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Le Quotidien d'Oran
L'alliance
présidentielle et les comités de soutien aux abonnés absents
Kharroubi Habib
Jeudi 13 janvier 2011
Pendant les journées d'émeutes, l'Assemblée populaire
nationale a suspendu ses travaux pour soi-disant permettre
aux députés de retourner dans leurs circonscriptions afin de
contribuer à ramener le calme. Pourtant, il n'a été rapporté
de nulle part que des députés «élus du peuple» ont été au
contact des manifestants pour tenter de leur faire «entendre
raison».
Nos parlementaires n'ont pas été les seuls à s'être
inscrits aux abonnés absents quand l'émeute et la violence
se sont donné libre cours. Les partis de l'alliance
présidentielle et la myriade de comités et d'associations de
soutien à Bouteflika et à son programme ont fait de même. Le
pouvoir n'a pu compter que sur les services de sécurité pour
endiguer l'ouragan déchaîné. Tout ce que ses relais
politiques ont fait en ce chaud moment a consisté à se
fendre de déclarations de désapprobation des émeutes à
l'abri dans des enceintes sécurisées.
Ces partis, comités et associations se prétendent pourtant
représentatifs et mobilisateurs parmi la population. Leur
comportement et leur absence en la circonstance sont les
preuves flagrantes du contraire. Ce qui n'est pas pour
surprendre sachant sur quelles impostures est basée leur
existence. En l'occurrence, ils n'ont même pas eu la
«reconnaissance du ventre» qui aurait consisté à voler au
secours du système qui les arrose en généreux profits,
prébendes et privilèges. Pas fous nos députés et les
profiteurs qui peuplent ces partis, associations et comités
pour aller affronter une contestation populaire dont ils
savent qu'elle les englobe dans l'exécration qu'elle a
exprimée.
Leur désertion n'a pas échappé au ministre de l'Intérieur
et des Collectivités locales qui l'a déplorée et fustigée en
déclarant n'avoir vu sur le terrain «ni les militants des
partis, ni les membres des multiples associations de la
société civile agréées». Il ne pouvait en être autrement
pour ce conglomérat dont l'engagement politique se résume à
«traire la vache à lait».
Bouteflika n'est pas dupe de leur attachement à sa personne
et à son programme. Il continuera malgré tout à faire avec
car le dispositif qu'ils constituent entretient l'illusion
que la mouvance présidentielle est majoritaire dans le pays.
Le calme revenu, les choses étant redevenues «normales»,
tout ce beau monde va s'agiter et faire assaut d'actions
d'allégeance et de soutien à sa personne.
Que les partis et autres segments en soutien au pouvoir et
à Bouteflika fassent la preuve de leur déconnection d'avec
la population, n'est pas pour surprendre. Mais que ceux de
l'opposition se soient montrés frileux à aller à la
rencontre de cette population en un moment crucial, est
désespérant. Bien entendu que le pouvoir ne les aurait pas
laissés faire. Mais ils n'ont rien tenté comme s'ils ne se
sentent pas concernés par ce que la colère populaire a
exprimé. Certains d'entre eux semblent avoir compris que le
climat politique devient propice à l'initiative de
rassemblement des oppositions. S'engageront-ils réellement
sur cette voie? Rien n'est moins sûr tant ces oppositions se
sont enferrées dans le rejet et l'anathémisation les unes
des autres au détriment de l'essentiel qui est de combattre
en front uni l'adversaire commun qu'est le système et son
régime.
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