Info Syrie
Qui tue les
pilotes syriens
Louis
Denghien
Ce n’est
pas à la mitrailleuse lourde, et encore
moins à la Kalachnikov,
que sont abattus des jets syriens…
Vendredi 19 octobre
2012
Un de nos visiteurs a émis
des doutes hier sur le fait que la tête
brandie par des rebelles ait pu
appartenir, comme nous l’écrivions (voir
notre article « Hollande soutient des
coupeurs de tête ! », mis en ligne le 18
octobre 2012) à un pilote d ‘un
appareil abattu voici 48 heures entre
Idleb et Maarat al-Numan. Notre
collaboratrice Cécilia a pu par sa
famille obtenir des précisions à ce
sujet, et confirme qu’il s’agit bien,
malheureusement, d’un pilote de l’armée
de l’Air syrienne. Originaire de Homs il
s’appelait Mohammad Aboud, était
surnommé Abou Alaa, et était père de
trois enfants dont l’aîné est étudiant
en deuxième année à l’université et le
plus jeune a 11 ans. La femme de ce
pilote est ingénieur. Toute la famille
est alaouite, ce qui constituait pour se
bourreaux un « crime » supplémentaire.
Cette décapitation en
annoncerait bien d’autres le cas de
victoire de ces fanatiques dont le
malheureux Hollande a fait les
combattants du Droit et de la Liberté.
Il est douteux que le président français
voit jamais cette vidéo, mais il est
probable en revanche qu’elle est déjà
connue par des membres du Quai d’Orsay,
des membres de la DGSE et de l’Armée
française, ainsi que par quelques «
spécialistes » des médias. Le silence de
ces derniers est bien le plus accablant.
Une mini-DCA pour
coupeurs de têtes
Il est vrai que les
Occidentaux, refusant de perdre la face
et la bataille, semblent vouloir
poursuivre leur politique d’armement de
rebelles, quels qu’ils soient. Un
article du quotidien américain
Wall Street Journal, et une récente
vidéo diffusée sur
You Tube semblent montrer que
certains rebelles, entre Alep et Idleb,
disposent de systèmes Manpad, une arme
anti-aérienne portative. Le
Wall
Street Journal indique que ce type
d’armements, encore dénommés «
systèmes
missiles sol-air à très courte portée
» (SACP), a franchi, on s’en doutait, la
frontière turque au cours des deux
derniers mois. La prolifération de ce
type d’armements pourrait expliquer les
récentes pertes en hélicoptères et en
jets de l’armée de l’Air syrienne, dont
les appareils opèrent à basse altitude.
Ces derniers jours, la rébellion a
revendiqué la destruction de pas moins
de quatre appareils – hélicos ou avions
– dans le nord du pays. toutes ne sont
pas confirmées, mais le rythme s’est
accéléré par rapport aux mois
précédents.
Cette DCA portative et
individuelle ne serait pas tous de
fabrication américaine. Selon des
sources citées par le média russe
international
Russia
Today, il s’agirait pour une part
de.. matériel russe. Soviétique pour
être précis : en août, certains rapports
parlaient du système lance-engins Strela,
dont vingt exemplaires seraient parvenus
à la rébellion.
Ce n’est évidemment pas
Poutine qui les a fournis. Strela ou
Manpads viendraient essentiellement,
selon le
WSJ qui le tient de rebelles, des
arsenaux de Kadhafi, avec les
volontaires islamistes libyens.
Embarras américain &
mise en garde russe
Cela ne fait d’ailleurs pas
tout à fait les affaires de
l’administration Obama. Le
WSJ a recueilli les confidences
d’un officiel du gouvernement qui se dit
« concerné
par la prolifération des Manpads« .
Et en effet, ces armes sont susceptibles
de tomber dans de mauvaises mains
djihadistes. Et un article à la une d’un
autre grand média américain,
The New
York Times, témoignait cette
semaine de ce que que les livraisons
d’armes payées par les monarchies du
Golfe vont dans une large part aux «
groupes
islamistes durs« . Ce que traduit
la déclaration faite au
NYT,
sous couvert d’anonymat, par un autre
haut responsable américain.
«
Les
groupes d’opposition qui reçoivent
l’essentiel de l’aide « léthale » sont
exactement ceux dont nous ne voulons pas
qu’ils les aient« . Double langage
destiné à sauver les apparences ? Nous
ne le pensons pas.
Cette angoisse tardive
expliquerait que la CIA et le Pentagone
aient renforcé leur présence en Turquie,
dans la zone-frontière. Chaque semaine,
deux ou trois cargaisons d’armes
arriveraient dans des ports turcs, les
bateaux venant sans doute de Libye et du
Liban.
Ce phénomène vient en tout
cas de susciter des réactions russes. Le
porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Alexandre Loukachevitch
s’est publiquement inquiété, le 18
octobre, de cette introduction des SATCP
dans la panoplie de la rébellion
syrienne :
«
Transférer
aux rebelles syriens une arme aussi
redoutable que des lance-missiles
sol-air ou autoriser de telles actions
constituerait une démarche très
dangereuse. Cela équivaudrait de fait à
armer des terroristes internationaux,
car selon le New York Times, les
responsables officiels américains savent
pertinemment que la majeure partie des
armes livrées à l’opposition syrienne
par le Qatar et l’Arabie saoudite finit
entre les mains d’islamistes », a
indiqué M. Loukachevitch.
Il a souligné que Moscou
considérait les Etats-Unis comme un
partenaire important dans les efforts
visant à régler le conflit syrien et
qu’il attendait des actions responsables
de leur part.
Dans le même temps, le
vice-premier ministre russe Dimitri
Rogozin a estimé que si de telles
livraisons se poursuivaient en Syrie, le
fameux « Printemps arabe » serait suivi
d’ »un été
chaud que personne n’aimera !« . En
effet mais on espère que la russie
fournira à la Syrie des contre-mesures
aux missiles portables.
C’est sans doute une de ces
armes, payées par le Qatar ou données
par le CNT libyen, et transférées en
Syrie avec la complicité d’Erdogan, qui
a coûté la vie au pilote Mohammad Aboud
et à d’autres. Mais
elles risquent de coûter bien d’autres
vies, ce type d’armes contraignant les
appareils à frapper de plus haut, et
donc avec bien moins de précision, des
rebelles agissant au milieu de la
population.
Publié le 19 octobre 2012 avec l'aimable
autorisation d'Info Syrie
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|