« Ce que tu fais de valeureux
aujourd'hui inspire les actions des autres dans le futur. »
Marcus Garvey.
Tends la main à l'Afrique :
elle est ta fille et ta mère.
Alors que le polémiste Zemmour bassine avec des préoccupations
proto-nationalistes et proto-xénophobes - de telle manière que
le postpoujadisme soit
intégré dans l'horizon du fascisme ultra-libéral (le fond du
fascisme est corporatiste, interne à la crise du libéralisme),
notre brillant essayiste-journaliste-polémiste-critique
s'acharne sur le problème numéro un bien connu de France :
l'immigration africaine (au sens large). Corolaire : le problème
de la religion - l'Islam qui n'est pas le christianisme (ni le
judéo-christianisme syncrétique et fort naturel). Outre ses
outrances et ses erreurs, il semblerait que Zemmour hiérarchise
passablement mal les problèmes, confondant le faible et le bouc
émissaire, soit s'en prenant avec un courage remarqué plus que
remarquable au plus faible. Je croyais pourtant que l'un des
mentors de Zemmour, un nationaliste de gauche se réclamant de
Marx, Alain Soral le boxeur (plus que sociologue d'ailleurs),
désapprouvait ces manières de racaille, notamment au nom de
Marx.
La démarche de Zemmour est peu reluisante : par temps
d'islamophobie, on ne flatte pas les plus vils instincts de
l'Occidental oppressé et oppresseur (xénophobie, préjugés
racistes, intolérance religieuse...). Les protestataires
bien-pensant s'en prennent à la phrase de Zemmour concernant la
délinquance majoritairement africaine ("Les Français issus de
l'immigration étaient plus contrôlés que les autres parce que la
plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un
fait."). Bien entendu, outre une instrumentalisation des
statistiques, l'explication à la
surdélinquance des
individus issus de l'immigration africaine récente (depuis les
années 60 pour faire large) s'explique en termes sociologiques
classiques.
Si les Français issus de l'immigration africaine récente
connaissent en leur sein une
surdélinquance fort minoritaire (et fort prévisible),
c'est pour des raisons sociales - certainement pas culturelles,
religieuses ou raciales. Justement. La distinction entre les
races est le vrai fond du comlmerce, pardon, du débat
qu'introduit Zemmour. C'est un scandale! Les contempteurs plus
ou moins sincères de Zemmour feraient bien de s'insurger de la
sortie véritablement plus scandaleuse de Zemmour, qui ne
concerne pas la question de la délinquance, mais le problème de
la race. Et après, on nous dit que le fascisme n'est pas tapi au
cœur de notre débat actuel? Reportez-vous notamment à cette
retranscription d'une émission télévision relativement plus
ancienne (13 novembre 2008, Arte, intitulée délicieusement
Paris/Berlin : le débat),
dans laquelle les propos de Zemmour sont tout simplement
racialistes :
http://www.vincentcespedes.net/fr/Paris-Berlin.pdf
La différence entre racialisme et racisme? Le raciste
expliquerait l'existence de races différentes à l'intérieur de
l'espèce humaine par des échelles de valeur; le racialiste se
contenterait d'énoncer qu'il existe des races différentes (sans
valeur explicite). Souvent les racialistes seraient des racistes
demi habiles. De ce point de vue, Zemmour le racialiste profère
des absurdités en mélangeant la race, la couleur de peau, le
phénotype. Je sais bien que par commodité langagière certains
scientifiques ont pu parler de races pour dénoter des groupes
géographiques, voire culturels. Mais cette définition n'allait
jamais sans la reconnaissance implicite de l'existence connexe
et irréfutable d'une seule race au sein de l'homo
sapiens sapiens.
Un racialiste comme Zemmour foule aux pieds de ses polémiques
sécuritaires, voire nationalistes (certains diront
souverainistes) les évidences scientifiques en recourant à la
figure rhétorique archétypale
de la mauvaise foi : l'amalgame. Zemmour amalgame le sens
de la race, de la couleur de peau et du phénotype. Cette
confusion sans doute volontaire aboutit à des conclusions
populistes, voire nauséabondes. Personne n'a prononcé
l'exclusion suite à ces propos, parce que Zemmour est un
polémiste instrumentalisé. Où un Cespedes (contradicteur de
Zemmour sur le plateau d'Arte) explique la présence de Zemmour
par le climat de l'époque (dérive droitière, sécuritariste et
xénophobe), il n'est pas moral de voir un Zemmour invité partout
dans les médias.
Comme celle d'un BHL, son contradicteur médiatique qui aux
dernières nouvelles se prendrait en
ultime avatar d'un génie
du judaïsme, comme celle de son mentor nationaliste de gauche
Soral (à ne pas confondre avec le trouble et pacifiste homonyme
Sorel, un modèle de Soral), la pensée de Zemmour est
nulle. Chacun le sait.
Pourtant Zemmour s'en sort à son avantage : les poursuites sont
abandonnées suite à des explications
satisfaisantes (à ce
décompte de mansuétude,
on eût aimé qu'un Dieudonné bénéficiât de la même
compréhension!); les tribunes médiatiques de Zemmour sont
maintenues malgré les menaces de licenciement conditionnel; plus
fort dans l'instrumentalisation, une manifestation de soutien
est organisée à la sortie du
Figaro (journal fort conservateur tenu par l'héritier
synarchiste patent Dassault auquel Zemmour est salarié - fort
théoriquement d'après le journaliste quasi homonyme dudit
Figaro Zemmouri).
Que ne remarque-t-on que les polémiques de Zemmour à propos de
la délinquance ou de la race interviennent en plein débat sur
l'identité nationale
instrumentalisée par le gouvernement néo-conservateur français
de Sarkozy? Que ne remarque-t-on la prégnance de ces débats
pathétiques depuis au moins l'élection présidentielle de 2007?
Que ne remarque-t-on que les propos de Zemmour font chœur avec
l'instrumentalisation du nationalisme, du poujadisme, du
frontisme, du populisme, de la xénophobie, voire du racisme par
le pouvoir en place? Il est vrai qu'un autre
synarchiste, le
socialiste Mitterrand, avait initié cette veine manipulatrice
qui consiste à diviser pour régner.
Zemmour appartient au dispositif médiatico-polémique pour mettre
sur la table officielle
des thèmes sécuritaires qui permettent une
diversion par rapport au
vrai problème : la crise financière qui est une crise systémique
et qui menace de balayer le monde actuel en quelques années.
Zemmour ne fait pas partie d'un complot unique et pyramidal de
type sécuritariste pour nous divertir. Il nous divertit, mais
c'est pire : il s'appuie sur des réseaux qui lui permettent de
développer sa pensée mensongère et fort proche d'un certain
nationalisme et d'un certain fascisme au nom de l'irrationnelle
liberté d'expression. Liberté changeante suivant les thèmes que
l'on aborde. Si l'on attaque des sujets défendus par le pouvoir
en place, on est attaqué au nom des limites de la liberté
d'expression; si l'on attaque des sujets favorables au pouvoir
en place, on est défendu derrière les attaques (finalement
avantageuses) au nom de la liberté d'expression. Apologie de la
fable de la chauve-souris, qui est souris ou oiseau suivant ses
interlocuteurs et ses intérêts.
Apologie de la mauvaise foi et du double discours. Dans le même
temps, Zemmour abat les cartes de son jeu de
polémiste-propagandiste dénué d'idées valeureuses en dressant
l'apologie de moins en moins masquée de l'impérialisme. Zemmour
sur les plateaux se montre fasciné par l'Empire romain, au point
qu'il explique que la France a été en partie l'héritière de cet
impérialisme. Pour Zemmour, l'impérialisme semble l'horizon
indépassable de la réflexion politique. Nous songerons à envoyer
à notre brillant analyste politique une copie des productions
impérissables de l'impérialiste posteuropéen Cooper, qu'il voie
si la jonction est opérée avec l'anteimpérialisme
romain.
Dans une mentalité impérialiste, les positions d'un Zemmour
s'expliquent : la domination finaliste induit l'explosion
inéluctable de l'impérialisme. Du coup, quand on se trouve au
bord de l'abîme impérialiste, quand la forme impérialiste à son
paroxysme de domination a détruit son ordre, pour se sauver de
la disparition à laquelle elle se trouve acculée, elle bascule
dans l'extrémisme - l'apologie des thèses les plus violentes et
irrationnelles.
Considérez le comportement de Zemmour l'impérialiste postmoderne
(selon les propres attentes du gourou Cooper) : en pleine crise
majeure et irréversible de l'impérialisme contemporain, damné
par son mal incurable, notre polémiste joue le jeu en France du
sécuritarisme, qui est
la diversion historique de l'impérialisme en phase terminale et
en fin de course pour sauver sa peau et poursuivre sa besogne
(jouer au sauveur de la
populace alors qu'on en est le pirate). Zemmour roule
pour l'impérialisme qui le fascine et pour le sécuritarisme qui
en est sa conséquence ultime. Zemmour lui-même évoque la fin de
l'Empire romain, la chute de Rome. Sauf qu'il n'en retient que
l'explication lacunaire par les invasions
migratoires barbares et
qu'il rend cette chute aussi inexplicable qu'irrationnelle.
Le modèle que propose Zemmour est explicable à l'intérieur du
phénomène impérialiste. C'est dire que Zemmour roule
objectivement pour les intérêts de l'Empire britannique de type
financier, qui a pris la succession du fameux Empire romain (via
des formes transitoires comme Venise) et qui a été théorisé dès
ses limbes par le roi d'Angleterre Jacques Ier Stuart dans son
révélateur Basilikon Doron
(1599). Zemmour se rend-il compte qu'il travaille pour
les intérêts de l'impérialisme contemporain? Est-il seulement
envisageable que Zemmour s'imagine suivre de quelconques idées
ou une quelconque carrière littéraire (vu que même ses
adversaires médiatiques lui serinent avec délectation qu'il
écrit très bien et qu'il est très intelligent)?
Un peu de sérieux dans la manipulation rebattue et embrouillée.
Plus personne ne parlera de l'action ou de l'œuvre de Zemmour
d'ici dix ans - et c'est tant mieux. Quand on veut dénoncer
littérairement, polémiquer littérairement, satiriser
littérairement, pamphlétiser
littérairement, il convient de s'attaquer à des intérêts
puissants et officiels. De préférence peu reconnus. Au mieux,
pas du tout. Le pire est de taper sur les faibles afin de
protéger les puissants (pour lesquels on travaille). Au lieu de
s'en prendre aux voyous
racailleux de banlieue issus de l'immigration africaine
récente, à des minorités ethniques ou religieuses amalgamées,
voire illusoires, que Zemmour ne nous entretient-il pas avec la
même flamme et la même flemme (peu flegmatique) de la
délinquance en col blanc, des crimes des financiers, des crimes
des sionistes à Gaza, des crimes du 911, de tous les crimes dans
le monde où l'on tue des enfants et des innocents au nom du
diabolique voire fasciste droit du plus fort?
Le contresens qui enterre définitivement Zemmour en tant que
penseur ou qu'écrivain amène à rappeler que non seulement
Zemmour (qui me fait penser à un éléphanteau fils de Jumbo) se
trompe de trempe mais qu'il délire tant et si bien qu'il en
indique en contrepoint la vérité. Allez, le salut passe par le
courage. Le salut se loge chez les faibles, les opprimés et les
marginalisés. Loin d'être les calamités des sociétés
occidentales qui les intègrent - ou les
désintègrent, les
immigrés africains constituent le salut de ces sociétés. La
culture occidentale est exsangue, vidée de son sens plus encore
que de son sang par son impérialisme frénétique qui l'a conduit
à dépoter en esclavage
les Africains et à coloniser le monde.
L'avenir de l'homme se situe dans l'espace et par l'Afrique.
L'avenir de l'Occident se situe à Gaza. Pas en Israël sous
l'égide des crypto-fascistes du gouvernement actuel emmené par
les fils idéologiques de Jabotinsky. Les immigrés issus de
l'Afrique vont sauver l'Occident. Ils vont le sauver moralement.
Ils vont le sauver
énergétiquement. Nous avons besoin de sang neuf. Pas
d'histoires sclérosées et réactionnaires de races ou de
couleurs. Nous avons besoin de sens neuf. Nous avons besoin de
rédemption.
Nous y sommes. Bob Marley (métisse de père blanc anglais et de
mère noire esclavagisée) y était. La rédemption. Tout est dans
la rédemption. La rédemption peut être apportée par les
Occidentaux d'Afrique. J'ignore si l'Occident se sortira de son
pas à trac - ou s'il sera l'équivalent moribond et décati de
l'Afrique actuelle, mais l'Afrique est la planche de salut de
l'Occident. Sa damnation : la planche à billets. Dans ce jeu de
dupes, un Zemmour charrie du sens pervers au sens où il inverse
stricto sensu le sens :
la rédemption de l'homme blanc passe par l'intégration de
l'Occident à l'Afrique.
C'est le rôle que jouent les Occidentaux issus de l'Afrique. De
toute façon, les dés sont joués : l'avenir de l'Occident se
situe en Afrique. L'Afrique a les clés des dés. Soit
l'Occidental poursuit son entreprise de déni colonisateur qui le
pousse à stigmatiser cyniquement le sanglot de l'homme blanc (à
la manière de ce néo-conservateur de Bruckner); soit il en
accepte l'évidence littérale
et il arrête le coup des dés pipés. Il tend la main à
l'Afrique et il comprend que l'avenir de l'Occident coïncide
avec l'avenir de l'homme. L'Afrique à venir.
Publié le 28 mars
2010 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Avertissement Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion
d'informations relatives aux événements du Moyen-Orient, de l'Amérique
latine et de la Corse.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions
de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité
de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine -
Solidarité ne saurait être
tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et
messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou
faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine -
Solidarité n'assume
aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces
sites. Pour contacter le webmaster, cliquez
< ici >