EODE - Rapport Ukraine 2012 - 1 ère
Partie
Les élections
législatives ukrainiennes d'octobre 2012
Luc Michel
Vendredi 2 novembre
2012 Avec Mission
EODE en Ukraine (1) – AFP – Worldwide
News Ukraine - Libération – RIA Novosti
– Deutsche Welle – Russia Today –
Stratfor - Kommersant-Ukraine - La Libre
Belgique - Rossiyskaya Gazeta - Reuters
/ 2012 10 30 / * A
nouveau, comme en Russie en Décembre
2011 et Mars 2012, les observateurs de
l’OSCE, liés à l’OTAN et à l’UE, sont en
totale opposition avec les observations
des Missions de monitoring
indépendantes. * Les
élections législatives ukrainiennes sont
le prétexte à une nouvelle opération de
déstabilisation occidentale et de
soutien direct aux partis liés à l’OTAN.
* Les missions de monitoring
indépendantes et non-alignées,
pratiquant un monitoring scientifique,
concluent à des élections globalement
libres et transparentes.
LES DONNEES STATISTIQUES, POLITIQUES ET
LEGALES DE L’ORGANISATION DE LA
LEGISLATIVE UKRAINIENNE
Les élections législatives ukrainiennes
se sont tenues le 28 octobre 2012. Les
électeurs se sont rendus dans près de 34
000 bureaux de vote répartis dans le
pays et à l'étranger afin de voter, par
le biais de deux listes, pour l'un des
87 partis politiques briguant le
Parlement, ainsi qu'un candidat de
district unique qu'ils soutiennent. Ce
sont les premières législatives depuis
le retour au pouvoir du président
Ianoukovitch en 2010, « une élection
considérée comme un test par l’Union
européenne, tant les relations entre
Bruxelles et Kiev se sont refroidies
depuis l’emprisonnement de l’ancienne
Première ministre Ioulia Timochenko, en
août 2011 ». Ioulia Timochenko, ex
oligarque ukrainienne qui a fait fortune
dans le domaine du gaz – on la surnomme
la « gazprincess » là-bas – a été
condamnée pour abus de pouvoir par la
justice ukrainienne. C’est l’enfant
chérie de l’Occident et de l’OTAN et
l’ex égérie du coup d’état
pro-occidental de 2004, la fameuse
« révolution orange » des médias
occidentaux. Les
élections de 2012 sont réglementées par
la nouvelle loi électorale adoptée par
le Parlement en novembre 2011. Le projet
de loi a réintroduit le système
électoral mixte en Ukraine. Désormais,
225 membres du Parlement ukrainien
seront élus via des listes de partis et
225 membres via des circonscriptions
uninominales. Le seuil d'admission au
Parlement est de 5 %. Une autre
innovation est l'installation de webcams
dans chaque bureau de vote. Ces
appareils diffuseront le signal en
ligne. On notera que
l’utilisation de webcams avait été
initiée lors de l’élection russe à la
Douma de décembre 2012 dans le district
de Novossibirsk (avec les grandes villes
de Novosibirsk – 1,5 millions
d’habitants – et de Kemerovo), en
Sibérie. District monitoré par une des
Missions d’EODE lors de ces élections,
que je conduisais. Nous avions alors
recommandé (la publication de
recommandations fait partie du travail
de nos missions) la généralisation de
l’usage de ces webcams, branchées en
permanence et diffusées sur écrans
multiples dans les locaux des
commissions électorales régionales. Une
recommandation adoptée et généralisée
lors de l’élection présidentielle russe
de Mars 2012. Et qui empêche évidemment
toute fraude. PRES
DE 4000 OBSERVATEURS ISSUS DE 28 PAYS ET
130.000 OBSERVATEURS UKRAINIENS
MONITORAIENT LES ELECTIONS LEGISLATIVES
EN UKRAINE Le 22
octobre, le Comité électoral central
d'Ukraine a consigné le nombre final de
666 observateurs internationaux
enregistrés pour les élections
législatives ukrainiennes du 28 octobre.
Le nombre total d'observateurs étrangers
a atteint 3 797 personnes - n’ayant pas
tous le statut légal enregistré
d’« observateur international », mais
admis aux opérations électorales , la
différence entre les deux catégories
correspondant à leurs critères
d’enregistrement - représentant 28 pays
et 35 organisation non gouvernementales
internationales. Dont EODE (Eurasian
Observatory for Democracy & Elections)
et nos partenaires ECGA et ICES. En
outre, plus de 130 000 observateurs
nationaux ont également mis à
contribution au cours des élections.
On notera la présence massive
d’observateurs nationaux hostiles au
gouvernement. Ainsi LIBERATION (Paris)
présente OPORA : « Dans le petit bureau
de l’organisation Opora - une des ONG
qui observera le bon déroulement des
législatives de dimanche -, situé au
cœur d’un quartier résidentiel de Kiev,
on achève de scotcher des paquets qui
partiront bientôt dans toute
l’Ukraine ». « Ce sont des compteurs qui
permettront à nos 3 500 observateurs de
recenser les électeurs qui se
présenteront dans les bureaux de vote,
explique Olha Aivazovska, une des
membres de l’ONG. Nous allons surveiller
le scrutin de très près, comme nous le
faisons depuis le début de la campagne.»
Les élections législatives ukrainiennes
attiraient une attention internationale
accrue, notamment d'organisations comme
l'OSCE et le Parlement européen (PE) qui
ont envoyé des missions d'observation
dans le pays. « Les observateurs ne font
que regarder le processus », a souligné
Michael Gahler, membre du PE qui
observait également les élections
ukrainiennes, au cours d’un entretien
avec la DEUTSCHE WELLE. Il a expliqué
avant l’élection « qu'en cas de
violation du processus électoral, un
observateur enregistrerait les faits
dans le rapport sans interférer avec ce
processus ». « Les observateurs du PE
porteront une attention particulière au
fait que les ukrainiens aient la
possibilité d'exercer leur droit de vote
et que le comptage des voix soit
transparent », a-t-il aussi déclaré.
Ces observateurs ont assisté à court et
long terme aux élections ukrainiennes.
Certains des observateurs à long terme –
des ONG indépendantes - surveillent les
médias et produisent des rapports en
Ukraine depuis le mois de septembre 2012
et ont déjà publié leurs conclusions
préliminaires. Celles-ci concluait à la
« compétitivité du processus électoral
en Ukraine et à l'absence de meneur
évident ». « Par conséquent, les
élections correspondent à ce jour aux
principes de la démocratie, malgré
certaines violations identifiées ». Ce
que nous appelons des « incidents
techniques », non susceptibles de
remettre en cause le résultat final.
UN RESUME DES RESULTATS DES ELECTIONS
Le PARTI DES REGIONS, formation du chef
de l'Etat, est arrivé en tête et devrait
pouvoir former une majorité, malgré la
percée des nationalistes néofascistes de
SVOBODA (favorables à l’OTAN) et du
parti créé par le boxeur Vitali
Klitschko et l’alliance de ces deux
formations avec le Bloc pro-occidental
de Ioulia Timochenko.
Le parti du président Viktor
Ianoukovitch arrive donc en tête des
législatives, suivi par l’alliance
d’opposition proche de l’ex-Première
ministre emprisonnée Ioulia Timochenko,
dans un scrutin où le boxeur Vitali
Klitschko et les nationalistes
néofascistes « ont créé la surprise »
selon les médias occidentaux. Mais où ce
sont en réalité les Communistes du PCU –
un parti de type national-communiste,
proche du KPFR russe de Zouganov, et
radicalement anti OTAN - qui sont la
véritable force politique émergente.
Selon des résultats
officiels pour les sièges répartis à la
proportionnelle (225 sur un total de
450), le PARTI DES REGIONS a obtenu 37%
des voix, suivi par l’alliance
d’opposition BATKIVCHTCHINA de Ioulia
Timochenko (21%) et les communistes
(15%). Le parti d’opposition UDAR du
célèbre boxeur Vitali Klitschko a obtenu
13% et la formation nationaliste SVOBODA
(issu de la moluvance anti-russe
nostalgique du fascisme ukrainien de
Bendera) 7%. Le parti du footballeur
vedette Andreï Shevchenko n’a récolté
que 1,7% des voix, loin de franchir le
seuil électoral de 5% pour entrer au
Parlement, selon ces chiffres annoncés
par la commission électorale centrale.
L’autre moitié des 450 députés est élue
au scrutin majoritaire uninominal.
Avec ce mode de scrutin, le Parti des
régions doit recevoir 114 sièges contre
40 pour l’alliance BATKIVCHTCHINA de
Ioulia Timochenko, 9 pour SVOBODA et 5
pour UDAR, selon des résultats partiels
annoncés après le dépouillement de 21%
des bulletins de vote. Les autres 57
sièges devraient être répartis entre les
Communistes du PCU et plusieurs petits
partis et des candidats indépendants.
QUI SONT LES « NATIONALISTES »
UKRAINIENS ? Il
convient de s’arrêter sur SVOBODA.
Qualifié de « nationalistes » par les
médias occidentaux – le terme fallacieux
utilisé cyniquement lorsque
l’extrême-droite néofasciste est utile à
l’OTAN à l’Est ou dans les pays arabes –
, il s’agit en fait de néofascistes
radicaux, xénophobes (anti-russes et
anti-polonais) et ouvertement
antisémites. Leur leader Oleg est bien
connu pour son discours violemment
antisémite (2). En 2004, il glorifiait
les Kollabos ukrainiens pour leur
collaboration avec les nazis et appelait
à continuer leur lutte contre les Russes
et les juifs.
Tyagnobok est un ancien membre de NOTRE
UKRAINE, une coalition électorale de
partis ukrainiens de droite et
d’extrême-droite fondée en 2002. C'est
le parti politique de l'ancien président
ukrainien Viktor Iouchtchenko. Parmi les
formations regroupées dans NOTRE
UKRAINE, en janvier 2002, le CONGRES DES
NATIONALISTES UKRAINIENS, « un parti
politique ukrainien qui fait partie de
l'Alliance pour l'Europe des Nations ».
NOTRE UKRAINE est
aussi soutenue par de nombreux
groupuscules néofascistes, des gangs de
skinheads, et les amicales des
nostalgiques de la collaboration nazie,
partisans de Bendera et des formations
OUN ET UPA (3), ou encore les amicales
des anciens des divisions ukrainiennes
de la Waffen SS, « Galizien» (Halitchina,
en ukrainie, ou Galitchina).
Tous ces groupes fournissent les troupes
de choc de la « révolution orange » en
2004 et les bataillons PORA, la branche
ukrainienne du Réseau international
OTPOR-CANVAS, financé par les USA.
Pour ceux qui auraient encore des doutes
sur la nature réelle, d’extrême-droite,
antisémite et néofasciste des hooligans
de PORA et des troupes de choc de la
« révolution orange », relire ce qu’en
disait le reporter du quotidien
britannique SPECTATOR (6 novembre 2004),
John Laughland, dénonçant « les
nostalgiques des fascistes ukrainiens »
de 1919-50 (4). Le GUARDIAN (Londres),
lui, révèlait à la même époque, que les
pseudo « démocrates » de PORA chantaient
de vieux hymnes antisémites des années
20-40 ! Le discours
biaisé sur la nature des néofascistes
favorables à l’OTAN et à l’UE à l’EST
est le même en Ukraine que dans les pays
baltes, au Belarus, en Moldavie ou
encore en Russie même. Il y alors de
bons fascistes, utiles à l’OTAN. Ce qui
est jugé inacceptable à Paris, Bruxelles
ou Berlin, le devient ailleurs. Et les
néofascistes sont pudiquement rebaptisé
« nationalistes », dans un révisionnisme
historique généralisé. En Ukraine, dès
2004, l’extrême-droite néofasciste était
requalifiée en « démocrate ». On pouvait
ainsi lire en 2004 dans le « COURRIER
INTERNATIONAL » (Paris) que la ville
ukrainienne de Lviv, centre du mouvement
insurrectionnel, « représente la
tradition démocratique de l’Ukraine ».
Alors qu’elle est le bastion
traditionnel du nationalisme xénophobe
et antisémite. Voici
aujourd’hui SVOBODA alliée à
BATKIVCHTCHINA de Ioulia Timochenko,
renouvelant les alliances orangistes de
2004. L’UKRAINE A
NOUVEAU DIVISEE EN DEUX BLOCS
Mais revenons aux législatives. Le
Premier ministre revendique donc la
victoire. Après la publication des
sondages à la sortie des urnes, le
Premier ministre Mykola Azarov s’est
immédiatement félicité de la « victoire
» du parti au pouvoir. « Nous croyons
que le Parti des régions va avoir une
majorité », a-t-il déclaré au cours
d’une conférence de presse dès dimanche
soir. Comme en 2004,
2007 et 2010, Un Bloc pro-russe s’oppose
donc à nouveau à une coalition
pro-occidentale et anti-russe.
Une vision qu’il faut, pour rester
objectif, pondérer par le fait que les
choses sont moins tranchées dans la
réalité politique. Ainsi il faut aussi
prendre en compte les intérêts des
oligarques ukrainiens. La situation
rappelant celle des débuts du régime de
Poutine en Russie, et où Ianoukovitch
tente de réduire leur influence. Et
l’action de celui-ci, globalement
favorable à Moscou, joue aussi sur les
rapports UE-OTAN-Russie pour conserver
un maximum d’autonomie.
« Udar et Svoboda ont été les grandes
surprises de ce vote et vont entrer pour
la première fois au Parlement. Vitali
Klitschko a d’ores et déjà réitéré sa
promesse de s’associer avec
Batkivchtchina et Svoboda dans la
nouvelle assemblée ». Face à eux le
Parti des régions et ses alliés
communistes. Des experts estiment avec
raison que le parti au pouvoir va
réussir à former une majorité notamment
en recrutant des députés élus au scrutin
majoritaire. D’où la
colère des partis pro-occidentaux et de
leurs sponsors de l’OTAN et de l’UE,
dont l’OSCE. Ces élections, premier
grand vote depuis l’arrivée au pouvoir
en 2010 du président Viktor Ianoukovitch,
étaient en effet « surveillées de près
par l’Occident », « préoccupé par le
recul de la démocratie en Ukraine »
(sic), « dont l’emprisonnement depuis
2011 de l’ex-Première ministre Ioulia
Timochenko est considéré comme un cas
emblématique » (resic). L’alliance
BATKIVCHTCHINA et des observateurs
ukrainiens ont fait état de fraudes
observées au cours de la journée
dimanche et lors du décompte des voix,
évoquant notamment « des bourrages
d’urnes » (impossibles avec les
webcams), sans pour l’instant remettre
en question les résultats du vote.
A NOUVEAU LE JEU TROUBLE DE L’OSCE
Les observateurs de l’OSCE (Organisation
pour la sécurité et la coopération en
Europe) ont ensuite suivi. Sans
surprise. Dans une opération médiatico-politique,
semblables à celles menées comme en
Russie en Décembre 2011 et Mars 2012, où
Ioulia Timochenko joue le rôle
principal.
L'opposante dénonce en effet une «
falsification des élections »
législatives et a entamé une grève de la
faim depuis sa prison pour protester
contre ce qu’elle considère comme une «
falsification des élections »
législatives de dimanche, a annoncé
lundi son avocat. «
Je commence une grève de la faim en
signe de protestation contre la
falsification des élections », a annoncé
Ioulia Timochenko dans une déclaration
lue par son avocat, le député Sergui
Vlassenko, alors que l’alliance incluant
son parti est arrivée en deuxième
position, derrière le parti au pouvoir.
L’ex-Première ministre ukrainienne « a
déjà officiellement informé les
autorités pénitentiaires qu’elle avait
cessé de manger lundi et ne buvait que
de l’eau », a précisé son avocat à la
sortie de l’hôpital à Kharkov (est) où
Timochenko, condamnée à sept ans de
prison pour abus de pouvoir, se trouve
depuis mai en raison d’hernies discales.
Plus tôt dans la journée, les
observateurs de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe
(OSCE) ont, sans surprise, vivement
critiqué à Kiev les élections
ukrainiennes, considérant « qu’elles
avaient marqué un recul de la démocratie
dans cette ex-république soviétique ».
Sans surprise parce que certains
observateurs de l’OSCE annonçaient déjà
« des fraudes » à Kiev ce vendredi … «
En prenant en compte les abus de pouvoir
et le rôle excessif de l’argent dans
cette élection, il semble que les
progrès démocratiques qui avaient été
observés reculent en Ukraine », a
déclaré une représentante de
l’Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe, Walburga Habsburg
Douglas, dans un communiqué.
Des accusations que le vice-Premier
ministre, Sergeï Tigipko, balaie d’un
revers de main : « L’opposition a toute
latitude pour faire campagne ; ils ne se
plaignent que pour préparer leur
faillite prochaine ».
On notera que les
Missions indépendantes non-alignées,
notamment celles d’EODE et d’ECGA, qui
entendent pratiquer un monitoring
électoral scientifique (5) ont publié
des conclusions diamétralement opposées
et concluent à des élections
démocratiques et ouvertes.
L’OCCIDENT EST-IL BIEN PLACE POUR
DETERMINER DES CRITERES DE VALIDATION
DES ELECTIONS ? La
prétention des observateurs occidentaux
et des organisations dont ils sont issus
à prétendre déterminer les critères de
démocratie d’une élection est amusante.
Au moment où la démocratie atlantiste
phare, celle de l’hégémon américain,
s’apprête à élire frauduleusement -
grâce à un système bien rodé en 2000 et
2004 par G. W. Bush et ses spin-doctors,
dont le tristement célèbre Karl Rove,
aujourd’hui au service de Romney -, le
prochain président US.
« Doit-on craindre
des tricheries lors de l’élection
américaine ? », titrait précisément le
quotidien LA LIBRE Belgique (Bruxelles)
ce 30 octobre, précisant que « L’ombre
de 2000 plane sur 2012 : doit-on
craindre des tricheries lors de
l’élection américaine ? Ces doutes ne
sont pas nouveaux et le terme
anglo-saxon de SNAFU revient au goût du
jour : "Situation Normal : All Fucked
Up" (qui peut se traduire par "la
situation est désastreuse, mais ça a
toujours été comme ça") (…) Dans une
élection que tous les sondages annoncent
au coude à coude, chaque voix compte. La
moindre petite manipulation peut tout
changer. » « La triche dans l’Ohio est
possible » nous explique Pierre
Guerlain, professeur de civilisation
américaine à l’université Paris 10
Nanterre-La Défense. « Et dans son
"possible", on entend plutôt un
"probable". » (6) Et
Pierre Guerlain n’est pas le seul à
évoquer un système frauduleux. Voici
Nicholas Dungan, chercheur à l’Atlantic
Council et conseiller auprès de l’IRIS :
« Quand tout est local, il est très
difficile de tout contrôler. »
Pour Wladimir
Churov, président de la Commision
Electorale Centrale de la Fédération de
Russie, “le côté sombre des élections
américaines est que les observateurs de
l’OSCE ont été interdit d’entrée dans
les bureaux de vote, même dans les états
qui sont sous loi fédérale US (…)
malheureusement pour les électeurs
américains, le monitoring international
du processus électoral US, qui semble
sérieusement vulnérable aux
manipulations, n’est pas suffisant pour
garantir les standards démocratiques »
(7). Churov fait ici
allusion à un fait incroyable.
L’interdiction d’entrée des observateurs
de l’OSCE – dont font partie les USA –
dans les bureaux de vote pour l’élection
présidentielle 2012, dans de nombreux
états US, dont notamment le Texas (8).
Ainsi l’OSCE qui entend donner des
leçons de démocratie à de nombreux états
– pas ceux de l’OTAN -, et qui « envoie
régulièrement ses observateurs
surveiller la tenue d'élections dans le
monde entier », est incapable de
contrôler le processus électoral aux
USA, pourtant fortement contesté.
L’UKRAINE DANS LA PERSPECTIVE DE LA
PRESIDENTIELLE DE 2015
Mais revenons à l’Ukraine.
Le pays est divisé par deux visions
opposées de l’avenir. Ecartelé entre les
partisans de l’Occident – OTAN et UE –
et ceux de la « seconde Europe » qui se
construit aujourd’hui autour de la
Russie. « Pressé par
Moscou de rejoindre l’union douanière
avec le Kazakhstan et la Biélorussie
contre une réduction du prix du gaz
russe livré à l’Ukraine, Ianoukovitch
doit aussi ménager l’Union européenne,
censée dans les prochains mois ratifier
avec Kiev un accord d’association
(ASA) ». « Les oligarques ukrainiens ont
investi massivement à l’Ouest et ils ont
peur des Russes, ils se méfient donc de
l’intégration douanière avec Moscou,
analyse Petro Burkovski, politologue à
l’Institut national des études
stratégiques. Ils ont aussi besoin de
stabilité et d’une clarification des
règles du jeu économique. La nécessité
de trouver un équilibre entre ces
intérêts divergents pourrait favoriser
une certaine ouverture ces prochaines
années.» Les différents partis
politiques le savent, la véritable lutte
pour l’avenir politique du pays
s’engagera lors de la présidentielle de
2015. LM
Seconde partie :
Luc MICHEL pour EODE Think Tank /
# EODE THINK TANK / RAPPORT UKRAINE 2012
/
IIe partie : LE CONTEXTE
GEOPOLITIQUE 2004-2015
NOTES ET RENVOIS :
(1) EODE
participait à plusieurs missions de
monitoring lors de ces élections en
Ukraine, en collaboration avec les Ong
ECGA et ICES.
Notamment à KIEV, avec Fabrice Beaur,
administrateur de la Zone Russia-Caucasus
d’EODE. Et à LUGANSK, DONETZ et
DNJEPROPETROVSK, les grandes villes
industrielles de l’Est russophone.
http://www.facebook.com/EODE.org
http://www.eode.org
http://www.vimeo.com/eodetv
(2) What is behind “the relative success
of extreme Ukrainian nationalists at the
latest parliamentary poll? SOVODA, the
Freedom Party, headed by notorious
politician Oleg Tyagnobok, has gathered
about 10 per cent of the votes, which
guarantees it some seats in the
parliament. We must reminded that
Tyagnibok’s last openly anti-Semitic
speech took place in 2004 and that cost
the politician the membership in the Our
Ukraine parliamentary faction and a
parliamentary seat. In the 2004 speech,
Tyagnibok glorified the Ukrainian
nationalists known for their
collaboration with the Nazis and called
upon his supporters “to continue the
struggle against Russians and Jews”.
Cfr. Ukrainian Jews prepare ‘blacklist
of anti-Semites’, RUSSIA TODAY, 31
October, 2012 :
http://rt.com/politics/ukrainian-community-black-anti-semites-637/
(3) “Ukraine remains divided on the
nationalist issue and the events of the
Second World War. Nationalism has
traditionally been strong in the west of
the country. In eastern Ukraine, the
glorification of such figures as Bandera
and Shukevich and the Ukrainian
Insurgent Army has always prompted
protests.
Regularly, nationalists helded
marches in the capital, Kiev, in honor
of the anniversary of the creation of
the Ukrainian Insurgent Army. In
response, local Communists organized
rallies protesting against the
“falsification of history.”
Stepan Bandera was leader of the
Organization of Ukrainian Nationalists
(OUN) which collaborated with Nazi
Germany during World War II. The OUN was
involved in terrorist acts against
civilians who opposed a national
Ukrainian state, as well as in ethnic
cleansing of Poles and Jews in western
Ukraine.
Roman Shukhevych commanded the Ukrainian
Insurgent Army (UPA), a military wing of
the Organization of Ukrainian
Nationalists from 1943 till 1950.
Between 1941 and 1943, he also served in
the armed units of the Third Reich as a
deputy commander of Nachtigall, a
Wehrmacht unit accused by historians of
mass killings of Jews and Poles.”
Cfr. Ukrainian сourt rules against Nazi
collaborators becoming heroes again,
RUSSIA TODAY, 14 October, 2011 :
http://rt.com/politics/ukraine-bandera-shukhevich-decision-859/
(4) Cfr. John Laughland, in SPECTATOR, 6
novembre 2004 :
“A few years ago, a friend of mine was
sent to Kiev by the British government
to teach Ukrainians about the Western
democratic system. His pupils were young
reformers from western Ukraine,
affiliated to the Conservative party.
When they produced a manifesto
containing 15 pages of impenetrable
waffle, he gently suggested boiling
their electoral message down to one
salient point. What was it, he wondered?
A moment of furrowed brows produced the
lapidary and nonchalant reply, “To expel
all Jews from our country”. It is in the
west of Ukraine that support is
strongest for the man who is being
vigorously promoted by America as the
country’s next president: the former
prime minister Viktor Yushchenko. On a
rainy Monday morning in Kiev, I met some
young Yushchenko supporters, druggy
skinheads from Lvov. They belonged both
to a Western-backed youth organisation,
Pora, and also to Ukrainian National
Self-Defence (Unso), a semi-paramilitary
movement whose members enjoy posing for
the cameras carrying rifles and wearing
fatigues and balaclava helmets. Were
nutters like this to be politically
active in any country other than Ukraine
or the Baltic states, there would be
instant outcry in the US and British
media; but in former Soviet republics,
such bogus nationalism is considered
anti-Russian and therefore democratic”.
(5) Voir sur
EODE-TV, à l’occasion d’un colloque
organisé le 13 octobre 2011 à la CHAMBRE
CIVIQUE RUSSE sur les élections russes,
Luc MICHEL analysait le jeu trouble de
l’OSCE et des ONG occidentales :
SCIENTIFIC ELECTION MONITORING VERSUS
WESTERN INTERVENTIONISM
Intervention in the debates in English :
http://vimeo.com/31521294
Conférence en Français :
http://vimeo.com/31178690
Lecture in English :
http://vimeo.com/31499424
(6) Pierre
Guerlain, in « Doit-on craindre des
tricheries lors de l’élection américaine
? », LA LIBRE Belgique, Bruxelles, 30
octobre 2012.
Ecoutons Pierre Guerlain : « Les
machines à voter sont gérées par le clan
Bush depuis des années et des
accointances apparaissent également
entre ces compagnies et les Romney. Déjà
en 2004, la société DieBold, principal
fournisseur de machines à voter dans le
pays, était présidée par Walden O'Dell.
Mais l’homme a une double casquette : il
est à l’époque très actif dans le comité
de réélection de Bush. C’est donc un
républicain pur sucre. En 2004, il a
plus que certainement triché en faveur
de son candidat. Cette année, dans un
certain nombre d’Etats, notamment en
Ohio, swing state qui peut faire
basculer l’élection, les machines à
voter seront fournies par la société
Hart InterCivic, appartenant en partie
au fond d’investissement HIG Capital. Le
malaise apparaît quand le magazine
FORBES, via son chroniqueur Rick Ungar,
annonce que quatre pontes de
l’entreprise, dont le fondateur Tony
Tamer, ont joué un rôle de "collecteur
de fonds" pour le compte de Mitt Romney
pendant cette campagne présidentielle,
tandis que deux membres du conseil
d’administration seraient des
contributeurs personnels de la campagne
du républicain. Le malaise s’installe
lorsque l’on apprend que la société est
le 11e plus important contributeur de la
campagne. Le malaise s’éternise quand on
sait que le fils de Romney, Tagg,
propriétaire de la société
d’investissement Solamere Capital,
partage des intérêts commerciaux avec
HIG Capital. »
« Il faut dire que ces machines sont
faciles à trafiquer : chaque compté
organise le scrutin comme il l’entend,
il y a donc 50.000 façons différentes de
voter, et c’est très difficile à
contrôler », explique encore Pierre
Guerlain. « Et ce n’est pas nouveau (…)
En 2000, l'élection opposant Al
Gore et George W. Bush est quand même
entachée d’énormément de doutes sur
l’honnêteté du processus », « référence
au recomptage des voix en Floride. Il a
fallu un mois à la Cour Suprême pour
déterminer finalement, avec 537 voix
d’avance sur son adversaire, la victoire
de Bush », précise La Libre. Quid de
2012 ? « Les équipes d’avocats sont
prêtes de part et d’autre pour
intervenir. Il est possible qu’il y ait
de gros débats au lendemain de
l’élection et qu’on ne soit pas capable
d’annoncer le vainqueur dans les
premières heure », conclut Pierre
Guerlain. « S’il y a triche, ce sera en
faveur de Mitt Romney. On a parlé de
falsification lors de l’élection de
Kennedy en 1960 mais depuis, les
Démocrates n’ont plus été soupçonnés
bien qu’en 2008, il y ait quelques
doutes. Dans les swing states, notamment
l’Ohio et la Floride, il est possible
que certains chiffres aient été
manipulés mais pas au point de renverser
l’élection. »
(7) Wladimir
Churov, président de la Commision
Electorale Centrale de la Fédération de
Russie : "the dark side of the American
election process is that “OSCE monitors
have been barred from entering polling
stations even in the states where they
may do so under US law
the dark side of the American
election process is that “OSCE monitors
have been barred from entering polling
stations even in the states where they
may do so under US law (...)
Unfortunately for the American voter,
international observance of the US
election process, which seems seriously
vulnerable to manipulation, is not
enough to guarantee democratic
standards”, in
“Hack the vote: Russian election chief
rips US elections, voting machines”,
RUSSIA TODAY, 31 October 2012 :
http://rt.com/politics/russia-us-elections-churov-voting-machines-648/
(8) L'Etat du
Texas, dans le sud des Etats-Unis,
menace de poursuivre en justice les
observateurs de l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe
(OSCE) si ceux-ci se rendent dans des
bureaux de vote lors de l'élection
présidentielle du 6 novembre. Le
ministre de la Justice de cet Etat,
majoritairement conservateur, Greg
Abbott, a prévenu cette semaine l'OSCE
que ses observateurs ne seraient pas
autorisés à moins de 30 mètres d'un
bureau de vote, au risque de commettre
"une infraction criminelle". "Tout
manquement à cette exigence pourrait
conduire à des poursuites en justice des
représentants de l'OSCE", écrit M.
Abbott dans une lettre au chef de
l'unité des institutions démocratiques
et des droits de l'Homme de l'OSCE, Daan
Everts. "Tout groupe ou individu venu de
l'extérieur des Etats-Unis n'est pas
autorisé à influer ou à s'ingérer dans
le processus électoral au Texas",
poursuit-il.
Il reproche notamment à Daan Everts
d'avoir rencontré des associations comme
Project Vote, qui se battent contre une
nouvelle loi électorale au Texas jugée
discriminatoire pour les minorités
défavorisées. Cette loi de 2011, rejetée
par une cour d'appel de Washington en
août, requiert, pour pouvoir voter, de
présenter un permis de conduire, un
passeport ou un permis de port d'armes,
mais retoque la carte d'étudiant ou le
justificatif de domicile, jusque là
autorisés. Le Texas a fait appel de
cette décision devant la Cour suprême
américaine. De nombreuses voix estiment
que cette loi disqualifie les électeurs
issus des minorités, majoritairement
favorables aux démocrates, car ils n'ont
souvent pas d'acte de naissance ou parce
que l'établissement d'une pièce
d'identité leur est coûteux et
compliqué. Greg Abbott cite un avis de
l'OSCE pour qui cette mesure serait "un
obstacle au droit de vote". "Votre
opinion n'est pas légalement valable aux
Etats-Unis, où la Cour suprême a déjà
jugé ces lois constitutionnelles" (en
Géorgie et dans l'Indiana, ndlr), estime
M. Abbott.
Cfr. « Au Texas, les observateurs
internationaux ne sont pas les
bienvenus », in LE MONDE, Paris, 24
octobre 2012 :
http://www.lemonde.fr/elections-americaines/breve/2012/10/24/au-texas-les-observateurs-de-l-onu-ne-sont-pas-les-bienvenus_1779940_829254.html
et « Le Texas met en garde l'OSCE :
défense de s'approcher des bureaux de
vote », LIBERATION, Paris, 25 octobre
2012 :
http://www.liberation.fr/monde/2012/10/25/le-texas-met-en-garde-l-osce-defense-de-s-approcher-des-bureaux-de-vote_855941
Photos :
Manifestation en faveur du Parti des
régions de Viktor Ianoukovitch, à Kiev
(Photo Gleb Garanich. Reuters).
Dépouillement à Odessa.
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