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Al Manar
Politiques de la peur:
les pays du Golfe achètent des armes pour 123 milliards $
Leila Mazboudi
Photo: Al-Manar
Mercredi 22 septembre 2010
Dans l’un des plus grands
contrats d’armements , 4 pays du Golfe envisagent de s’acheter
des armements pour le montant de 123 milliards de dollars. Le
principal fournisseur étant bien entendu les États-Unis.
Selon le quotidien britannique Financial Times, l’Arabie
saoudite devrait s’accaparer une part de 67 milliards, en
échange de laquelle elle devrait obtenir 85 avions de chasse de
type F15, et moderniser 70 avions qui sont déjà en sa
possession. Elle devra également s’acquérir des hélicoptères de
combat, des systèmes de défense anti missiles, et des navires de
guerre, si ces achats sont validés par le Congrès.
Quant aux Emirats arabes unis, et dont le contrat d’armements
s’élève à près de 40 milliards de dollars, ils ont obtenu le feu
vert pour s’acquérir des missiles Thaad anti missiles, ainsi que
des systèmes de défense Patriot.
Alors que le sultanat d’Oman va obtenir 18 avions de type F16 et
en moderniser 12 autres, pour le montant de 12 milliards, le
Koweït va dépenser la somme de 7 milliards de dollars pour
remplacer et moderniser ses avions de guerre, et s’acheter deux
nouveaux systèmes de commande et contrôle afférents. ce pays a
également conclu un accord pour développer les systèmes de
missiles anti missiles Patriot.
Selon le journal britannique, ces énormes transactions
d’armements reflètent la peur de ces quatre pays du Golfe, en
cas d’attaque américaine et israélienne contre lui d’une riposte
iranienne contre des bases américaines sur leurs territoires, ou
les installations pétrolières, ou contre le détroit d’Ormuz,
dans le golf persique, entravant le passage des oléoducs.
Or, pour le rédacteur en chef du journal londonien arabophone
AlQuds AlArabi, Abdel Bari Atouane, ce genre de transactions
n’est que le fruit des politiques de peur menées par les
Américains, en amplifiant les capacités militaires de certains
pays voisins pour promouvoir les ventes d’armes, ou persuader
ces pays de "ses guerres interminables » . Atouane révèle à cet
égard que la roi saoudien était d’abord réticent quant à cette
transaction, mais a dû plier sous les coups de cette politique
de peur.
A noter que ces politiques de peur sont généralement
véhiculées par des centres d'études américains de renommée, qui
évoquent avec des mots pompeux l'arsenal militaire iranien. (
voir par exemple l'étude réalisée dernièrement par le Antony
Cordsman, directeur du Centre d'études stratégiques et
internationales américaines dans laquelle il opère une
comparaison entre les capacités militaires iraniennes et celles
des pays du Golfe, pour conclure que celles de l'Iran étaient
nettement supérieures).
Atouane perçoit aussi ans ce contrat des tentatives pour
sauver l’industrie militaire américaines, rappelant que les
ventes militaires américaines ont connu une baisse pour
atteindre les 22 milliards de dollars l’année dernière, alors
qu’elles étaient de l’ordre de 38 l’année d'avant.
Atouane soupçonne également des liens entre ce genre de contrats
énormes et des commissions qu’empochent certains émirs
influents. Evoquant à l’appui l’affaire des Yamama, qui a éclaté
en Grande Bretagne, relative à un contrat signé entre l’Arabie
Saoudite et la Grande Bretagne au début des années 80, pour le
montant de 76 milliards de dollars. Éclaboussé par les pots de
vins astronomiques empochés par des émirs influents, l’affaire
révèle que l'un d’entre eux avait empoché la somme de 2
milliards de dollars. Raison pour laquelle le premier ministre
britannique Tony Blair avait intervenu en personne pour empêcher
la poursuite de l’enquête, arguant la défense de la sécurité
nationale britannique.
Il y a quelques années, rappelle Atouane, le roi saoudien a
suspendu provisoirement l’achat d’avions Euro Fighter, pour le
montant de 8 milliards de dollars, sur sollicitation de Blair
qui s’était plaint du pourcentage élevé des commissions fixé à
25%.
Par ailleurs, le chroniqueur arabe s’étonne que les pays du
Golfe s’inquiètent du programme nucléaire iranien, alors que la
Turquie, pays voisin de l’Iran n’affiche nullement cette
inquiétude.
« Il faut que les pays du Golfe craignent les États-Unis
et d’Israël, beaucoup plus que le danger iranien », a-t-il
conseillé aux pays du Golfe, leur rappelant la position du
Koweït qui a soutenu l’Irak, dans sa guerre contre l’Iran pour
ensuite devenir sa première victime.
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 22 septembre 2010
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