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Al Manar
Finkelstein :
les USA ne donneront pas de feu vert pour bombarder l'Iran
Leila Mazboudi
Photo: Al Manar
Vendredi 9 avril 2010
L’intellectuel juif américain
Norman Finkelstein a exprimé sa grande admiration pour le
secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah prévoyant
qu’il va diriger le monde arabe grâce à son intelligence et sa
rationalité. Et d’ajouter que « c’est ce qu’Israël craint
le plus ».
Interrogé par le correspondant du quotidien libanais Al Akhbar
aux États-Unis, ce militant contre le sionisme a écarté
l’éventualité qu’Israël puisse bombarder l’Iran, estimant que
Washington ne lui donnera pas le feu vert pour le faire. «
L’administration d’Obama ne peut supporter les séquelles
économiques et militaires d’une telle guerre, étant donné
qu’elle a les mains liés en Irak et en Afghanistan »,
explique-t-il. Et d’assurer que le président américain ne peut
pas prendre le risque que soit fermé le détroit d’Ormuz (par
lequel transite la majeure patrie de l’or noir), et la hausse
des prix du pétrole » qui peut en découler.
Finkelstein juge que l’affaiblissement de l’Iran n’est pas
seulement un objectif israélien, mais également occidental,
« voire même russe, pour des raisons géopolitiques et
stratégiques ». Assurant toutefois que toutes les tentatives
dans ce sens seront vouées à l’échec.
Selon lui, Israël voudrait bien infliger à l’Iran ce qu’il avait
infligé à l’Égypte sous le règne de Jamal Abdel-Nasser, mais
« il ne peut pas le faire parce qu’il n’a pas encore de feu vert
américain ».
Finkelstein estime toutefois qu’il y a une grande différence
entre les deux régimes : « le régime d’Abdel-Nasser avait
édifié une forteresse de sable (…) ; alors que c’est grâce aux
capacités économiques iraniennes que la Banlieue-sud ( de
Beyrouth dont une partie a littéralement été rasée lors de
l’offensive israélienne contre le Liban en 2006) a été
reconstruite, et que la Syrie a été soutenue alors qu’elle
faisait l’objet de pressions ». Justement, pour ce militant juif
anti israélien, c’est grâce à son alliance avec Téhéran que
Damas n’a pas cédé comme ce fut le cas avec Anouar Sadate
(l’ex-raïs égyptien qui a été le premier dirigeant arabe à avoir
conclu un accord de paix avec l’entité sioniste), profitant de
sa puissante alliance régionale, « au moment où les USA
sont en extinction », précise-t-il .
S’agissant du processus de paix, l’intellectuel juif américain
s’est montré sceptique, voir sarcastique : « après 17 ou
18 années des accords d’Oslo, nous devrions nous demander ce
qu’il a réalisé pour résoudre le conflit » affirme-t-il.
Évoquant les résolutions onusiennes lesquelles stipulent un
état palestinien dans les frontières de 1967, dont Jérusalem
AlQuds, ainsi que le droit de retour des Palestiniens et de leur
indemnisation, Finkelstein relève qu’il n’en a rien été de
ces résolutions, alors « qu’Israël continue d’annexer des
territoires et d’y implanter un demi million de colons, tout en
construisant le mur de séparation (…) ».
Et de conclure « qu’il ne s’agit pas d’un processus de paix,
mais d’un processus de colonisation ».
Interrogé sur l’initiative arabe qu’il a qualifiée de bien,
Finkelstein a jugé que son application manque de volonté
politique de la part des pays arabes. Rappelant à cet égard
comment les Sionistes ont exercé toutes sortes de menaces
escortées de --- pour décrocher la promesse de Balfour, la
division de la Palestine, et leur reconnaissance en tant
qu’état ».
« Ils le font toujours et à chaque occasion »
martèle-t-il.
Sur la situation politique en Irak, au lendemain du scrutin
législatif, qui a sacré les Sadristes comme troisième force
politique, incontournable pour former un gouvernement, l’auteur
de « L’industrie de l’holocauste » y perçoit « les
graines du Hezbollah qui ont poussé en Irak » : « c’est un
choc pour tous ceux qui ont cru que l’homme a définitivement
disparu de la scène politique… Il s’est éloigné des regards pour
travailler avec les pauvres, et organiser les foules ; à
l’instar du Hezbollah au début de son lancement ».
S’exprimant sur la guerre israélienne des 22 jours contre la
Bande de Gaza, Finkelstein considère que c’est « un
message adressé au Hezbollah » : « Vu que le Hezbollah et l’Iran
sont forts, Tel Aviv était consciente qu’elle ne pouvait pas les
frapper ; alors elle a choisi Gaza qu’elle assiège depuis
plusieurs années, pour rétablir sa force dissuasive »,
explique-t-il.
Alors que ce message consiste à dire que la force de destruction
israélienne sera sans mesure, l’intellectuel anti sioniste
estime qu’Israël a perdu cette guerre à long terme, « car ses
séquelles le harcèleront toujours », signalant entre autre «
le rapport Goldstone, et les deux rapports de la Ligue arabe et
d’Amnesty International qui exigent d’interdire les ventes
d’armes à Tel Aviv ».
Mais il craint toutefois que ces rapports ne soient avortés par
l’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui selon lui prend
ses directives de la Maison Blanche.
Toujours selon Finkelstein, les Arabes peuvent en ce moment
traduire l’entité sioniste devant la justice international à
Lahay, pour le blocus qu’elle inflige à la bande de Gaza,
estimant qu’ils s’abstiennent de la faire en raison des
pressions américaines.
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 6 avril 2010
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