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Le Quotidien d'Oran
Moubarak au pied du
mur
Kharroubi Habib
Samedi 29 janvier 2011
Quelle que soit l'ampleur de leur mouvement de contestation
anti-Moubarak, les Egyptiens ne se débarrasseront pas dans
l'immédiat de leur dictateur honni. Car le raïs égyptien ne
sera lâché ni par son armée et sa police, ni par les
Etats-Unis et l'Union européenne. Mais c'est désormais une
certitude qu'il ne se représentera pas fin 2011 pour un
autre mandat présidentiel et qu'il lui sera impossible
d'imposer la candidature de son fils Gamel à sa succession.
Pour les Américains et les Européens, l'Egypte est un pion
d'importance primordiale sur l'échiquier moyen-oriental. Ils
ne peuvent en conséquence laisser ce pays devenir la proie
du vide politique et constitutionnel qu'un départ précipité
de Moubarak du pouvoir ouvrirait. Ils font et feront donc
pression sur le vieux dictateur pour qu'il accepte de lâcher
du lest sous la forme de concessions donnant satisfaction à
certaines revendications qui s'expriment dans la rue
égyptienne. Celle notamment de permettre au peuple égyptien
de s'exprimer pacifiquement, de choisir son futur président
en des formes démocratiques acceptables.
Ce qui passera par une révision de la constitution
égyptienne actuelle qui, par ses dispositions, exclut de la
course à l'élection présidentielle toute personnalité
politique n'ayant pas l'onction du président et de son
parti.
C'est ce que d'ailleurs a formulé Mohammed El Baradei à son
retour en Egypte pour prendre part à la contestation
populaire qui s'est étendue à l'ensemble des provinces du
pays. Figure de proue de l'opposition à Moubarak et à son
régime, le prix Nobel de la paix et ancien directeur général
de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) n'a
pas été au-delà de ces revendications. Il n'a pas exigé,
comme le scande la rue égyptienne, le départ immédiat du
vieux dictateur, sachant qu'il n'aura pas l'approbation de
l'armée et des principaux partenaires occidentaux de
l'Egypte. El Baradai a appelé à la mise en place d'une
transition négociée.
La crainte bien réelle en Egypte que la chute brutale de
Moubarak et de son régime ne profiterait qu'au courant
islamiste, principalement à l'organisation des Frères
musulmans dont l'influence dans le pays est incontestable,
fait que les autres segments de l'opposition politique
égyptienne se gardent d'encourager la revendication
maximaliste du départ immédiat du vieux dictateur. Ils
appelleront au calme aussitôt que celui-ci annoncera, très
probablement sur les conseils de Washington et d'autres
capitales occidentales, qu'il renonce à se porter candidat
en 2011 pour la prochaine élection présidentielle.
Contrairement donc à ce qui s'est passé en Tunisie, la
révolte du peuple égyptien n'aura pas pour aboutissement
spectaculaire l'effondrement du régime en place. Mais elle
va tout de même enclencher un long et lent processus qui
conduira le pays vers l'ouverture politique, la
démocratisation et plus de respect pour la souveraineté
populaire et les libertés civiques et individuelles.
Perspective qui était proprement impensable pour un pays
arabe avant la Révolution du jasmin. La voilà en voie de se
concrétiser en Egypte, mais aussi ailleurs en Jordanie, au
Yémen et au Soudan. L'Algérie n'en sera pas exempte.
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