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Au cours du réel
Afrique à venir
Koffi Cadjehoun
Samedi 6 février 2010
Dieu est du côté de l'Afrique.
Pas du fric.
Tourne-toi vers l'Afrique - et vois le monde changer. La mode de
l'Occident est finie. Occident : que l'Occis tombe n'est pas une
nouvelle - la tombe de l'Occident était déjà creusée. La chute
de l'Occident est inscrite dans son étymologie. La chute de
l'Occident est programmatique. La chute de l'Occident est
prophétique : l'impérialisme ne triomphera pas. Le colonialisme
ne passera pas. L'esclavagisme ne gagnera pas.
Pourquoi se tourner vers l'Afrique quand les premières victimes
de la mentalité impérialiste, oligarchique, esclavagiste et
colonialiste sont les Africains eux-mêmes? L'Afrique s'est
trouvée dévastée par quatre cents de politique destructrice,
prévaricatrice et raciste qui l'ont épuisé, dévastée, rendu
exsangue. Les premières victimes du colonialisme sont les
colonisés. Les victimes sont les premières à reproduire le
schéma chaotique qui mène vers l'abîme.
Les pédophiles sont souvent victimes de pédophilie. Itou avec
les colons : ils sont les victimes ultimes et définitives du
colonialisme. Les Africains contemporains n'échappent pas à la
règle, qui ont tellement intégré la mentalité qui les détruit,
la mentalité coloniale - qu'ils sont les premiers colons de leur
colonisation. Les premiers esclavagistes de leur esclavagisme.
Victime et bourreau, c'est un scandale qui vaut malédiction. Les
Africains adorateurs du système qui les opprime! Les victimes
sont les premiers bourreaux d'eux-mêmes?
Si l'on veut poursuivre dans le tableau noir, les victimes sont
bourreaux et les bourreaux sont victimes. Les premiers colons
sont les colonisés, mais les victimes les plus importantes sont
les bourreaux eux-mêmes. C'est le maître esclave de son
esclavage. Dans ce schéma, l'OCcident est damné faute d'avoir
été condamné. La première victime d'un viol n'est pas tant la
victime, dont la souffrance est indéniable, que le bourreau,
dont le châtiment dépasse de loin l'opprobre compréhensible
qu'il provoque.
Idem avec l'esclavagiste qui souffre encore plus du système
esclavagiste qu'il met en place que l'esclave. C'est dire!
L'esclavage est condamné par l'esclavage. L'esclavagiste est
damné par l'esclavagisme. De ce point de vue, il n'est pire
condamnation que l'absence de condamnation effective. Elle
engendre la damnation. N'allez pas le dire à Dostoïevski ou à
l'Empire romain. C'est ce qui attend l'Occident dont on dira
plus tard qu'il fut l'espace d'un temps, le temps de la
domination technique, un terrible maître, un impitoyable
travesti en masque de la liberté et de la démocratie.
L'Occident tombera tôt ou tard. Bonne nouvelle : il s'effondre
en ce moment. Finalement, les crises sont de formidables
tremplins pour changer, croître, progresser. Au lieu de l'infâme
décroissance aux relents impérialistes, la croissance vers
l'espace pour sauver l'espèce des espèces frelatées. De ce point
de vue, l'insoutenable est en train de se produire. La
transition vers le changement de paradigme, la nouvelle ère de
culture, le nouvel air du religieux, est assurée par l'Asie.
Pendant que l'Occident se chauffe la bile en essayant
d'accroître sa domination dans la décroissance, l'Asie assure la
transition. L'Asie est un pont. L'Asie est un tremplin. Demandez
aux Indiens. C'est à la victime primordiale d'assurer le
changement de paradigme et le nouvel enfant systémique. Le divin
changement. Le devin enfant. Fin du système impérialiste
occidental. Place au changement. Place à l'Afrique. Pas
l'Afrique de maintenant. L'Afrique de demain. L'Afrique d'hier.
Qui a oublié que l'Afrique était la source?
Qui a oublié l'Afrique d'avant? Qui a oublié les cultures
foisonnantes? Les langues chargées d'humour? Les royaumes
chantés d'amour? C'est au nom du passé que se construit le
futur. L'Occident n'a jamais réussi qu'à instaurer une période
de transition. L'Occident a rendu un
fieffé service : sa
domination sclérosée a conduit vers l'espace. Merci de tomber en
fin de course.
Place au relais sans terme : place à l'Afrique. Place à demain.
C'est logique : si les Africains ont supporté l'esclavage et la
colonisation, c'est qu'ils peuvent tout endurer. Quand on survit
à la destruction, on est solide. Quand on surmonte
l'empoisonnement, on est trop fort. Quand on affronte la
déchéance, on tient la roue. Les Africains nous indiquent ce à
quoi aboutirait la décroissance : la déculturation, l'inégalitarisme,
la paupérisation, la mort.
L'inoxydable Afrique n'explique pas assez le futur de l'Afrique
à terre. Les vaincus d'un système sont les mieux armés pour
apporter le changement - porter le nouveau paradigme. Nous
sommes à la fin du système. Nous sommes à la fin du
transcendantalisme. Nous sommes à la fin du monothéisme. Les
ultimes victimes du système actuel sont les Africains. Quels que
soient leurs torts, là n'est pas la question. La question est :
à partir du moment où lles victimes terminales survivent au
martyr en place, elles sont les pionniers de demain.
Les victimes sont des pionniers. Regardez les chrétiens :
considérés comme des crétins, ils ont incarné le monothéisme.
Ils ont occis les Romains. Les chrétiens étaient des pionniers :
c'est pour cette raison qu'ils furent persécutés par le système
impérialiste décadent et agonisant. C'est parce que la culture
africaine porte en son sein luxuriant le changement systémique
que les Africains sont les damnés du mondialisme.
C'est à ce genre de paradoxe que se mesure l'existence du divin
: Dieu donne et Dieu reprend. Dieu est du côté des victimes. On
le sait depuis le Christ. Mohamed était dans la grotte de
l'exil. Dieu est du côté de l'incompris. Dieu est du côté du
changement. Dieu est du côté de l'Afrique. Pas du fric. Dieu a
donné à l'homme l'espace. Dieu triomphe du diable. Le changement
triomphe de la sclérose. Changez. Pariez sur le perdant gagné
d'avance. Misez sur l'Afrique. L'obole de la parabole. La
rédemption de l'Occident est en Afrique.
Publié le 6 février
2010 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
Les analyses de Koffi Cadjehoun
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