Opinion
Dernière bataille
israélo-palestinienne :
une victoire pour la résistance
Leila
Mazboudi
Jeudi 15 mars 2012
Constat incontestable
au lendemain du cessez-le-feu signé
entre les Israéliens et les Palestiniens
: le Jihad islamique a eu le dernier
mot.
Preuve à l’appui : la condition que ce
mouvement de résistance palestinien a
stipulée pour mettre fin aux quatre
jours de combats, fut prise en compte
pour la finalisation de l’accord de
trêve : Israël s’est engagé à ne plus
liquider les militants palestiniens
recherchés.
«
Le cessez-le-feu, négocié grâce aux
efforts de médiation de l'Egypte, est
une victoire sans précédent de la
résistance », a affirmé haut et fort le
chef du mouvement Jihad islamique
Abdallah Challah, dans un message
enregistré, diffusé mardi devant des
milliers de partisans de son mouvement à
Gaza. « Puisque ce cessez-le-feu inclut
une mesure engageant les Israéliens à ne
pas cibler tout militant palestinien
recherché », explique-t-il.
Durant les affrontements qui ont suivi
l’assassinat par l’entité sioniste du
chef de la faction des Comité
populaires, c’est ce mouvement de
résistance qui dirigeait la bataille. Il
a perdu 14 de ses combattants.
« Au comble de la bataille, les brigades
d’AlQuds, branches militaire du Jihad
islamique ont déclaré que si l’ennemi
menace d’élargir le champ de la guerre à
Gaza, ils sont prêts à allonger la
portée de leurs roquettes en profondeur,
et ils (les Israéliens) savent jusqu’où
elles peuvent arriver », rappelle
Challah. En allusion à la conférence de
presse tenue par les brigades lundi.
Et
pour cause, sur le terrain, le Jihad a
lancé la majorité des 250 obus et
roquettes lancés contre les colonies
israéliennes, dont certains ont frappé
Gani Yebna, au sud d’Ashdod, pour
riposter aux 37 raids aériens
israéliens.
Durant les dernières
heures de négociations, c’est aussi le
Jihad qui était le principal
interlocuteur, si ce n’est l’unique. La
médiation s’alternant entre les
Égyptiens, l’Autorité palestinienne et
le Hamas (aussi !!) Pour lui, pas
question de revenir à l’équation
«accalmie contre accalmie», imposée par
les Israéliens, après la dernière guerre
israélienne « Plomb durci » contre la
Bande de Gaza.
De son bureau à Damas,
le chef du Jihad négociait d’égal à
égal. Il refusa un premier cessez-le-feu
décidé par l’Égypte le lundi à midi,
mettant sur la table une condition
incontournable : l’arrêt des
liquidations.
Lorsque le médiateur palestinien lui
rapporta qu’ « Israël ne négocie pas sur
sa sécurité, il répondit : « le
Palestinien ne négocie pas sur sa
sécurité ».
Lorsqu’il le mit en garde qu’Israël a
menacé de renforcer ses frappes contre
la résistance, à ce moment-là, ce sont
les Brigades d’AlQuds en personne qui
ont répondu. Via leur conférence de
presse susmentionnée : « Nos roquettes
iront plus loin ».
Côté
israélien, le message fut vite compris.
Cela faisait des mois que les services
de renseignements israéliens alertaient
que le Jihad et le Hamas détiennent des
roquettes de 70 Km de portée,
c’est-à-dire pouvant atteindre Tel Aviv.
La défense civile israélienne avait elle
aussi réalisé des manœuvres dans cette
ville simulant la chute de roquettes
venant de Gaza. Pis encore : leur
système d’interception « Dôme de fer »
sur lequel se portaient leurs espoirs
pour neutraliser les roquettes
palestiniennes ne put en intercepter
qu’une cinquantaine. (Le cinquième !)
Ainsi Israël donna son
feu vert aux Égyptiens pour inclure dans
leur déclaration la suspension des
liquidations.
« La résistance a donné une grande leçon
à l’occupation. Elle a réalisé une
victoire, en imposant sa volonté et en
refusant de se plier à la volonté de
l’occupation, en lui infligeant un échec
et en le privant de sa sécurité et sa
force de dissuasion », a eu bien raison
de dire Challah. Il conclut toutefois en
relativisant: « une bataille est
terminée certes, mais pas le conflit qui
ne sera achevé qu’après la libération de
toute la Palestine et le démantèlement
de l’entité sioniste criminelle ».
Du
côté des Israéliens aussi, règne le
pressentiment que d’autres rounds auront
lieu. Plus que jamais, le ton des
responsables israéliens penche pour la
relativisation. Pas d’annonce de
victoire, ni de déclaration de défaite.
Malgré un déséquilibre des forces
militaires en leur faveur, sans commune
mesure.
C’est le cas de celui qui a dirigé la
bataille, le commandant militaire
israélien de la région du sud Tal Russo,
selon lequel « il n’y a pas de bâton
magique pour faire cesser le feu de la
Bande de Gaza ».
Pour s’expliquer, il attribue ceci au
fait qu’il n’y a pas une seule instance
qui gouverne la bande de Gaza et à la
présence de nombreux éléments insurgés
qui refusent l’accalmie, n’excluant pas
l’éventualité qu’elle soit violée.
Laissant entendre que le problème n’est
pas chez les Israéliens qui font de leur
mieux.
Le général israélien relativise même le
recours à une force de frappe plus
puissante, lorsqu’on lui fait remarquer
qu’elle a été modérée : « les frappes
les plus fortes ne veulent pas dire que
nous allons réaliser les résultats
escomptés » dit-il, prévoyant que « même
un prochaine round n’apportera pas de
solution absolue ».
Signalant qu’il ne perçoit pas cette
bataille comme une victoire ou un
succès, il semble surtout se résigner «
qu’Israël n’a pas de contrôle sur ceux
qui ouvrent le feu ».
Dans les médias, force
est de constater que certains
s’attellent pour transposer la bataille
vers l’intérieur palestinien prétendant
que le gros perdant n’est autre que le
Hamas : « Le mouvement du Jihad
Islamique a réussi durant les derniers
jours de l’escalade à mettre le Hamas de
côté et à l’acculer au coin du mur »,
écrit le Yediot Aharonot selon lequel «
le Jihad islamique est devenu une force
centrale qui menace l’hégémonie du Hamas
, au moins en ce qui concerne la
résistance contre Israël ».
La manigance israélienne n’est certes
pas nouvelle. Depuis son implantation
dans la région, il l’utilise chaque fois
qu’il se trouve en mauvaise posture.
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