Au cours du réel

Quand la Chine s'élèvera
Koffi Cadjehoun

Vendredi 8 janvier 2010

On entend souvent les peurs d'obédience impérialiste, colonialiste et raciste s'attacher au développement de la Chine. Bien entendu, il n'en est rien. Ce ne sont que des rumeurs de diversion et de peur destinées à camoufler que l'impérialisme est occidental et que la Chine impérialiste n'est jamais que l'arrière-cour des manigances impérialistes britanniques depuis la Première guerre de l'opium au début du dix-neuvième siècle.
L'histoire se répète. L'ouverture de la Chine aux échanges commerciaux avec l'Occident remonte au colonialisme européen qui se termine par le trafic lucratif d'opium en échange du thé. Depuis cette époque au moins, on agite en Occident la peur du péril chinois alors que le péril chinois sert les intérêts impérialistes menés par les Portugais, les Espagnols, les Hollandais et les Espagnols. Les choses ne changent guère.
L'histoire bégaie. T'as le béguin pour les guerres? Arrête tes histoires. Aujourd'hui, la rengaine recommence. On nous fait peur avec le spectre de l'impérialisme chinois qui viendrait menacer la démocratie libérale occidentale. Au pis, on découvre qu'il s'agirait d'un affrontement de l'impérialisme chinois balbutiant contre l'impérialisme occidental mature, dans un mauvais remake de Frankenstein terrassé par sa créature rebelle, voire sanguinaire. Affrontement d'un jeune impérialisme avec un vieil impérialisme? Affrontement de l'impérialisme contre la démocratie?
T'as pas honte de tant de crasse? Tu comprends rien aux problèmes et tu nous serines tes mélopées racistes et rances? Ça pue la bêtise, l'occidentalisme, de nos jours. Ça pue, l'impérialisme. C'est seulement une machine qui fait de l'argent - vu? T'as vu ta vie? Tu veux mon avis? Je vais te le donner, si tu comprends pas, tu seras le serf des veaux.
1) Soit on craint l'impérialisme chinois et on fait le jeu de l'impérialisme piloté depuis Londres et mondialisé. L'impérialisme chinois n'est qu'un sous-produit de l'impérialisme britannique dominant et ne saurait en aucun cas menacer les valeurs démocratico-libérales - le libéralisme est la caution idéologique de l'impérialisme britannique. Pas davantage menacer l'impérialisme occidental. Cette reconnaissance n'est pas glorieuse, puisqu'elle reconnaît que les populations occidentales seraient impérialistes par intérêt mal digéré.
2) Soit on encourage le développement chinois et l'on comprend qu'il ne peut y avoir de développement chinois autonome et véritable qu'à partir du moment où ce développement est anti-impérialiste et républicain. Dans ce cas, le développement républicain chinois est la menace qui plane sur l'impérialisme britannique. Les voix qui propagent la rumeur de l'impérialisme chinois font le jeu des factions financières qui constituent l'impérialisme britannique - le seul impérialisme effectif.
Soit on dénonce l'impérialisme chinois et l'on est un impérialiste occidentaliste masqué; soit on encourage le républicanisme chinois et l'on travaille pour le développement de l'homme. L'anxiété autour du développement chinois est dénuée de sens puisque l'Occident républicain a tout intérêt à ce que la Chine se développe. Quant au développement impérialiste chinois, il sera connecté à son grand frère impérialiste britannique et fera le jeu de l'impérialisme britannique. Soit : il défavorisera tant les populations chinoises que les peuples occidentaux.
Dans un système oligarchique, ce sont les élites oligarchiques qui bénéficient du développement impérialiste. Les peuples pâtissent de ce qu'ils adorent. Tel est le piège oligarchique. Ce n'est pas du sous-impérialisme chinois que les peuples occidentaux doivent avoir peur. C'est de l'impérialisme issu de leurs rangs, dont ils ignorent l'existence et qu'ils dupliquent en le projetant sur un mécanisme extérieur et largement hypertrophié. Ce n'est pas de la Chine que l'Occident doit avoir peur. C'est de lui-même. Le salut de l'Occident passe par la Chine. La ruine de l'Occident passe par l'Occident.
Si tu veux l'occis, joue l'Occident. Si tu veux chiner, joue la Chine. Le chien de la Chine est plus fort que la tombe occidentalesque. Ne te trompe pas de sens. Ne suis pas la propagande. Le développement transpacifique ne peut se faire que de manière républicaine. La paix est au Pacifique. Pacifique : l'appel à la paix. L'impérialisme chinois ne peut pas exister sans la caution du grand frère occidental. Au final, la Chine est la transition républicaine vers l'avenir de l'homme. L'Afrique. Ainsi donc l'Afrique boit du fric. Viens friquer le coin. On va gâter l'espace?

Publié le 9 janvier 2010 avec l'aimable autorisation de l'auteur

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