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IRAN,
TERRITOIRES PALESTINIENS, SAHARA OCCIDENTAL ...
L’ONU, parlons-en !
Karim Mohsen
Le siège de l'ONU à New York
Que peuvent les Nations
unies dans la résolution des conflits alors qu’elles sont
outrageusement instrumentalisées par les grandes puissances ?
L’ONU créée à l’origine pour oeuvrer à la
paix dans le monde, outre d’avoir confirmé ses limites, a
surtout été instrumentalisée et mise au service des grandes
puissances alors que les pays et les Etats ne sont pas, ou ne sont
plus, égaux devant le droit international quand celui-ci est
accommodant pour les uns, intransigeant pour les autres. Ceux qui
ont le malheur de ne pas disposer d’un puissant protecteur au
Conseil de sécurité disposant d’un droit de veto.
On l’a vu, les résolutions de l’ONU ne s’appliquent pas de
la même manière quand elles concernent la Syrie ou les
Palestiniens, qui doivent de gré ou de force, s’y conformer, ou
l’Etat hébreu qui décide lui-même de l’applicabilité ou
non des décisions onusiennes le concernant.
On le voit encore sur la question de la décolonisation du Sahara
occidental où l’ONU n’arrive pas, depuis 30 ans, à organiser
un référendum d’autodétermination dans cette région, dernier
territoire de l’Afrique encore colonisé, quand un problème
identique, celui du Timor oriental a pu trouver une solution
conforme au droit international. Ainsi, le référendum qui a pu
être imposé par la communauté internationale à l’Indonésie,
qui a occupé, illégalement, en juillet 1975 le Timor Est -après
le retrait de l’ancien occupant portugais- n’a pu être concrétisé
au Sahara occupé, dans les mêmes conditions, en septembre 1975
par les forces armées marocaines, suite au départ de
l’administrateur en titre, l’Espagne.
Au Timor oriental, ce n’est pas en fait l’ONU qui a imposé le
respect du droit international et l’application des résolutions
onusiennes y afférentes, mais est dû au fait que Djakarta a
perdu l‘appui des grandes puissances, notamment, celui des
Etats-Unis qui, jusqu’alors, empêchaient par des manœuvres
dilatoires l’organisation au Timor d’un référendum induit
par les résolutions du Conseil de sécurité. Au Sahara
occidental, si la Munurso (Mission des Nations unies pour
l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) est
mise dans l’incapacité d’organiser une consultation électorale
du peuple sahraoui, c’est au fait d’autres agissements
temporisateurs, notamment ceux de la France, qui permettent au
Maroc de narguer la communauté internationale. Dès lors, l’ONU
n’agit pas, n’a jamais agi, au regard de ses seuls statuts et
prérogatives, mais vis-à-vis du rapport de force à l’intérieur
de sa composante et singulièrement au veto détenu par les cinq
principales puissances nucléaires dans le monde (Etats-Unis,
Russie, Chine, Grande Bretagne, France).
L’affaire du nucléaire iranien montre, largement, l’effet de
ce «deux poids, deux mesures» lorsque tout est fait pour
contraindre l’Iran à renoncer à un droit, absolument légitime
que lui confère le droit international et particulièrement le
Traité de non prolifération nucléaire de 1968, reconduit en
1995 de recherche nucléaire, quand personne et surtout pas l’ONU
et son organisme de sûreté nucléaire, l’Aiea (Agence
internationale de l’énergie atomique) ne veulent savoir ce que
cachent les centrales nucléaires israéliennes de Dimona.
Mais il apparaît bien qu’Israël, un Etat surprotégé, n’a
à répondre à aucun de ses crimes (commis contre les
Palestiniens), ni à déclarer son arsenal nucléaire un secret de
Polichinelle qui en fait la sixième puissance nucléaire dans le
monde. Or, comme cela s’est avéré être le cas en Irak, où
les Américains, après avoir envahi et détruit ce pays, ont dû
admettre que l’Irak ne dispose d’aucune arme de destruction
massive (ADM), comme l’en accusait Washington qui a déterminé
l’invasion et l’occupation de ce pays avec comme résultat la,
perspective d’une guerre civile cela risque de se reproduire en
Iran.
Alors que les bruits de bottes (américains et israéliens) se
font assourdissants et que l’inquiétude d’une escalade
militaire se fait jour dans le monde, des experts occidentaux
estiment, sous anonymat, qu’il n’existe aucune preuve démontrant
que l’Iran s’adonne à la fabrication d’une bombe atomique.
«Depuis 2002, presque tous les renseignements qui nous sont
parvenus se sont avérés faux», indique un diplomate de haut
rang de l’Aiea cité par un quotidien américain.
Des responsables américains reconnaissent, en privé, que la
plupart des preuves avancées sur l’existence d’un programme
nucléaire iranien «demeurent ambiguës, partielles et
difficiles à recouper», a encore écrit ce journal le Los
Angeles Times. Et avec ça, l’ONU ne peut même pas mettre en
garde les Etats-Unis et Israël qui menacent ouvertement de
recourir aux armes pour faire se conformer l’Iran à leur
diktat. Que dire des Palestiniens mis en demeure de se soumettre
à Israël par un Quartette où figure l’ONU qui a été
incapable depuis 60 ans de faire se conformer l’Etat hébreu aux
résolutions du Conseil de sécurité. D’autant plus que les
sommations du Quartette, qui asphyxient depuis un an financièrement
et économiquement en un mot affament le peuple palestinien, sont
d’abord celles d’Israël qui exige que le Hamas respecte des
accords (signés entre Israël et les Palestiniens, accords qu’Israël
ne respecte pas lui-même), renonce à la violence, (omniprésente
dans les territoires palestiniens occupés du fait de l’armée
israélienne) et reconnaisse l’existence de l’Etat hébreu
(quand Israël n’est pas près de reconnaître ou d’admettre
l’érection d’un Etat palestinien indépendant).
Dans un rapport rendu public vendredi, le rapporteur de l’ONU,
le Sud-Africain John Dugard, preuve à l’appui, a montré qu’Israël
pratique l’occupation, la colonisation et l’apartheid dans les
territoires palestiniens, tous crimes répertoriés par l’ONU et
les conventions internationales comme contraires au droit
international. M.Dugart indique dans son rapport que «la
discrimination contre les Palestiniens se produit dans plusieurs
domaines.
De plus, la Convention internationale sur l’élimination et la répression
du crime de l’apartheid de 1973 semble être violée par de
nombreuses pratiques, notamment celles privant les Palestiniens de
la liberté de mouvement». «La communauté internationale
a identifié trois régimes comme incompatibles avec les droits de
l’Homme, le colonialisme, l’apartheid et l’occupation étrangère.
Israël est clairement dans une situation d’occupation militaire
des territoires palestiniens.
En même temps, des aspects de cette occupation constituent des
formes de colonisation et d’apartheid qui sont contraires à la
loi internationale» affirme encore le rapport. L’ONU
va-t-elle suivre son rapporteur et exiger d’Israël de se
conformer, enfin, au droit international? Il serait curieux
qu’il en soit ainsi. Alors, l’ONU?
Parlons-en!
Publié avec l'aimable autorisation de l'Expression
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