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Le Quotidien d'Oran
Un crime directement
ordonné par Mohamed VI
Kharroubi Habib
El Ayoun - Photo AFP
Mardi 9 novembre 2010
L'assaut brutal contre le camp dressé près d'El Ayoun, au
Sahara Occidental, donné par les forces d'occupation
marocaines lundi matin à l'aube, a confirmé en tous points
les cris d'alarme lancés dimanche, la veille, par le
président de la RASD, Mohammed Abdelaziz, au secrétaire
général des Nations unies, Ban Ki-moon. Dans son message,
Abdelaziz sollicitait en effet une intervention urgente des
Nations unies, au motif qu'il disait entrevoir une menace
d'escalade militaire contre les dizaines de milliers de
Sahraouis s'étant regroupés dans ce camp pour protester
contre leurs conditions sociales sous l'occupation
marocaine. Une escalade, a-t-il averti, qui pourrait
déboucher «sur un nouveau crime contre l'humanité et à une
catastrophe humanitaire de premier plan».
Les craintes exprimées par le président de la RASD se sont,
hélas, avérées fondées. L'intervention des forces armées du
Makhzen a été d'une violence inouïe contre les habitants du
campement et les citoyens de la ville d'El-Ayoun qui
tentaient de les rejoindre par solidarité. Il est difficile
pour l'instant d'apprécier le bilan de cette répression
barbare parce que les autorités d'occupation ont pris la
précaution préalable d'interdire la présence aux alentours
du camp à tout observateur étranger. Si massacre il y a, il
a eu lieu à «huis clos».
En tout cas, de nombreuses ambulances ont été vues faisant
la navette entre le camp et la ville d'El-Ayoun. Preuve s'il
en est que l'intervention des forces de sécurité marocaines
a été opérée sans ménagement. Il est à remarquer que
l'assaut donné au camp des protestataires sahraouis a eu
lieu après le discours prononcé par le Roi du Maroc à
l'occasion du 35e anniversaire de la «Marche verte», dans
lequel il a proféré la menace qu'il ne laisserait quiconque
«honteusement instrumentaliser les libertés dont jouit le
Maroc pour porter atteinte à son intégrité territoriale».
Déclaration que Mohammed Abdelaziz a, à juste titre,
qualifiée de «feu vert donné par le monarque au Makhzen pour
commettre de nouveaux crimes contre des milliers d'hommes,
de femmes et d'enfants et des personnes âgées, pacifiques et
isolés, qui ont seulement revendiqué des droits sociaux,
économiques et politiques justes et légitimes».
Ce n'est pas non plus sans calcul et arrière-pensée que le
Makhzen a programmé son coup de force contre le camp de la
révolte à quelques heures de l'ouverture de la troisième
session de négociations informelles entre le Polisario et le
Maroc dans la banlieue de New York. Ce timing pousse à la
déduction que les autorités marocaines ont cherché à créer
un «casus belli» susceptible d'inciter le Polisario à
revenir sur son engagement à poursuivre la négociation
placée sous l'égide des Nations unies.
Malgré la gravité de la situation créée par l'assaut
barbare de la force de répression marocaine, le Polisario ne
se laissera pas toutefois imposer la politique de la «chaise
vide». Ses représentants trouveront au contraire un argument
imparable dans le comportement du Makhzen marocain à l'égard
de leurs concitoyens regroupés dans le camp près d'El-Ayoun
pour leur refus de plan «de large autonomie» que le Roi veut
voir se substituer au référendum d'autodétermination.
Sauf qu'il y a péril pour les milliers de personnes en
butte à la répression déchaînée au signal du monarque,
auquel les Nations unies se doivent de mettre un terme. Car,
comme souligné par Mohammed Abdelaziz dans son message
pressant à Ban Ki-moon, «l'ONU porte l'entière
responsabilité pour mettre un terme à cette escalade
dangereuse, afin d'empêcher les autorités d'occupation
marocaines de commettre un nouveau crime contre l'humanité».
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