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Al Manar
« Israël », source
des divisions interarabes: le cas du Soudan
Leila Mazboudi
Photo: Al-Manar TV
Mardi 11 janvier 2011
Dans sa stratégie de soumettre le
monde arabe et islamique, l’entité sioniste, promu depuis sa
création à être l’avant-garde du projet impérialiste occidental,
s’est fixée comme tactique de le diviser.
Comment ? En poussant ses différentes composantes à revendiquer
des entités politiques autonomes.
Dès lors, toutes les minorités religieuses, ethniques ou
nationales sont la cible préférée de la machine infernale
israélienne.
Qu’il s’agisse des Maronites au Liban, des Kurdes en Irak, Syrie
ou en Turquie, des Berbères au Maghreb, des Coptes en Égypte,
des sudistes au Soudan et la liste s’allonge...
Il fallait surtout inculquer à ces communautés, le gout des
revendications séparatistes, et de créer en conséquence de
petits entités, impuissantes, en conflit les unes avec les
autres, douteuses les unes des autres, et par conséquent
soumises à la supériorité israélienne, nourrie grâce à
l’Occident.
Le Soudan, le plus grand pays arabe, l’un des plus riches en
ressources naturelles, est l’un des cas auquel s’est avidement
et précocement penché le machiavélisme sioniste, depuis sa
séparation de l’Égypte :
« dès le début, depuis son indépendance dans les années
50, des estimations israéliennes ont estimé qu’il ne
fallait en aucun cas permettre à ce pays, quoiqu’il soit loin de
nous, de devenir une puissance pour s’ajouter à celle du monde
arabe. Il pourrait devenir une puissance non négligeable. A la
lumière de ces évaluations, Israël se devait de dépêcher ses
services et ses bras sur la scène soudanaise, pour aggraver ses
crises, et contribuer à en créer de nouvelles, de sorte que ces
crises deviennent incurables ».
Ces révélations des plus franches reviennent à un ancien
ministre israélien de la sécurité, Avi Dechter. Il les a
prononcées en 2008, devant l’institut des recherches
sécuritaires israélien.
Elles montrent que le rôle israélien destructeur de ce pays
arabe est précurseur, c’est-à-dire avant même qu’il ne participe
au conflit arabo-israélien et ne soutienne l’Égypte dans son
effort de guerre contre l’entité usurpatrice.
Sachant que le Soudan, rappelle le grand journaliste égyptien,
Fahmi Houwadyi, avait durant la guerre de 1967, servi de base
arrière de l’Égypte, abritant les bases d’entraînement et les
dépôts d’armes aussi bien des forces aériennes que terrestres
égyptiennes. Et qu’il avait durant la guerre d’usure entre 1968
et 1970, dépêché des forces à la région du canal.
C’est donc depuis son implantation dans la région que l’entité
sioniste commença à tramer le complot contre le Soudan. Via ses
minorités.
Cinq phases cruciales l’ont pointé, explique un ancien du
Mossad, le général à la retraite Moshé Fergie, tout aussi
franchement que son prédécesseur, dans son livre publié en 2003,
et intitulé : « Israël et le mouvement de libération du Sud du
Soudan ».
Les tous débuts furent entamés avec la politique d’assistance
humanitaire : Israël offrait des médicaments, des traitements
médicaux et des denrées alimentaires aux tribus du Sud du
Soudan, et surtout à ceux se réfugiaient en Éthiopie.
Parallèlement, une collecte d’informations était opérée : des
officiers des services de renseignement israélien stationnés en
Ouganda ayant alors pour mission de rentrer en contact avec
les chefs des tribus pour mettre au point la carte
démographique de la région.
Le tout étant escorté par un travail minutieux, de profondeur
psychologico-politique, lequel se poursuivra jusqu’à la
séparation : celui d’accentuer les différences tribales dans le
sud du Soudan, de les présenter comme incompatibles et
insurmontables. Avant de leur inoculer ultérieurement le virus
de la séparation.
La seconde phase, dans les années soixante du siècle dernier,
fut celle de la formation militaire : l’entité sioniste s’était
mise à entraîner des membres des milices armées dans des
bases édifiées en Éthiopie.
Fergie révèle que dans le milieu gouvernemental israélien se
consacrait la conviction qu’il faut pousser ce pays, par
intérim, vers les guerres civiles, dans le but de le préoccuper
et le détourner de porter assistance à l’Égypte, qui était
encore dans le camp des ennemis d’Israël.
Sous couverture d’agents d’assistance humanitaire, des membres
des services de renseignements israéliens se sont infiltrés au
sud du Soudan. Ils enrôlaient et entraînaient des soudanais du
Sud et les exhortaient à provoquer des tensions internes.
Israël les armaient également, leur donnant des armements légers
russes pris en butin durant les guerres de 1956.
Le ravitaillement des sudistes par Israël s’est poursuivi dans
les années 70, où les armes confisquées aux Arabes en 1967 leur
furent envoyées.
L’entité sioniste leur a aussi édifié une école pour officiers
d’infanterie, chargé de former les cadres militaires nécessaires
au mouvement de sédition. Certains d’entre eux se rendaient en «
Israël » pour des entraînements plus perfectionnés.
L’une des particularités de cette décennie, est qu’en plus de
l’Éthiopie, c’est à partir de l’Ouganda que l’assistance
israélienne militaire était acheminée. De plus c’est à partir de
1969, alors que le mouvement de mutinerie touchait à sa
fin, que l’entité sioniste, usant des moyens les plus fourbes,
a semé la graine de la séparation chez les insurgés sudistes:
les persuadant qu’ils mènent un combat national dont dépend leur
destin, entre un nord arabe musulman, et un sud noir africain
chrétien et animiste. Et leur faisant croire qu’ils font
l’objet d’une occupation injuste et oppressive.
La quatrième phase dans les années 80 s’est marquée par
l’apparition sur la scène soudanaise de John Garang, qui fut
accueilli en Israël. Il obtint de sa part une assistance
militaire et financière. 10 de ses combattants furent même
entraînés à piloter des avions de combats légers.
Alors que durant la cinquième phase , dans les années 90, le
Kenya a rejoint les pays par lesquels transitent les
ravitaillements militaires de la milice sudiste. Acheminant des
armements lourds, dont des chars et de l’artillerie anti
aérienne. En 1993, la coopération entre Israël et la
milice baptisée l’armée populaire englobaient différents
domaines : allant du financement, de l’entraînement et le
ravitaillement, jusqu’aux informations et la supervision
technique israélienne dans les opérations militaires.
Dans toutes ces étapes qui ont perduré plus d’un demi-siècle,
durant lesquelles l’entité sioniste menaient le jeu pour
préparer la scène sudiste du Soudan à la division, les pays
occidentaux , à leur tête les Etats-Unis mettaient bien du
leur, combinant les pressions politiques et économiques, aux
rounds de négociations, pour pousser le gouvernement soudanais
central à se résigner.
Alors que les dirigeants arabes regardaient faire, sans
broncher, dans un silence de mort.
Pourtant, tous les pays arabes et musulmans sont menacés. D’ores
et déjà commencent à se concrétiser les revendications kurdes en
Irak (le Kurdistan dispose déjà d’un statut privilégié qui
ressemble fort à celui du Mont-Liban, au dix-neuvième siècle)...
Entamée au début du vingtième siècle, la division du monde
arabo-islamique semble avoir été relancée de nouveau.
Ayant atteint son apogée par l’usurpation de la Palestine,
épisode de loin le plus dramatique, son avortement, du moins ses
prémisses, devraient indubitablement passer par sa libération !!
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 12 janvier 2011
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