Opinion
Frappes contre
l'Iran :
Israël gronde puis se rétracte,
dissuasion oblige !
Leila
Mazboudi
Mercredi 3 novembre
2011
De coutume, lorsqu’Israël décidait de
bombarder un pays de la région, il
évitait coûte que coûte de l’annoncer.
Il en fut ainsi lorsqu’il a bombardé
le réacteur nucléaire irakien Tammouz,
en 1981. Et lorsqu’il a fait de même en
2007 avec le bâtiment de Deir EzZor, en
Syrie, et qu’il avait présenté comme
étant les premières bases d’un réacteur
nucléaire.
Or, s’agissant de l’Iran, chaque fois
qu’il est question de bombarder ses
installations nucléaires, étrangement,
la machine médiatique s’active à plein
régime.
Depuis la guerre 2006, il fut
plusieurs fois question de préparatifs
en vue d’une frappe militaire contre
l’Iran, relayés bien entendu par des
médias israéliens ou souvent
occidentaux.
Après une suspension de quelques
mois, laquelle concorde avec les
soulèvements arabes, voici que le
refrain d’une frappe militaire
israélienne contre l’Iran est relancé de
nouveau.
Depuis le début de cette semaine les
médias israéliens se font l’écho d’une
controverse au sein du gouvernement
israélien, qui oppose les partisans
d’une attaque, dont le Premier ministre
Benjamin Netanyahou, le ministre de la
guerre Ehud Barak et le chef de la
diplomatie, Avigdor Lieberman, à tous
les autres membres du cabinet, auxquels
s’ajoutent les responsables militaires
et des agences de renseignements et de
sécurité, lesquels privilégient les
sanctions économiques pour faire
pression sur Téhéran.
Cette controverse qui devrait rester
interne, ((si intention militaire est)),
s’est tout de suite transformée en un
débat quasi-public, relayé par les
médias.
D’ailleurs, les responsables
israéliens n’ont rien fait pour la
garder en secret. Bien au contraire,
Netanyahou et Barak s’étant arrangés
pour lancer publiquement, l’un après
l’autre les propos qui puissent attiser
le débat.
« Un Iran nucléaire constitue
un danger non seulement pour le Moyen
Orient, mais pour le monde entier. Il
est donc clair qu’il constitue un grand
danger direct contre nous », avait
affirmé Netanyahou, lundi, lors de
l’ouverture de la dernière session de la
Knesset pour cette année.
Sans oublier de prévenir : « La
théorie sécuritaire ne peut se fonder
uniquement sur la défense, mais devrait
aussi englober les capacités d’attaque.
Alors que le lendemain, Barak
reprenait le relais, devant la
commission financière parlementaire à
laquelle il demandait une augmentation
du budget militaire
« Il se peut qu’une conjoncture
nouvelle soit mise en place au Moyen
Orient, contraignant Israël à défendre
ses intérêts en insistant sur ses
questions vitales, sans avoir à recourir
à l’assistance qu’elle obtient de forces
régionales ou autres », avait-il
déclaré, signalant que l’an 2012
constituera un carrefour décisif.
Il ajoute : « nous vivons dans
un carrefour des décisions finales de
grande importance, et dans une situation
géostratégique et économique mondiale et
interne qui n’a de pareil depuis de
longues années ».
Selon Barak, le printemps arabe a
créé des défis sécuritaires complexes et
a rendu « encore plus difficiles des
dangers que nous connaissions déjà,
concernant en l’occurrence le Hamas, le
Hezbollah au Liban et l’Iran en arrière
fond, tout en supposant la création de
nouveaux dangers ».
Mai à l’instar des autres campagnes
médiatiques des va-t’en guerre contre
l’Iran, les responsables israéliens ne
tardent pas à se rétracter.
"Il ne faut pas être un grand génie
pour comprendre qu'en 2011 en Israël,
deux personnes ne peuvent pas décidé
d'agir seules", a souligné Barak, en
réponse aux fuites médiatiques,
démentant des informations selon
lesquelles il aurait d'ores et déjà
décidé avec M. Netanyahu d'attaquer
l'Iran.
((Serait-ce pour rassurer une opinion
publique sans cesse harcelée par les
menaces verbales d’une frappe contre
l’Iran)).
Et comme dans chaque campagne de ce
genre, entre les déclarations
officielles sciemment allusives, et les
démentis hâtifs qui s’en suivent, des
manœuvres et des informations de nature
militaire sont propulsées à la une des
medias. ((Serait-ce pour paraitre plus
crédible)).
Ce mercredi, le ministère de la
Défense a annoncé qu'Israël avait testé
avec succès un système de propulsion de
fusée. Alors que la radio publique,
citant des experts militaires étrangers,
s’est chargée de préciser qu’il s’agit
d'un missile balistique capable
d'atteindre l'Iran et sur lequel il
était possible d'adapter des têtes
nucléaires.
La précision des experts feint violer
sciemment la politique d’ambiguïté
nucléaire suivie officiellement, en ne
confirmant ni ne démentant disposer du
feu nucléaire.
Concernant l’information militaire,
c’est le Guardian britannique qui s’en
est chargé, citant des experts
militaires étrangers dans un article
publié le 30-10-11.
Il écrit qu’Israël développe depuis
des années un missile sol-sol "Jéricho
3", à plusieurs étages, qui pourrait
être équipé d'une tête nucléaire,
chimique ou bactériologique d'un poids
pouvant atteindre 1.300 kg. Ce missile a
une portée de 4.500 à 7.000 km et
pourrait donc atteindre l'Iran. Israël a
déjà procédé à plusieurs tests de cet
engin en Méditerranée, le dernier le 17
janvier 2008.
Il rappelle aussi qu’il perfectionne
également ses capacités balistiques
maritimes, tout autant nucléaires.
Reste à savoir les objectifs de cette
campagne politico-médiatique.
Si l’on se fie aux apparences, les
déclarations dramatisantes du duo
Netanyahou-Barak pourraient
vraisemblablement avoir pour but
d’obtenir une augmentation du budget
militaire, menacé de coupes, en raison
des revendications des classes
défavorisées israéliennes.
Dans un angle plus large, au vu de la
réunion de l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA), il pourrait
très bien etre question de faire
pression pour l’amener à raffermir le
ton de son rapport sur le programme
nucléaire iranien qui devrait être rendu
public le 8 novembre.
Le Haaretz rapporte à cet égard que
Lieberman a espéré que ce rapport
prouverait "au-delà de tout doute" les
objectifs militaires du programme
nucléaire iranien.
Ce procédé, (menacer d’une frappe
militaire pour accentuer les sanctions
contre l’Iran), a été utilisé à
plusieurs reprises, pour persuader les
plus réservés.
Mais en revenant au contexte plus
local, ce haussement de ton peut très
bien être une réponse à l’escalade
militaire qui a eu lieu le week-end
dernier. Lorsqu’en riposte à
l’assassinat de 6 de ses membres dans la
bande de Gaza, le mouvement de
résistance palestinien Jihad islamique a
lancé des dizaines de roquettes contre
les territoires de 1948.
Sans nullement être interceptées par
le mythique bouclier anti roquettes
pompeusement vanté par les Israéliens,
Dôme d’acier.
Celui-ci est en effet promu au rang
de l’un des piliers de la politique de
dissuasion militaire de l’entité
sioniste. Le mal est certes plus grave
qu'il ne paraît l'être. La direction
israélienne se devait coûte que coûte de
le réparer .
Pour sa part, l’Iran semble prêt à
toutes les éventualités. Par la voix le
chef d'état-major des forces armées
iraniennes, le général Hassan
Firouzabadi il s’est engagé à punir non
seulement Israël pour toute attaque
éventuelle contre ses installations
nucléaires, mais aussi les Etats-Unis!
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