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L'EXPRESSIONDZ.COM
CONFÉRENCE
SUR LE PROCHE-ORIENT
Le Golan sera
évoqué à Annapolis
Karim Mohsen 
Le Golan
25 novembre 2007 Annapolis
est censée, avant toute chose, relancer sérieusement le
processus de paix israélo-arabe. S’il y a
un fait sur lequel le consensus commence à se faire entre Israéliens
et Palestiniens c’est le temps qui joue aujourd’hui contre eux
et contre la paix. Israël, qui a toujours joué le temps, estime
maintenant que celui-ci joue dorénavant contre lui. Aussi, était-il
«temps» que l’on s’aperçoive qu’il n’est plus
question de laisser le temps au temps. Philosophie qui a permis
aux Israéliens, soutenus par les Etats-Unis, de renvoyer aux
calendes grecques l’aboutissement du processus de paix, gelé
maintes fois par l’Etat hébreu. Ce qui a amené le Premier
ministre israélien, Ehud Olmert à convenir jeudi, dans une déclaration
au journal israélien Haaretz: «Je suis parvenu à la
conclusion qu’il n’était plus possible de maintenir le statu
quo entre nous et les Palestiniens.» Plus précis, le
ministre israélien des Infrastructures, Binyamin Ben Eliezer,
ajoutait: «L’objectif d’Annapolis est de relancer le
processus de paix israélo-palestinien. Le temps ne joue pas en
faveur des deux parties et c’est pourquoi il faut se féliciter
de cette réunion et de la liste de ses participants» a-t-il
déclaré hier à la radio publique israélienne. Malgré cela,
l’Etat hébreu continue à poser des entraves à une véritable
reprise du processus de paix que les Israéliens tentent de détourner
de son objectif premier en axant leur préoccupation sur la seule
sécurité de l’Etat hébreu, oubliant que sa sécurité ne peut
être garantie que par l’existence aux côtés d’Israël
d’un Etat palestinien souverain.
Aussi, l’orientation qui sera donnée ce mardi à Annapolis
(dans la banlieue de Washington) au dossier israélo-arabe sera déterminante
pour un processus de paix englué dans les labyrinthes des procédures.
Que veulent donc les Israéliens, alors que le principe cardinal,
pour arriver à un accord de paix global, reste l’échange de la
terre contre la paix? Or, Israël, qui a poursuivi ces dernières
années l’édification de colonies de peuplement en Cisjordanie,
qui a annexé Jérusalem-Est et le Golan, qui a construit une
barrière de séparation qui empiète largement sur la
Cisjordanie, outre de vouloir la «terre et la paix» en
accélérant le processus de judaïsation des territoires arabes
occupés, refuse de fixer ses frontières restées ouvertes depuis
la création de l’Etat hébreu en mai 1948, et poursuivant une
expansion territoriale qui réduit à une part congrue
l’improbable Etat palestinien.
Il est évident que s’il n’est pas attendu que la réunion
d’Annapolis aille au coeur du sujet, il n’en faut pas moins
espérer qu’elle pose les fondements et le cadre de véritables
négociations susceptibles de parvenir à cet accord de paix
attendu par tous les peuples de la région. De fait, si les pays
arabes ont fini par accepter de participer à la conférence d’Annapolis,
organisée par l’administration américaine, c’est bien dans
l’espoir que tous les points sur lesquels achoppe le dossier
israélo-arabe seront passés en revue sous tous leurs aspects
afin de trouver une issue au contentieux israélo-palestinien,
particulièrement, et israélo-arabe plus généralement. C’est
dans ce contexte que la Syrie, invitée en dernière minute par
Washington, a conditionné sa participation par la prise en charge
par la conférence du dossier du Golan syrien occupé depuis 1967
par Israël et «annexé» en 1981 (annexion non reconnue
par le Conseil de sécurité de l’ONU). D’ailleurs, concernant
la réunion de mardi prochain, le secrétaire général de la
Ligue arabe, Amr Moussa, a réaffirmé qu’il n’était pas
question de «normaliser» avec Israël sans contrepartie
claire de la part de l’Etat hébreu concernant les dossiers en
suspens du contentieux israélo-arabe. Aussi, pour relancer
effectivement le processus de paix, ce qu’elle est censée réaliser,
la conférence d’Annapolis doit pouvoir s’appuyer sur un
minimum de consensus entre les parties et clarifier la donne quant
à l’édification du futur Etat palestinien, dans le cadre des résolutions
pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU afférentes au
dossier israélo-palestinien. Or, Israéliens et Palestiniens qui
discutaient depuis plusieurs semaines sur un document commun -qui
aurait constitué la plate-forme des débats d’Annapolis- se
sont séparés sans avoir conclu aucun accord. De fait, le président
palestinien, Mahmoud Abbas, de passage vendredi au Caire, a affirmé
que les négociations ont été un «échec» indiquant «nous
voulions à travers nos négociations parvenir à un document
conjoint mais, malheureusement, nous n’avons pu nous accorder
sur la formulation car chaque partie a son point de vue». De
fait, il n’y eut accord ni sur le calendrier des négociations
-les Palestiniens voulant qu’il y eut conclusion avant la fin du
mandat de M.Bush qui cède la Maison-Blanche le 20 janvier 2009,
alors que les Israéliens ne veulent pas de date butoir- ni sur
les référents devant constituer la base des futures négociations,
notamment sur l’inclusion de l’initiative de paix arabe adoptée
par le Sommet arabe en 2002 à Beyrouth et confirmé par le Sommet
de Riyad de mars dernier; les Palestiniens s’opposant pour leur
part à ce que soit fait mention à Israël comme «la patrie
du peuple juif» ce qui équivaudrait, selon eux, à un
renoncement du retour des réfugiés contraints à l’exil lors
de la création de l’Etat hébreu. Pour les Palestiniens, cela
est tout simplement inacceptable, car, à l’instar de Jérusalem-Est,
érigée en tant que capitale du futur Etat palestinien, le retour
des réfugiés est une condition sine qua non du processus en
cours et de l’instauration de la paix au Proche-Orient. Il est
évident que cela ne sera facile ni pour les Palestiniens ni pour
les Israéliens.
Aussi, il appartient à l’ONU et à la communauté
internationale de faire pression, notamment sur Israël, pour
l’application des résolutions du Conseil de sécurité, singulièrement
la résolution 242 de 1967 qui exige de l’Etat hébreu son
retrait à la ligne verte existante avant la guerre des Six jours.
Si le processus de paix a jusqu’ici échoué c’est bien parce
qu’il a buté sur l’intransigeance et l’irrédentisme israéliens,
l’Etat hébreu exigeant la terre et la paix alors qu’il ne
peut y avoir de paix sans l’abandon de la terre et sans la création
de l’Etat palestinien dans les frontières que constituait, en
1967, la ligne verte séparant les deux territoires. Annapolis
saurait-elle répondre aux attentes des peuples du Proche-Orient?.
Un début de réponse sera sans doute donné le 27 novembre
prochain. Droits de
reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 25 novembre avec l'aimable autorisation de l'Expression
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