Al Manar
Les dessous du 39ème
veto américain pro israélien,
sur fond de révoltes arabes
Leila Mazboudi
Photo: Al-Manar TV
Samedi 19 février 2011 Ce ne fut une surprise pour personne,
que les Etats-Unis opposent leur veto à une résolution arabe
condamnant la politique de colonisation israélienne.
Il faut dire que c’est la 39ème fois depuis 1967, que Washington
l’oppose dans la tribune onusienne, pour empêcher une
condamnation d’Israël. Certains vetos contestaient des textes
condamnant la colonisation dans les territoires palestiniens de
1967.
Mais ce vendredi, le veto américain résonnait tout seul dans
l’enceinte du Conseil de sécurité. Sans abstention, ni absence
parmi les 14 autres membres du Conseil.
Le texte parrainé par quelque 130 pays affirmait que "les
colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens
occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, sont illégales et
constituent un obstacle majeur à la réussite d'une paix juste,
durable et globale".
Mêmes la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont tenu à
rappeler après le vote "le caractère illégal" de la colonisation
et "la menace" qu'elle constituait pour une solution à deux
Etats.
Indifférente, l’administration d’Obama est allée jusqu’au bout
pour son premier veto.
Question de satisfaire toute seule l’entité sioniste, qui a
remercié le président Obama et appelé les Palestiniens à
reprendre immédiatement et sans conditions préalables les
négociations directes.
Au mépris de la colère des Palestiniens, exprimée avec fadeur
vendredi, par la voix de l’un de ses principaux négociateurs de
l’Autorité Yasser Abed Rabbo. Lequel a regretté une « décision
malheureuse, déséquilibrée et qui affecte la crédibilité de
l’administration américaine », et rapporté un engagement pour
"réévaluer" la position de l’Autorité.
En effet et plus que jamais, ce 39ème veto américain
montre que les procédés du gouvernement de Mahmoud Abbas pour
restituer les droits du peuple palestinien n’ont aucune
efficacité.
S’étant soumis sans contrepartie aux diktats israélo-américains,
en sacrifiant la résistance et l’unité palestiniennes, il manque
d’atouts de force pour pouvoir imposer ses conditions.
De plus, le veto montre aussi que Washington n’a jamais été
sérieux dans ses efforts de trouver une solution juste au
conflit israélo-palestinien, dans le cadre des résolutions
onusiennes et des frontières de 1967.
Il apporte une nouvelle preuve à la conviction selon laquelle la
super puissance, de par les conférences qu’elle organise, et les
engagements qu’elle donne (dont le plus éclatant celui
d’inscrire en 2012 un état palestinien à l’ONU) ne fait
que disséminer de faux espoirs aux Palestiniens et Arabes
qui prônent la négociation comme moyen de restitution des droits
du peuple palestinien.
Et qu’elle continue de faire en sorte !
Comme en témoigne l’absurdité de l’explication affichée peu
après le vote, par l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice
: « Le projet de résolution s’il avait été adopté aurait pu
encourager les parties à demeurer en dehors des négociations ».
Un tour en rond qui consacre le principe de négocier pour
négocier.
Ainsi que sa prétendue admission que la colonisation israélienne
détruit "la confiance entre les parties" et menace "les
perspectives de paix"…
De la poudre aux yeux, pour camoufler ce soutien
inconditionnel à l’entité sioniste.
Mais cette fois-ci le timing du veto est particulièrement
délicat.
Survenu à un moment où plusieurs régimes alliés des USA
sont confrontés à des contestations, "cela n'est pas fait pour
améliorer leur image à un moment particulièrement sensible", a
appréhendé un diplomate américain sous couvert d'anonymat après
le vote.
Ce qui explique les raisons pour lesquelles les Américains
ont cherché à éviter le veto, en tentant jusqu’à la
dernière minute de convaincre les Palestiniens de renoncer à la
résolution et d’adopter à la place une déclaration de la
présidence du Conseil de sécurité.
Ce qui explique aussi l’obstination d’Abbas, qui en insistant
sur le texte de la résolution, à l’insu du veto, affiche
au grand jour les véritables intentions américaines sur les
colonisations. Voire sur le processus de paix en général.
La tactique n’est pas si ingénieuse. Le veto américain
n’étant que le prolongement de la position molle de Washington,
il y quelques mois, face au refus de Tel Aviv sa demande d’un
nouveau moratoire sur les colonisations. Sans compter les
38 autres vetos…
Au temps du réveil des peuples arabes, Abbas devrait faire plus
pour l’exploiter en faveur du peuple palestinien…
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 20 février 2011
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