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L'EXPRESSIONDZ.COM
L’INITIATIVE
DE PAIX ARABE AFFIRMÉE
La paix, un choix stratégique
Karim Mohsen

Photo L'Expression
31
mars 2007 Le Sommet arabe de
Riyadh a réaffirmé son offre de paix et réitéré son appel à
Israël. Comme il était attendu, le 19e
Sommet arabe ordinaire, qui s’est tenu à Riyadh, mercredi et
jeudi, a réaffirmé l’offre de paix arabe de 2002 réactivée
et reprise telle par le Sommet de Riyadh. Les Arabes demeurent
ainsi attachés à l’ensemble des propositions faites, il y a
cinq ans -qui restent en fait d’actualité- en réaffirmant «l’engagement
des Arabes pour une paix juste et globale comme option stratégique,
et réaffirme que le processus de paix est une opération globale
et indivisible et que la paix juste et globale dans la région
n’est réalisable qu’à travers un retrait israélien total
des territoires palestiniens et arabes occupés, y compris le
Golan syrien occupé et jusqu’à la ligne du 4 juin 1967, ainsi
que les territoires qui sont encore occupés dans le sud du Liban
(...)» Dans le même temps, comme l’indique la résolution
rendue publique, jeudi, le Sommet arabe réaffirme «l’invitation
au gouvernement israélien et à tous les Israéliens à accepter
l’initiative arabe de paix et à saisir cette occasion qui se présente
pour une reprise du processus de négociations directes et sérieuses
sur tous les volets». En clair, les Arabes, sans rien
exclure, sont prêts à parler de paix avec les Israéliens et de
tous les points afférents à l’établissement de la sécurité
dans la région. Et le refus brutal tel celui opposé, dès jeudi,
par le vice-Premier ministre, Shimon Peres, plus qu’une réaction
épidermique, montre surtout le recul de celui qui a été l’un
des architectes du processus de paix dans les années 90 et de
l’accord Israël-OLP de 1993. Réagissant à chaud, le numéro
deux du gouvernement israélien a ainsi affirmé à la Radio israélienne
qu’ «il est impossible de nous dire: vous devez prendre ce
qu’on vous propose tel quel. Si Israël acceptait cette
initiative, des négociations n’auraient plus de raison d’être»,
insistant «par un diktat, ni les Palestiniens, ni les Arabes,
ni nous, n’aboutirons à un résultat.» Soit M.Peres feint
de n’avoir pas compris le sens de l’offre arabe, soit il fait
tout faux, car ce que proposent les Arabes, c’est une base de négociations
dont certains des points ne sont pas, à l’évidence, négociables,
notamment ceux afférents au retrait de tous les territoires
palestiniens, ou que Jérusalem-Est soit la capitale du futur Etat
palestinien. Le reste se discute autour de la table verte, ce que,
en fait, Israël a toujours refusé, voulant imposer son diktat
aux Arabes et ses propres lectures de la paix. On «n’impose
rien» à Israël. C’est un refrain connu. En réalité, le
sommet arabe n’impose, justement, rien à Israël, il dit, carte
sur table, ce que les Arabes attendent d’Israël, notamment l’échange
de la paix contre les territoires. Il appartient, dès lors aux
Israéliens d’apprécier ou non une offre arabe qui reste
ouverte, parce que s’appuyant sur les différentes résolutions
des Nations unies afférentes au contentieux israélo-palestinien
et plus largement israélo-arabe. Ce qu’a réitéré,
d’ailleurs, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr
Moussa, lorsque, s’adressant aux Israéliens, il déclare: «Nous
leur disons (aux Israéliens) acceptez-la (l’initiative de paix)
d’abord, puis venez à la table de négociations afin que l’on
puisse parvenir à un règlement juste». De son côté, le
Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui semble plus réceptif,
a indiqué, pour sa part, à la Radio israélienne que la déclaration
(du Sommet arabe) «traduit un changement révolutionnaire de
la perception du monde des pays arabes» avant d’ajouter: «Les
pays qui comptent dans le monde arabe commencent à comprendre
qu’Israël n’est pas le plus grand de leurs soucis»
Certes! Certes! Si M.Olmert estime que la déclaration du Sommet
arabe est «révolutionnaire», c’est tant mieux, encore
que l’on ne voit pas en quoi, mais dans les faits, c’est le même
texte déjà avalisé en 2002 à Beyrouth et rejeté «globalement
et dans le détail» par le prédécesseur d’Olmert, Ariel
Sharon. Question d’approche sans doute. Il n’en reste pas
moins que la paix -qui se réalise à deux- ne peut s’accomplir
sans le retrait, sine qua non, d’Israël de tous les territoires
palestiniens occupés en 1967 -pour ce qui concerne à tout le
moins le contentieux israélo-palestinien- afin de donner aux
Palestiniens d’ériger un Etat viable et en même temps fiable.
Ce qu’ils ne peuvent accomplir, à l’évidence, dans un
territoire morcelé comme l’est actuellement la Cisjordanie. La
paix est un choix stratégique fait par les Arabes, toutes
tendances confondues, où il n’y a pas ce que l’Occident
persiste à qualifier d’Arabes «modérés» ou
d’autres qui le seraient moins. Malgré leurs faiblesses, leurs
dérives et faux bonds -qui ne leur ont pas toujours permis de
parler d’une voix unie- les Arabes ont, cependant toujours, eu
pour constance, la libération des territoires arabes occupés et
singulièrement les territoires palestiniens. Les Arabes ont déjà
proposé, dès 2002, de normaliser leurs relations avec l’Etat hébreu,
lequel n’a su, ni voulu, à ce moment prendre la perche qui lui
était ainsi tendue. Mais il faudra bien que les Israéliens se
rendent à l’évidence: ils ne peuvent avoir en même temps la
«paix» «et» les «territoires». Aussi,
quel que soit l’angle sous lequel le problème est abordé, la
paix au Proche-Orient dépend uniquement d’Israël. C’est aux
Israéliens de savoir ce qu’ils veulent et, surtout, ce qu’il
leur reste à accomplir pour ce faire. Publié avec l'aimable autorisation de l'Expression
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