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San Francisco Weekly
Pas
de prix Nobel de la Paix pour vous !
Lauren
Smiley
C’est
le conflit palestino-israélien. Mais, cette fois-ci, c’est dans
un supermarché coopératif qu’il fait rage !
in San Francisco Weekly, 18 juillet 2007
http://www.sfweekly.com/2007-07-18/news/no-peace-prize-for-you/print
[Ce n’est pas n’importe quel supermarché dont il s’agit ici, mais
d’un magasin coopératif d’alimentation bio, de vitamines et
de cosmétiques, qui est menacé depuis deux ans par un
‘piquet’ de la puissante organisation centrale de la communauté
juive de San Francisco : le Jewish Community Relations
Council [JCRC], ainsi que par le rabbin faussement progressiste
Michael Lerner, au cas où les coopérateurs propriétaires de ce
magasin [à l’enseigne de l’arc-en-ciel : The Rainbow]
voteraient le boycott de produits israéliens.
Pour bien faire comprendre la puissance du pouvoir juif, et en message
adressé aux coopérateurs, des juifs pro-israéliens ont inondé
le site ouèbe du magasin de milliers de méls en provenance du
monde entier, le mettant hors d’usage. Tel est le message que le
JCRC voulait faire entendre à The Rainbow, s’il s’avisait de
défier le Pouvoir Juif. Les juifs de la baie de San Francisco dépensent
beaucoup de fric au Rainbow, particulièrement dans les rayons de
vitamines et de produits de beauté, et si le piquet
d’occupation et le boycott était lancés contre ce magasin,
cela aurait un effet dévastateur sur son chiffre d’affaires,
entraînant le licenciement des coopérateurs ayant le moins
d’ancienneté. Les coopérateurs, « terrorisés »,
d’après le témoignage d’un coopérateur juif antisioniste,
ont voté sous l’emprise de la peur : ils ont donc rejeté
le boycott des produits importés d’Israël, et ils refusaient même
simplement d’en parler par la suite, excepté une amie, Nikki,
qui s’est fait piéger, dans l’article que nous reproduisons
ci-après, par un journaliste (sioniste) en mission commandée.
C’est comme ça qu’agit le lobby juif, au niveau local, à
l’échelle du pays, et cela explique bien l’étendue de son
emprise sur le Congrès, sur les lois adoptées et sur les
municipalités, d’une côte à l’autre des Etats-Unis. Jeff
Blankfort.]
Beaucoup de clients juifs refusent de
remettre les pieds à l’Epicerie de l’Arc-en-Ciel – une coopérative
plus ou moins hippie prêchant un « environnement inclusif
accueillant pour tout un chacun » - depuis qu’il a enlevé
les produits israéliens de deux de ses rayonnages, en 2002, ce
qui fut considéré comme un boycott anti-israélien. (Une de ses
employées, Naomi Jelks, dit que cela fut fait sans
l’autorisation de la direction du magasin, et que ce boycott fut
peu après descendu en flammes par un vote des employés).
Aujourd’hui, la Commission des Droits de
l’Homme enquête sur une plainte déposée par un ex-client
dudit magasin, David Nahmod, qui affirme avoir été traité de
« connard de juif », voici plus d’un an de cela, par
une caissière dont certains de ses collègues ont indiqué
qu’elle se présentait comme Palestinienne. M. Nahmod, un écrivain
free-lance âgé de cinquante-et-un ans, et par ailleurs
dog-sitter [il s’agit, aux Etats-Unis, de personnes qui gardent
les chiens d’autrui, contre espèces sonnantes et trébuchantes ;
ce néologisme a été forgé sur « baby-sitter », ndt],
déclare avoir montré de la main le T-shirt « Free
Palestine » [Libérez la Palestine !] de cette femme,
et d’avoir demandé : « Cela ne serait-il pas mieux,
s’ils pouvaient vivre – tous – en paix ? ». Il prétend
qu’elle a répliqué avec le nom d’oiseau cité, après quoi
elle a ajouté que les kamikazes devraient éliminer le plus de
juifs possible. Il dit l’avoir approchée à nouveau, plusieurs
mois plus tard, avec… le même résultat ! (« J’avais
pensé qu’elle avait pu, tout simplement, avoir eu une journée
exécrable, la première fois », dit-il, candide).
Mme Jelks dit qu’une « enquête
interne » diligentée après le dépôt d’une plainte
d’acheteur par M. Nahmod n’avait fait que lever un nouveau lièvre :
la caissière aurait dit qu’elle n’avait nullement
l’intention de parler politique durant son travail (hep, mec :
vise le T-shirt !), mais que M. Nahmod avait fait monter le
ton, et qu’il était incapable de prouver la véracité de ses
accusations.
La caissière, qui a dit s’appeler Nikki,
en a rajouté une louche au téléphone, nous donnant sa version
des faits, puis ajoutant que nous ne devions rien écrire à ce
sujet, car, sinon elle nous attaquerait en justice. Etant donné
que nous avons déjà sur le dos un procès intenté par le
quotidien Bay Guardian, tout ce que nous pouvons imprimer des
propos de Nikki se résume à ceci : « Tout ce qu’il
affirme que j’aurais dit ne tient pas debout. Je n’ai tenu
aucun de ces propos. »
Un autre ancien client de l’Arc-en-Ciel,
Peter Altman, vice-président de BlueStar PR, une association bénévole
faisant la promotion de l’image d’Israël, nous a dit que M.
Nahmod aurait dû avoir l’intelligence de ne pas évoquer la
question d’Israël chez Arc-en-Ciel : « Ce David est
vraiment naïf ; en effet, la plupart des gens savent que si
vous voulez éviter qu’Israël soit réduit en charpie, avant
tout, vous vous abstenez de mettre les pieds dans ce genre de
magasin, et si vous le faites quand même, vous fermez votre
gueule… »
Un porte-parole de la Commission des Droits
de l’Homme dit que ce magasin « a un très bon dossier »,
étant donné qu’il n’a fait l’objet que de deux ou trois
plaintes au cours des cinq années écoulées. Jelks dit que les
propos antisémites ne sont pas tolérés dans ce magasin, et que
si les allégations de Nahmod pouvaient être établies, la caissière
serait probablement virée.
Le magasin Rainbow a quant à lui interdit
Nahmod de séjour, en raison de son « harcèlement »
allégué, mais Nahmod dit qu’il n’y a pas remis les pieds
depuis plus d’un an et qu’il n’y retournerait jamais.
« Il s’avère », commente-t-il, que la pizza au
fromage de soja [bweurk !, ndt] est
moins chère, chez Whole Foods…
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
Deux
réactions à cet article, publiées dans le Courrier des lecteurs
du San Francisco Weekly :
Guerre
Sainte au Rayon 9 : Tempête dans une tisanière
1er août 2007
http://news.sfweekly.com/2007-08-01/news/letters-to-the-editor/
En tant qu’employés et que clients de l’Epicerie
Arc-en-Ciel, nous trouvons inacceptable l’attaque insensée
contre Rainbow, notre magasin de diététique préféré [votre
article : « Pas de Prix Nobel de la Paix pour vous ! »,
Sucka Free City, 19 juillet].
Votre article prend au sérieux les propos de
quelqu’un dont nous savons qu’il s’agit d’un fouteur de
merde spécialiste des dépôts de plaintes claironnés. Sur la
base de quoi vous classez le magasin dans la catégorie « baba
cool hippie ». Est-ce parce qu’il s’agit d’une coopérative
ouvrière, et parce que ce magasin adopte des prises de position
politiques ?
Nous trouvons tout aussi inadmissible le fait
que votre article traite aussi à la légère une question de vie
et de mort aussi grave que le conflit palestino-israélien.
Comment votre journaliste ose-t-il écrire ce qu’il écrit,
d’une manière tellement primesautière ? Pour nous,
c’est là quelque chose d’horrifiant, au moment même où des
gens meurent, aussi nombreux, que votre journal consacre ainsi
tout un article à un non-événement aussi semeur de zizanie.
Contrairement aux affirmations de Lauren Smiley, nombreux sont
parmi nous les clients juifs. Nous faisons nos achats à l’Epicerie
Arc-en-Ciel parce que c’est bien plus qu’un supermarché parmi
tant d’autres. Certains parmi nous sommes juifs et travaillons
chez Arc-en-Ciel, et que les choses soient bien claires :
nous ne tolérerions pas le moindre antisémitisme chez Rainbow.
La citation de Peter Altman est particulièrement
infondée et destructrice. Il met le signe d’égalité entre la
défense des droits humains des Palestiniens avec le fait de
« réduire Israël en charpie ». De plus, les employés,
chez Arc-en-Ciel, sont libres d’avoir leurs opinions, et le fait
que cette caissière porte un tel message ne démontre en rien
qu’elle-même, ou le magasin, prôneraient la destruction
d’Israël. Le débat et la discussion sont fondamentaux, dans la
pensée juive, mais l’attitude d’Altman y coupe court.
Permettre à un article aussi désinformé et
superficiel, sur un sujet mondial aussi crucial, c’est, dans le
meilleur des cas, irresponsable.
Rachel West, Jean Pauline, Tom Brown, Mara
Rivera, David DeNeef, Lori Nairne, Sonia Siegal, Nell Myhand,
Janice Rothstein, Xian, Daniel Chimowitz.
San Francisco
Slow food and quick tempers: I'm not really
sure what Lauren Smiley's point was in her story about a Human
Rights Commission investigation of a Rainbow Grocery employee's
alleged use of an anti-Jewish slur against a customer.
Slow
food et soupe au lait
Smiley ne dit absolument rien sur l’enquête
en bonne et due forme. En revanche, il reconnaît que le client a
approché la caissière pro-palestinienne, pas moins d’à
deux reprises, pour [la provoquer et] savoir ce qu’elle pensait
au sujet du Moyen-Orient, quand bien même l’employée lui ait
dit qu’elle ne voulait pas en parler.
Smiley reconnaît aussi qu’un porte-parole
de la Commission des Droits de l’Homme affirme que le magasin a
« un très bon dossier », avec seulement deux ou trois
plaintes déposées contre lui en cinq ans, mais elle n’en
accuse pas moins l’employée d’être montée sur ses grands
chevaux quand elle l’a appelée au téléphone pour
l’interroger sur l’incident, laissant les lecteurs dans le
noir le plus total au sujet de ce qu’elle entend par « en
rajouter une louche », tout en mentionnant, avec esprit de
l’escalier, que l’employée a affirmé catégoriquement que
tout ce qui avait été dit sur son compte était faux.
Générant, si besoin était, encore plus de
confusion quant à ses véritables mobiles, Smiley fait semblant
de sérier l’événement en termes de souci des clients qui
risqueraient d’être blessés par les propos insultants
d’employés discriminateurs, après quoi elle s’en prend à
ces consommateurs elle-même, en qualifiant l’Epicerie
Arc-en-Ciel de « baba cool hippie ».
Son article est soit un brûlot de propagande
filandreux et plein de parti pris, visant à diffamer tous les
antisionistes en les qualifiant d’antisémites, soit une
tentative maladroite de se faire passer pour plus progressiste que
les progressistes authentiques, eux, qui fréquentent l’Epicerie
Arc-en-Ciel.
Myke Cardoza
San Francisco
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