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Al Manar
Soupçons autour de la Finul :
fortes réactions du Chef de l'état et du Hezbollah
Leila Mazboudi
Photo: Al-Manar TV
Vendredi 2 juillet 2010
Les manœuvres militaires de la
Finul au Sud-Liban qui ont suscité la colère des habitants
demeurent aux yeux de beaucoup de Libanais comme étant
« suspectes ». De par les déclarations libanaises, aussi bien
officielles que partisanes, il semble fort qu’il est difficile
pour les Libanais d’avaler la version d’un malentendu, comme
voudrait le laisser croire les sources de la force onusienne.
Signe de cette crispation est la réaction en personne du
président de la république libanaise Michel Sleimane, lequel a
pris la défense franche des habitants du Sud-Liban: « ils
n’ont pas l’habitude de voir des manœuvres militaires exercées
dans les ruelles, entre les maisons, même de la part de l’armée
libanaise, qui ne s’infiltre jamais parmi les maisons » a-t-il
affirmé, estimant que « les exercices militaires ne
devraient nullement être exercés à l’intérieur des villages,
mais loin des villages et des maisons, car la Finul doit
défendre le Liban ».
Alors que le porte-parole de la Finul, au Liban Niraj Sing,
tentait de justifier ces manœuvres, arguant « qu’elles visaient
à expérimenter les dispositions de la force à déployer ses
capacités à tout moment », des observateurs libanais suivant de
près la situation au Sud Liban maintiennent leurs suspicions sur
leurs véritables objectifs.
Sont d’abord mises en cause les assertions selon lesquelle elles
ont été organisées en coordination avec l’armée libanaise, comme
l’indiquent les sources de la Finul.
« Ce sont des manœuvres et non des exercices ; car elles
ont été exécutées dans les quartiers et entre les maisons et non
dans les bases militaires de la Finul » a observé une source
militaire ayant requis l’anonymat pour le quotidien libanais
AlAkhbar, affirmant que l’armée avait auparavant rejeté leur
contenu au motif « qu’elles reposent sur l’éventualité
d’une attaque de missiles contre les territoires occupées,(
Palestine occupée) sans prendre en considération une agressions
israélienne » contre les régions libanaises.
La source constate un changement de comportement de la force
onusienne, depuis le départ de son ancien commandant le général
italien Claudio Graciano, dont les déclarations et les
condamnations des violations israéliennes incessantes et
flagrantes de la résolution 1701 avaient suscité la colère des
Israéliens. (Son remplacement a été facilement acquis).
Et de souligner que son attitude était devenu « plus
dure » aussi bien dans le traitement du dossier sécuritaire de
la région, que dans ses liens avec l’armée libanaise, voire même
dans ses relations avec les habitants.
Selon un autre observateur libanais, ce sont particulièrement
les unités espagnoles et françaises qui se comportent comme si
elles étaient « une force de frappe », voie « une
force d’intervention rapide », dans ce qui semble être une
tentative de leur part de vouloir imposer une interprétation
différente au texte qui régule les règles d’accrochages en
cours depuis l’arrêt des hostilités en 2006 : « elles
essaient d’effecteur des perquisitions et des déploiements, sans
présence de l’armée libanaise ni de son feu vert, différemment
de ce qui se faisait dans le passé. Rappelant à cet égard,
lorsqu’une unité conjointe de ces deux forces a tenté de
perquisitionner des maisons à Kherbet Selem en juillet 2009,
sans autorisation juridique, et en l’absence de représentants
de l’armée libanaise.
A Deir Kanoune, un notable signale : « Les gens du sud ne
sont pas en tain de fabriquer de faux prétextes pour se
retrouver face à face avec la Finul », rappelant l’incident
perpétré il y a quelques mois, et au cours duquel un Libanais a
péri lorsqu’une batterie de la Finul mal attachée s’est abattue
sur sa voiture le tuant sur le champ.
Autre signe de cette crispation est la mise en garde du
Hezbollah, dont le numéro deux a sommé « la Finul de
s’acquitter de son rôle (…) de façon à ce qu’elle ne suscite pas
la méfiance des citoyens ».
"La Finul doit désormais faire attention à ce qu'elle fait et se
rendre compte que les excès provoquent davantage d'inquiétude
(...) et ne favorisent la confiance entre ces forces et les
habitants", a souligné cheikh Naïm Kassem. Rappelant que "ces
forces doivent (...) s'en tenir à leur mission tel qu'elle est
précisée dans la résolution 1701 (du Conseil de sécurité de
l'ONU). A ce moment-là, il y aura un retour à la normale".
Côté européen, loin des réactions officielles publiques, des
sources diplomatiques européennes liés aux pays de la Finul ont
rejeté les accusations de vouloir « espionner qui que ce soit »
et ont décidé d’imputer la responsabilité de ce qui s’est passé
au Sud aux habitants.
« Les pays de la Finul ont commencé à réviser l’efficacité
de leur rôle dans cette région dont les habitants ne sont pas
conscients que leur présence empêche l’éclatement d’une nouvelle
guerre destructrice comme en 2006 » a dit l’une de ces sources
au quotidien libanais AsSafir.
Dénombrant 25 incidents de jets de pierres perpétrés ces
derniers jours contre des soldats de la Finul, la source
s’offusque : « qu’a fait de mal la Finul depuis qu’elle se
trouve au sud ? Si les gens du sud ne veulent pas de notre
présence, qu’ils nous le disent franchement ».
Même l’armée libanaise a eu son compte des plaintes européennes.
Elle est accusée de ne pas suffisamment collaborer avec la
Finul, et de retarder l’arrivée de ses soldats pour la
perquisition d’un endroit soupçonné d’être un dépôt d’armements.
Il lui est aussi reproché de ne pas avoir déployé les 15 mille
soldats libanais prévus et de ne s’en tenir qu’aux 3500 présents
sur place.
La question aurait été soulevée par le chef de la diplomatie
française Bernard Kouchner et le ministre de la défense Hervé
Morin.
Justement et concernant la position française , elle s’est
spécifiquement marquée par une réaction offensive.
S’exprimant pour le journal libanais Ad-Diyar, des sources de
son ambassade à Beyrouth ont interprété le fait que leurs forces
aient fait l’objet de 24 jets de pierres sur les 25 recensés ces
trois dernier jours comme étant des lettres politiques dans
différents sens : la première serait iranienne sur fond de sa
position sur le dossier nucléaire iranien ; la seconde serait
syrienne, vu que Paris a décidé de freiner son ouverture sur
Damas ; et la troisième serait irano-syrienne, en réponse aux
deux visites du patriarche Sfeir et du chef des Forces
libanaises Samir Geagea en France. Toujours selon Ad-Diyar,
l’ambassade a exprimé sa gêne quant à la position officielle
libanaise.
A cet égard, force est de constater que les Français ont
rechigné de répondre aux reproches du président libanais, comme
si les agissements de la Finul n’avaient rien de suspect.
Pire encore, ils ont dénigré les inquiétudes des habitants
libanais du sud Liban, les présentant comme de faux prétextes
pour camoufler des jeux d’intérêts iraniens et syriens, et
insinuant qu'ils ne sont pas dictés par des considérations
libanaises.
Cette rhétorique, certes insolente est très courante ces
dernières années. Elle constitue un thème commun récurent que
l’on retrouve dans le discours de ceux qui œuvrent sournoisement
pour priver le Liban ( voire tous les pays de la région) de ses
atouts de force.
Question de préserver inconditionnellement la sacro-sainte
supériorité militaire de l’entité sioniste.
Tout en se prétendant être les amis du Liban, pour les
Occidentaux fondateurs d'Israël, ou des patriotiques, pour leurs
acolytes libanais !!
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 3 juillet 2010
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