Opinion
Encore raté,
messieurs !
Louis
Denghien
Li-Baodong,
représentant permanent chinois à l'ONU :
il est avec son collègue russe Vitali
Tchourkine celui qui a bloqué -
définitivement ? - la machine
occidentale à bombarder, sinon à
affamer, la Syrie
Samedi 4 février
2012
La nouvelle est tombée peu
avant 18 heures (heure française) : les
Occidentaux ayant voulu imposer un vote
sur un texte certes amendé dans le bon
sens – du point de vue syrien -, mais
restant ambigu sur le point capital du
maintien dans ses fonctions du président
Bachar al-Assad, les Russes et les
Chinois ont, ainsi qu’ils l’avaient
annoncé ce matin, opposé leur véto à ce
projet de résolution d’approbation du «
plan de
paix » de la Ligue arabe.
C’est donc un fiasco de
plus pour les aspirants ingérents de
l’Occident atlantiste – c’est la
définition la plus juste nous
semble-t-il de l’ensemble politique
euro-américain, même si certains
pourront nous reprocher d’omettre
l’épithète « sioniste ». Un échec
durable, sinon définitif, car le bloc «
ingérent » avait tout fait pour
convaincre Moscou et Pékin au minimum de
s’abstenir lors du vote décisif. Il y
avait donc la carotte : pas mal de
concessions avaient été faites au fur et
à mesure des discussions par les
Occidentaux, avec la reconnaissance –
bien tardive – de la violence des
groupes armés de l’opposition, la
réaffirmation de l’engagement de ne pas
perpéter d’intervention militaire comme
naguère en Libye ; et même, dans
l’ultime version marocaine du projet, la
mention explicite du retrait politique
de Bachar avait disparu. Mais le flou
subsistait à ce sujet, et ni Moscou ni
Pékin n’ont voulu prendre le risque de
croire en l’honnêteté intellectuelle et
politique du camp adverse.
L’Occident n’est plus crédible hors
d’Occident
Et puis il y avait aussi la
menace, le bâton : jusqu’au dernier
moment, ce samedi 4 février, les
dirigeants de l’Ouest américano-centré –
c’est encore une appellation possible –
ont multiplié les condamnations orales
et morales du gouvernement syrien,
tentant d’exploiter les sanglants
incidents de vendredi à Homs, présenté
par l’opposition et les médias comme un
massacre délibéré de 200 civils par
l’armée, alors que ce qui se passe dans
cette ville n’est ni plus ni moins qu’un
affrontement entre soldats et insurgés
armés. Du coup, on a pu entendre ou lire
Obama dénoncer le caractère «
abominable
» du régime – fort sans doute qu’il
était du bilan américain en Irak et en
Afghanistan – et réclamer une fois de
plus le départ de Bachar, tandis que son
proche collaborateur français Alain
Juppé – d’ailleurs très justement défini
il y a moins de 48 heures par le
président sénégalais comme un «
sous-ministre américain des Affaires
étrangères » – parlait à propos de
Homs de «
crime conte l’humanité« ,
oubliant les milliers
de cadavres libyens qu’il a allègrement
enterrés dans les tréfonds de son
cerveau atlantiste et technocratique.
Mais, comme on sait, rien
n’y a fait, ni la Russie ni la Chine –
pour ne parler que d’elles – ne
pouvaient plus croire dans les belles
paroles ni se laisser impressionner par
les condamnations morales d’une
coalition atlantiste perçue comme
impérialiste, cynique et manipulatrice.
Dès ce samedi matin 4 février, Serguei
Lavrov avait très clairement averti ses
adversaires à ce sujet (voir
notre article « Conseil de sécurité : le
niet – puissamment réaffirmé - des
Russes », mis en ligne le 4 février).
C’est donc un jour faste
pour la Syrie telle qu’elle est et elle
qu’elle entend rester. Il faut encore
que le gouvernement réprime – les tueurs
et fauteurs de guerre civile – et
réforme – son administration, et
l’organisation de sa vie politique.
Pour paraphraser – à
l’envers – de Gaulle, la Syrie vient de
gagner une bataille importante, elle n’a
pas encore gagné la guerre, mais elle
peut tenir jusqu’à la victoire.
Publié le 5 février
2012 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
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