|
Counterpunch
Obama vit dans une bulle d'ignorance:
il veut trouver une solution pour la Palestine, lui,
au moment même où Israël est en train de la détruire ?
Kathleen et Bill Christison
Kathleen Christison
on counterpunch.org, 15 avril 2009
http://www.counterpunch.org/christison04152009.html
Sans doute davantage que cela n’a jamais
encore été le cas, Washington est aujourd’hui enferrée dans le
déni en ce qui concerne Israël et son comportement sidérant,
avec sa politique assassine à l’encontre des Palestiniens, avec
les efforts qu’il déploie, ainsi que ses partisans américains,
pour nous contraindre à ignorer les atrocités qu’il perpètre.
Les œillères ont de tout temps fait partie de l’équipement des
décideurs et des hommes politiques américains, dès lors qu’il
est question d’Israël et des agissements de ce pays. Mais au
lendemain de l’agression israélienne, qui a dévasté trois
semaines durant le minuscule territoire de Gaza – une offensive
terminée, de manière expédiente, juste avant l’intronisation d’Obama,
si bien que celui-ci a pu se comporter comme si de rien n’était
–, la perspective à partir de laquelle Washington opère est
obstruée d’une façon encore bien plus frappante que cela n’avait
jamais encore été le cas.
Lors d’un symposium sponsorisé par le
Middle East Policy
Council, organisé à Capitol Hill (à Washington) quelques
jours seulement avant la prise de fonctions d’Obama, Ali
Abunimah, un commentateur palestino-américain avisé, qui dirige
le site ouèbe
ElectronicIntifada.net, a déclaré sans ambages que
Washington est au centre d’une bulle d’ignorance et de déni.
Alors que le reste du monde, en particulier au niveau des
sociétés civiles, débat de la nécessité de traîner les
dirigeants israéliens devant des tribunaux chargés de juger
leurs crimes de guerre et d’imposer des sanctions à Israël, M.
Abunimah a fait observer que Washington et ceux des leaders
mondiaux qui lui sont liges essaient d’aller de l’avant comme si
absolument rien n’avait changé.
« Nous devons nous attendre », a dit M.
Abunimah, « à ce que l’appareil officiel de l’industrie du
processus de paix – les Hillary Clinton, les Quartette, les Tony
Blair, les Javier Solana, les Ban Ki-Moon, bref, toute la
panoplie des boîtes à idées officielles et officieuses de
Washington – vont continuer leur
business as usual, en
s’efforçant de faire croire que, grâce à leurs diligences, un
Etat palestinien verra le jour ». « Mais, dans le monde réel,
cet Etat n’existera pas », a-t-il poursuivi, « et le temps est
venu de parler franchement de ce qui est en train de se
passer ».
Jusqu’ici, après trois mois
d’administration Obama, rien n’indique vraiment que celui-ci y
voie clair ou soit prêt à parler franchement. Un autre
commentateur politique et militant palestinien très avisé, M.
Haidar Eid, qui vit et subit les incessants châtiments
collectifs d’Israël à Gaza, a dit récemment, lors d’une
interview, que la réaction internationale à l’agression
israélienne contre Gaza s’apparentait à une réaction à une
quelconque catastrophe naturelle, à croire qu’aucun être humain
n’aurait eu de rôle dans la destruction et que les seules choses
dont ont aurait besoin pour résoudre le problème étaient du fric
et des aides. Comme si, a-t-il dit, le désastre n’avait pas été
« créé par l’Etat d’Israël afin d’anéantir à la fois la
résistance et la société palestiniennes ? »
M. Eid commentait ainsi une conférence
internationale de donateurs réunie à Sharm el-Sheikh, début
mars, qui avaient fait démonstration de magnanimité en
promettant presque 5 milliards de dollars d’aide afin de
soulager la « crise humanitaire » à Gaza – mais en promettant
aussi de ne rien faire pour solutionner la réalité politique de
l’occupation israélienne, qui est pourtant à l’origine du
calvaire humanitaire de Gaza ? Les donateurs – ces mêmes
dirigeants de l’ « industrie du processus de paix » dont parlait
M. Abunimah – n’étaient là que pour prétendre être préoccupés et
pour refiler du fric, ce qui est toujours la manière la plus
pratique, dans l’esprit des élites politiques, pour balayer sous
le tapis des problèmes humanitaires qui font désordre. C’est
ainsi qu’ils soulagent leur propre conscience et qu’en même
temps ils disent à Israël qu’il peut continuer à détruire la
Palestine et les Palestiniens en toute impunité : la communauté
internationale ramassera les morceaux et règlera l’addition.
Message reçu 5/5 par Israël !
Toute idée de contraindre Israël à mettre
fin à son oppression grossière des Palestiniens, toute idée de
faire quoi que ce soit afin de confisquer à Israël la carte
blanche dont il use et abuse, c’était apparemment encore trop
demander à ces dames patronnesses. Toute prise de conscience du
fait que leur promesse d’aide n’était rien d’autre qu’un rouage
dans un cycle destructeur sans fin leur a également échappé – un
cycle dans lequel ces mêmes donateurs, sous la houlette des
Etats-Unis, équipent Israël avec les armes les plus
sophistiquées et la puissance politique absolue qui va avec,
après quoi Israël utilise ces armes et se sert de son permis
politique flambant neuf de chasse au Palestinien, et les
donateurs se réunissent à nouveau pour réparer les destructions.
L’hypocrisie a été encore davantage soulignée par l’exigence
ferme des Etats-Unis qu’avant que les Gazaouis ne reçoivent le
premier kopek de ces largesses internationales, le Hamas devra
avoir reconnu le droit d’Israël à l’existence. Autrement dit, le
Hamas doit reconnaître le droit à l’existence précisément de
l’Etat qui vient d’essayer de le détruire, et son peuple avec,
et même la terre sur laquelle ils vivent.
Si le comportement d’Israël n’était pas
aussi répugnant, le déni américain et international devrait nous
faire marrer. Mais la promesse d’aide et le cercle vicieux sans
fin de la misère financée par l’Occident – ainsi que la myopie
qu’ils traduisent – ne constituent, ensemble, rien d’autre qu’un
exemple frappant d’une ignorance volontaire découlant d’un
processus cognitif entièrement orienté dans le sens de la vision
israélienne, à partir de laquelle les Etats-Unis et la
communauté internationale abordent rituellement ce conflit. La
fin de l’interminable mandat de George Deubeuliou Bush et
l’avènement de Barack Obama ont d’ores et déjà donné lieu à
d’autres initiatives, tout aussi naïves et à courte-vue que ces
promesses d’aide – à courte-vue, car, de manière avisée ou non,
ces initiatives ont pour origine un point de départ totalement
centré sur Israël et ses exigences et fermant totalement les
yeux sur le comportement barbare de ce pays.
Barack Obama et Hillary Clinton évoquent
sans rire l’ « inévitabilité » et le caractère « inéluctable »
d’une solution basée sur deux Etats, sans prendre aucunement en
considération l’impossibilité croissante d’un Etat palestinien
réel, ou encore du fait qu’Israël élimine aussitôt toute
perspective d’un tel Etat et qu’il est en train, de fait,
d’éliminer ouvertement les Palestiniens eux-mêmes. Les premiers
mois de l’administration Obama et la nomination de George
Mitchell au poste d’envoyer spécial au Moyen-Orient font émerger
d’autres responsables, qui, plus entichés de processus de paix
que de toute perspective d’une paix réelle, poursuivent
aveuglément l’ « industrie du processus de paix », sans aucune
considération pour les réalités du terrain, ou pour la garantie
sur facture (plus que virtuelle) de leur échec.
Sans doute le plan le plus détaillé
prétendant frayer une voie vers une solution à deux Etats avait
été, en réalité, écrit avant l’accession au pouvoir d’Obama ;
mais ce n’est que maintenant qu’il est publié. Ce plan, intitulé
A Last Chance for a Two-State Israel-Palestine Agreement
[Dernière chance pour un règlement israélo-palestinien à deux
Etats] avait été mis au point en décembre dernier par un groupe
d’anciens hommes d’Etat américains bien intentionnés, dont Brent
Scowcroft, Zbigniew Brzezeinski, Lee Hamilton et Paul Volcker
(le seul, sur dix, à faire partie de l’administration Obama).
Ces sages avaient été réunis par Henri Seigman, un ancien
président de l’American
Jewish Committee spécialiste du conflit palestino-israélien
qui s’est illustré, ces dernières années, par ses critiques
franches et réalistes de l’occupation israélienne. La
proposition en question est une sorte de scénario de réalisation
de l’impossible, en dix-sept pages.
Ce plan approche le conflit sous un angle
israélo-centrique, et même en soulignant lourdement la nécessité
de satisfaire aux besoins d’Israël en matière de sécurité ; il
comporte en lui-même la prescription des drogues qui en
garantissent l’échec. Le rapport consacre un cinquième (ce qui
n’est pas sans signification) de sa pagination à une annexe,
intitulée « Répondre aux besoins d’Israël en matière de
sécurité », en plus d’une logorrhée considérable consacrée à ce
sujet dans le corps même du document. Il n’y figure strictement
aucune mention d’une quelconque nécessité d’assurer la sécurité
de la Palestine contre les menaces pesant sur elles, en
provenance d’Israël...
La motivation cachée derrière ce plan est
admirable : il reconnaît la centralité du conflit
palestino-israélien par rapport à d’autres problèmes et à
d’autres intérêts américains au Moyen-Orient ; il exhorte la
nouvelle administration [Obama] à prendre le contre-pied de huit
ans de désengagement de ce conflit par l’administration Bush et
il l’exhorte à le faire très rapidement ; il appelle à prendre
contact avec le Hamas et il exhorte à entreprendre l’initiative
de paix nécessaire, fusse au risque de déplaire à « certains
électorats intérieurs ». Mais le plan est en lui-même naïf et il
oublie les réalités brutales de la situation, qui existaient
pourtant dès avant l’offensive israélienne contre Gaza. Du fait
qu’il ne tient strictement aucun compte des intentions mortelles
d’Israël à l’encontre des Palestiniens, ni de sa responsabilité
dans le niveau de violence observé aujourd’hui, ce rapport ne
fait, en réalité, que donner une prime à l’intransigeance
israélienne, tout en faisant allègrement la supposition que
cette rigidité pourra être surmontée en publiant un plan sur
quelques morceaux de papier, tandis que les Etats-Unis
continueront à envoyer à Israël les armes dont il a besoin pour
détruire la Palestine…
Ce rapport se situe dans un monde mythique
– un monde où Israël n’a aucune responsabilité dans l’occupation
du territoire palestinien et ne s’intéresse qu’à sa sécurité,
sans avoir la moindre obligation à l’égard des Palestiniens. Il
fait référence de manière répétée à une situation sécuritaire du
type « qui, de l’œuf ou de la poule ? » dans les territoires
occupés – comme s’il était impossible de déterminer si c’est
l’occupation d’Israël qui est première, ou la résistance
palestinienne, comme si l’occupation n’était pas, précisément,
la raison pour laquelle la Résistance palestinienne existe,
comme si les attentats suicides palestiniens (dont le projet
affirme qu’il cause à Israël « une angoisse compréhensible »)
auraient pu surgir d’ailleurs, précisément, que de l’oppression
israélienne ?
Le plan n’aborde les conditions d’une paix
entre les deux Etats qu’envisagées quasiment uniquement en
termes des besoins d’Israël – non seulement ses besoins en
matière de sécurité, mais aussi en matière de colonies et de ses
inquiétudes concernant le droit au retour des réfugiés
palestiniens. Ainsi, par exemple, alors qu’il préconise que la
frontière entre les deux Etats soit « basée sur » les lignes de
cessez-le-feu antérieures à juin 1967 avec seulement quelques
modifications réciproques et mineures, il recommande que les
Etats-Unis « prennent en compte les régions à forte population
israélienne en Cisjordanie ». Bien que le style minimise la
gravité de cette question, ce passage signifie que l’on doit
laisser de l’espace aux grands blocs de colonies israéliennes,
qui incluent environ 10 % de la minuscule Cisjordanie (environ
la taille de l’Etat américain du Delaware), couvrent
virtuellement la totalité de Jérusalem Est et incluent (au bas
mot) 85 % des 475 000 colons israéliens en Cisjordanie +
Jérusalem Est.
En avril 2004, George Bush remit à Ariel
Sharon une lettre garantissant officiellement l’approbation par
les Etats-Unis de la conservation par Israël de ce que Bush
appelait « les centres majeurs de population juive » en
Cisjordanie, modifiant du même coup ce qui avait représenté près
de quarante années de politique américaine en faveur d’un
retrait virtuellement total d’Israël des territoires occupés.
Les « paramètres » de Bill Clinton, définis en 2000, avaient eu
le même effet, bien qu’à une échelle un peu moindre, en
proposant de permettre à Israël de conserver ses colonies –
désignées par le terme anodin de « faubourgs » - à Jérusalem
Est. Les dernières propositions formulées par l’ancienne équipe
répètent ce diktat clintonien et, de manière générale, endossent
tant les déclarations de Clinton que celles de Bush, qui cèdent
de manière unilatérale à Israël du territoire palestinien, sans
négociation, et sans consulter les Palestiniens.
Ce projet jette aussi aux orties le droit
au retour des Palestiniens. Bien qu’il fasse une allusion
fugitive, en passant, au « sentiment d’injustice » des réfugiés
et bien qu’il appelle à « une compensation financière
conséquente », il déclare, là encore de manière unilatérale et
préemptive, que la résolution du problème des réfugiés devra
« protéger Israël contre un afflux de réfugiés » - ce qui
signifie que ce droit de retour ne serait pas garanti à tous les
réfugiés palestiniens, ni, encore moins, à la plupart des
réfugiés qui pourraient choisir de retourner dans leurs maisons
et sur leurs terres à l’intérieur d’Israël, d’où ils ont été
chassés. Cette précaution est censée « protéger » Israël contre
toute exigence qu’il doive réparer l’injustice massive qu’il
perpétra en 1948, en exigeant de ses victimes qu’elles se
satisfassent, après plus de soixante années, d’un maigre pécule
et d’une maison, quelque part, en dehors de leur propre patrie.
Le chapitre principal de ce rapport des
sages propose que l’Etat palestinien n’aurait pas d’armée et
serait sécurisé par une force multinationale mandatée par l’Onu
et placée sous commandement américain, qui fonctionnerait durant
cinq ans, mais dont le mandat serait renouvelable, l’intention
étant de permettre aux Palestiniens de parvenir à assurer leurs
propre sécurité (et, bien entendu, à être capables de garantir
celle d’Israël) dans les quinze ans. Cette force de sécurité
serait une force de l’Otan, renforcée par des troupes
jordaniennes, égyptiennes et – très étonnamment – israéliennes.
L’aspect Alice-au-Pays-des-merveilles de cette proposition très
particulière se résume au présupposé qui est celui des sages,
selon lequel la souveraineté palestinienne serait peu ou prou
respectée même si les Palestiniens se voyaient contraints de
remettre leur sécurité à une force multinationale qui inclurait
non pas seulement des éléments de multiples armées étrangères,
mais y compris des troupes de l’oppresseur même dont les
Palestiniens sont censés s’être débarrassés
en parvenant à l’existence en tant qu’Etat. C’est là ce
genre d’absurdité inhérente à l’« industrie du processus de
paix », qui rend des propositions telles celle-ci totalement
insensées.
Le projet brade, avant même que des
négociations aient été entamées, davantage que n’importe quel
Etat en devenir pourrait se permettre de brader. Il cède du
territoire de ce qui devrait devenir l’Etat palestinien avant
même que les Palestiniens aient été en mesure de s’asseoir à la
table des négociation. Il cède, sans aucune restriction ni
aucune excuse, le droit des Palestiniens à réparer une énorme
injustice qui est, cela, depuis le début, soit depuis plus de
soixante ans, le grief palestinien fondamental à l’endroit
d’Israël. Il cède la souveraineté et la sécurité palestiniennes
en invitant une force de sécurité internationale comportant des
troupes, précisément, de la puissance occupante dont les
Palestiniens essaient de se débarrasser. Et il renonce à toute
viabilité de l’ainsi nommé « Etat ».
L’on attendait mieux des sages qui ont
rédigé ce document. Certains d’entre eux, de fait, on travaillé
en tant que spécialistes sur le conflit arabo-israélien, par le
passé, et le coauteur de la proposition Henry Siegman travaille
sur cette question depuis des décennies. Mais la proposition
fait montre de tellement peu de compréhension du degré avec
lequel Israël a d’ores et déjà absorbé la Cisjordanie qu’on
pourrait avoir l’impression qu’aucun de ces Messieurs n’a jamais
mis les pieds dans la région. Et dans son affirmation benoîte
selon laquelle il sera possible d’inciter Israël à donner son
accord à un quelconque retrait, aussi minime soit-il, des
territoires occupés, on ne constate guère de compréhension du
fait qu’aucun gouvernement israélien, quelle qu’en soit la
couleur politique, et en particulier aucun des gouvernements de
droite qui ont dirigé Israël ces dix dernières années, voire
depuis plus longtemps, n’a eu (n’a et n’aura) la moindre
intention d’accorder aux Palestiniens le moindre degré
d’indépendance et de souveraineté authentiques, où que ce fût et
où que ce soit en Palestine.
En fin de compte, à l’instar de la
conférence des donateurs qui ont vu dans le désastre de Gaza on
ne sait trop quelle force naturelle échappant à tout contrôle
humain qui serait descendue, telle un cyclone, sur l’étroit
territoire, ce projet ne donne nul signe de la reconnaissance
que le responsable de ce conflit est Israël. Israël est le camp
qui détient tout le pouvoir, le camp qui contrôle tout le
territoire : Israël est le camp qui exerce actuellement une
occupation militaire opprimant les Palestiniens, défiant le
droit international ; Israël est le camp qui démolit des
maisons, bombarde des quartiers peuplés de civils, lance des
bombes au phosphore blanc sur des civils, impose des barrages
routiers et d’autres restrictions aux déplacements, édifie des
murs pour maintenir les Palestiniens à l’écart, bloque les
importations alimentaires d’une population palestinienne tout
entière, confisque des terres pour y construire des colonies et
des routes réservées aux seuls Israéliens juifs. Israël est le
camp qui a perpétré 85 % des assassinats dans le conflit, depuis
l’éclatement de l’Intifada, voici de cela huit ans et demi.
Mais l’ignorance de ces hommes d’Etat et
leur déni des réalités de l’occupation, de la brutalité
israélienne et de l’agression israéliennes en disent long sur
l’immense capacité, qui reste celle d’Israël, de s’en tirer à
bon compte en bénéficiant toujours de l’atmosphère d’adulation
dont il bénéficie aux Etats-Unis. On peut se demander, de fait,
si ces gens sont aussi ignorants qu’ils le semblent de ce qu’il
se passe, avec l’aide des Etats-Unis, en Palestine ? Pensent-ils
que tout cela est bel et bon et que cela fait avancer les
intérêts nationaux américains d’une quelconque manière, que de
continuer à armer Israël et que de lui garantir une carte
blanche totale pour continuer à opprimer les Palestiniens ? Ou
bien ont-ils été tellement aspirés dans le discours
israélo-centrique régnant dans notre pays [les Etats-Unis,
ndt] qu’ils sont
littéralement terrorisés à l’idée de s’opposer à Israël et
d’affronter ses lobbyistes aux Etats-Unis ?
Ce château de cartes qu’est, en réalité,
cette « industrie du processus de paix » à laquelle M. Abunimah
a fait allusion – ce château de cartes qui prétend qu’Israël
n’est pas un Etat voyou dévastant son voisinage quand cela lui
chante – doit s’écrouler, et le plus tôt sera le mieux. Comme
l’a déclaré M. Abunimah à la conférence de Capitol Hill, ce que
les gens savent en Europe et à Chicago, où il vit et où il
travaille, diffère du tout au tout de ce que les gens
de Washington et de New York croient savoir et, comme il
l’a relevé, le silence sur les réalités du terrain, en
Palestine, n’est désormais plus tenable. Quand l’histoire de
cette période sera écrite, a dit M. Abunimah, « Gaza sera perçu
comme le moment après lequel il est devenu impossible, pour
Israël, d’être intégré dans la région du Moyen-Orient en tant
que prétendu « Etat juif sioniste » ».
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
[* Depuis plusieurs années maintenant, Kathleen and Bill
Christison rédigent des analyses sur le Moyen-Orient. Ils sont
les coauteurs d’un livre, à paraître au mois de juin aux
éditions Pluto Press, consacré à l’occupation israélienne et à
son impact sur les Palestiniens. Il y a une trentaine d’années
de cela, ils étaient analystes à la CIA. Ils sont joignables à
l’adresse mél :
kb.christison@earthlink.net.]
|