Opinion
Navires russes en
Syrie : plus qu'un exercice
Konstantin
Bogdanov
Le
croiseur lance-missiles Moskva - © RIA
Novosti. Vitalii Ankov
Lundi 21 janvier
2013 Source:
RIA Novosti Les
exercices de l’armée russe près de la
Méditerranée et de la mer Noire entrent
en phase active. Cependant, le
déploiement de forces navales
considérables à deux pas de la Syrie
laisse difficilement croire à une simple
manœuvre. La
flotte sortie en mer
Selon les communiqués du ministère de la
Défense, le croiseur lance-missiles
Moskva, l'anti-sous-marin Severomorsk,
les escorteurs Smetlivy et Iaroslav
Moudry, les grands navires de
débarquement Saratov, Azov, Kaliningrad,
Alexandre Chabaline, les navires
logistiques, ainsi que l'aviation à
longue portée, les forces de la 4ème
armée de l'air et la défense
antiaérienne participent aux exercices.
Les militaires russes prennent ces
manœuvres très au sérieux, ce qui ne
laisse aucun doute sur l'importance de
la région à leurs yeux."Le chef adjoint
de l'état-major des forces armées
russes, Alexandre Postnikov, a été
envoyé pour diriger la phase active des
exercices. Le vice-amiral Leonid
Soukhanov, chef adjoint de l'état-major
de la marine, est déjà sur place. Le
principal objectif des exercices
consiste à perfectionner les systèmes de
coordination et l'interaction des
flottes en mer lointaine. C'est la
première fois qu'un exercice de
préparation opérationnelle de la flotte
est organisé avec une telle envergure ",
a déclaré le chef d'état-major Valeri
Guerassimov.
Le déploiement des forces navales
russes à l'est de la Méditerranée permet
de remplir plusieurs tâches à la
fois.Premièrement, la sortie des forces
navales en Méditerranée est une
procédure habituelle pour la marine
soviétique : depuis 1991, cet élément du
programme obligatoire était devenu bien
plus rare et difficile à organiser. Ces
dernières années, la marine russe a
pourtant tenté de rétablir une présence
plus ou moins permanente à l'est de la
Méditerranée et près de la Corne
d'Afrique.
Nid natal assiégé
Ensuite, la marine mène souvent des
exercices d'alerte en simulant divers
incidents. Lorsque l'alarme ne signale
pas le début d'un exercice mais un
incident réel, il est convenu d'ajouter
par radio "incendie réel", par exemple.
En Syrie cela fait déjà longtemps que
l'incendie est réel.
La côte syrienne est la derrière
ligne de défense de Bachar al-Assad.
Damas, au sud du pays, peut être perdue
et les conséquences seraient très
graves. Mais la côte méditerranéenne
n'est pas simplement le nid natal des
Assad - Hafez al-Assad est originaire
d'un village près de la ville portuaire
de Lattaquié.
C'est ici que vivent les minorités
religieuses syriennes : les alaouites,
pilier du régime de Damas professant un
dérivé spécifique du chiisme ; les
chiites, devenus plus nombreux ces
dernières années avec les réfugiés du
sud de l'Irak ; et les chrétiens, qui
représentent 10% de la population
syrienne. Les rebelles, qui s'opposent
au gouvernement syrien, sont
majoritairement sunnites.
Autrement dit, toutes les conditions
pour la création d'un Etat indépendant
alaouite sont réunies – il a d'ailleurs
déjà existé : entre deux guerres, le
territoire autour de Lattaquié, peuplé
d'alaouites avait une large autonomie
sous le mandat français. D'autre part,
c'est ici que l'histoire syrienne
s'arrêterait si les événements
connaissaient le pire des scénarios pour
Assad.
Concitoyens, la
Russie est derrière vous
Mais l'évacuation de citoyens russes
de Syrie pourrait demander beaucoup de
moyens, ainsi qu'une couverture,
notamment en cas de pont aérien.
L'infanterie de marine soviétique a
déjà évacué ses concitoyens des
capitales en pleins combats - Aden au
Yémen en 1986 - et même directement
depuis le territoire d'un pays hostile
comme à Mogadiscio en Somalie, en 1977.
Elle a même eu à contrer les attaques
d'insurgés à Massaoua, en Ethiopie, en
1978.
L'approche des troupes russes des
côtes syriennes montre tout le sérieux
des intentions de la Russie. Le
déploiement des forces françaises au
Mali ajoute du piment à la situation.
Car en y regardant de plus près,
seuls les magistrats faisant un grand
effort intellectuel seraient capables de
voir la différence systémique entre les
braves troupes de l'Azawad touareg et
les combattants barbus contre la
tyrannie des banlieues de Damas. Compte
tenu des différences fondamentales des
causes et des mécanismes des événements
au Mali et en Syrie.
© 2013
RIA Novosti
Publié le 22 janvier 2013 avec l'aimable
autorisation de RIA Novosti.
Le sommaire de Konstantin Bogdanov
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|