Opinion
À Damas, encore
des incidents,
plus de « bataille »
depuis dix jours
Louis
Denghien
L’armée a
acheminé jeudi de nouveaux renforts vers
Alep
Vendredi 3 août
2012
La bataille de Damas, telle
qu’ont voulu nous la « vendre » à la
mi-juillet l’ASL, le CNS et l’OSDH,
s’est terminée vers le 25 juillet par la
défaite totale de l’ASL. Mais demeurent
quelques bandes qui s’efforcent
d’entretenir l’insécurité dans l’immense
agglomération damascène, permettant
ainsi à l’OSDH d’entretenir, elle, une
énième fiction médiatique : l’ASL serait
toujours prête à contrattaquer à Damas,
à reprendre l’offensive.
Mais l’habileté et
l’imagination d’un Rami Abdel Rahmane,
patron de l’OSDH, ne peuvent tout de
même pas transformer des incidents de
quartiers en bataille de Stalingrad,
même si les médias français continuent
vaille que vaille à souffler sur les
braises en espérant voir repartir
l’incendie.
Bref, l’OSDH fait état
aujourd’hui de «
violents
combats » – un véritable gimmick
sémantique de sa part – à Tadamone,
quartier méridional de Damas où, assure
R.A. Rahmane, plus que jamais dans le
registre de la statistique magique, «
il reste
beaucoup de rebelles« . Et l’OSDH
parle de quinze victimes dans le camp de
réfugiés palestiniens de Yarmouk, au sud
de la ville, qui auraient été victimes –
« forcément » comme aurait pu dire
Marguerite Duras – de tirs de mortiers
de l’armée, jeudi soir – même si, cette
fois, l’OSDH se fait moins affirmative,
déclarant ignorer pour l’heure l’origine
des tirs. L’opposition
syrienne manipulant les cadavres aussi
bien que les images, les statistiques et
les expressions guerrières, nous verrons
ce qu’en dit l’armée et le gouvernement
syriens.
Une choses est sûre : les «
violents
combats » que décrit depuis Londres
ou Coventry M. Rahmane avec la
conviction d’un fonctionnaire de la
désinformation ne sont que des incidents
sans portée stratégique et politique. Ce
qui a en revanche, une certaine
signification militaire, c’est que ces
derniers jours, les combats ou
accrochages n’intervenaient plus qu’à
l’extrême limite sud-ouest de
l’agglomération, vers Jdaidet Artouz :
un simple coup d’oeil à la carte de
Damas monte bien que l’ASL, en dépit
d’éventuelles et sporadiques «
animations de quartier », a bien été
chassée en »corps constitué » de la
capitale syrienne.
L’OSDH signale d’autres «
bombardements« , d’autres «
violents
combats » dans le secteur désormais
tristement célèbre, de Houla, dans la
nuit de jeudi à vendredi. Et l’officine
londonienne de désinformation parle
aussi de «
dizaines » de morts ans le quartier
d’al-Arbaine à Hama, suite à une
opération de l’armée jeudi matin. On
notera tout de même que l’OSDH parle de
« civils
ET de rebelles » tués, la frontière
entre ces deux catégories ayant toujours
volontairement été maintenue floue par
l’OSDH. Et c’est vrai que l’armée mène
assez régulièrement, à Hama, des raids
contre des locaux et points d’appui
rebelles. Et toute la mission de l’OSDH,
c’est de transformer ces opérations
ponctuelles et ciblées en massacres
aléatoires de «
civils«
.
Alep : de
la méthode Coué comme stratégie de l’ASL
La bataille des mots et des
communiqués, l’ASL et ses relais
médiatiques la poursuivent aussi avec
acharnement à Alep : un porte-parole des
rebelles, un certain commandant Abdel
Aziz Salamé, déclarait hier que ceux-ci
contrôlaient «
la moitié
» de la ville, que la situation des
insurgés était «
très, très
bonne« , et que l’ASL s’appliquait
à encercler la ville pour empêcher
l’armée syrienne d’envoyer des renforts.
Bref, les encerclés
encerclent ! Mais toute cette méthode
Coué, même retransmise par l’AFP
et Reuters,
demeure impuissante à contraindre les
faits : depuis 48 heures, par exemple,
les rebelles parlent de leurs attaques
contre l’aérodrome militaire de Malegh,
base de départ des hélicoptères et
avions intervenant sur Alep, et située à
une trentaine de kilomètres au
nord-ouest de la capitale économique
syrienne. Mais hier soir, le commandant
Salamé reconnaissait qu’en dépit de
l’intervention de quelques blindés pris
à l’armée à Anadane quelques jours plus
tôt, la base n’était toujours pas en son
pouvoir. Salamé a précisé que durant
l’attaque, qui a duré cinq heures, dix
rebelles ont été blessés et dix sont
portés disparus. L’armée aurait, selon
lui, envoyé des Migs «pour
nous chasser et les rebelles se sont
repliés». Si lui-même le dit.
La chaîne d’information
continue arabe
al-Mayadeene,
créée dernièrement pour contrer la
désinformation anti-syrienne d’al-Jazeera
(par des dissidents de celle-ci),
rapporte que des renforts militaires
sont encore arrivés à Alep jeudi. L’OSDH
se contentait de signaler ce matin le
bombardement du quartier de Salaheddine,
comme si celui-ci était encore aux mains
de l’ASL. Et c’est à peu près tout pour
la « bataille d’Alep » vue du côté de
l’opposition médiatique :
visiblement, les
insurgés ne progressent pas vraiment et
n’ont guère que la prise de deux ou
trois commissariats de quartier à jeter
en pâture aux journalistes depuis trois
ou quatre jours.
L‘AFP
cite une «
source de sécurité » syrienne,
selon laquelle l’armée « teste
et observe le système de défense des
terroristes, tente de découvrir leurs
cachettes avant de les annihiler en
menant une opération chirurgicale«
. Cette stratégie, dictée par la
configuration urbaine, et aussi le
statut de la ville d’Alep, est forcément
plus lente que celle du marteau-pilon.
Pour autant, les hélicoptères continuent
de mitrailler, à Salaheddine et dans les
secteurs avoisinants le positions et
déplacement des rebelles.
Répétons
encore une fois, au-delà de épisodes et
incidents militaires du jour, que leurs
effectifs (les pertes importantes qu’ils
subissent), leur situation
d’encerclement, et aussi leur nature
idéologique et psychologique de
fanatiques obscurantistes -illustrée
tout récemment par l’exécution de
sunnites fidèles au gouvernement –
interdisent à l’ASL et aux islamistes
radicaux toute espérance de victoire à
Alep.
Indépendamment de toutes considérations
militaires, le projet de société porté
par ces
sympathiques jeunes rebelles leur
interdit tout espoir de succès à Alep et
ailleurs
Publié le 3 août 2012
avec l'aimable autorisation d'Info Syrie
Le
dossier Syrie
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