'identité leur est coûteux et compliqué. Greg Abbott cite un avis de l'OSCE pour qui cette mesure serait "un obstacle au droit de vote". "Votre opinion n'est pas légalement valable aux Etats-Unis, où la Cour suprême a déjà jugé ces lois constitutionnelles" (en Géorgie et dans l'Indiana, ndlr), estime M. Abbott.
Cfr. « Au Texas, les observateurs internationaux ne sont pas les bienvenus », in LE MONDE, Paris, 24 octobre 2012 :
http://www.lemonde.fr/elections-americaines/breve/2012/10/24/au-texas-les-observateurs-de-l-onu-ne-sont-pas-les-bienvenus_1779940_829254.html
et « Le Texas met en garde l'OSCE : défense de s'approcher des bureaux de vote », LIBERATION, Paris, 25 octobre 2012 :
http://www.liberation.fr/monde/2012/10/25/le-texas-met-en-garde-l-osce-defense-de-s-approcher-des-bureaux-de-vote_855941

 

Photos :
Manifestation en faveur du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch, à Kiev (Photo Gleb Garanich. Reuters).
Dépouillement à Odessa.

 

 

   

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Source : Luc Michel

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