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APRÈS
UN MOIS DE VACANCE ET DIX REPORTS
L’introuvable président libanais
Karim Mohsen 
Le général Michel Sleiman
23 décembre 2007 Nouvel
échec, nouveau report d’une présidentielle de plus en plus
problématique au Liban. Les parties
libanaises sont restées pour la dixième fois consécutive sur
leurs positions avec comme résultat un autre report de la
tentative d’élire le chef de l’Etat libanais, poste vacant
depuis la fin du mandat du controversé président Emile Lahoud.
Un mois, jour pour jour, depuis que le 23 novembre à minuit, le
président Lahoud ait définitivement quitté le palais de Baâbda,
siège de la présidence libanaise, sans qu’un successeur ne lui
soit trouvé. Durant ce laps de temps, aucun progrès n’a été
réalisé, ni compromis trouvé entre ce qu’il est convenu
d’appeler les pro-occidentaux, menés par le duo Saâd Hariri
chef du courant Futur et Fouad Siniora, chef du gouvernement
minoritaire soutenus par la frange chrétienne dont l’un des
chefs de file est l’ancien président d’Amine Gemayel et les
Druzes de Walid Joumblatt, face à l’opposition conduite par le
Hezbollah de Hassan Nasrallah, Amal de Nabih Berri et Michel Aoun,
chef du Courant patriotique libre (CPL).
Le tableau ainsi posé, l’on constate que le différend est plus
politique et stratégique que confessionnel -comme cela a été le
cas lors de la guerre civile (1975-1990)- avec en toile de fond
cette curiosité de voir les chrétiens maronites partagés entre
les deux camps, l’un mené par les sunnites (pro-américains et
français) et l’autre par les chiites (pro-syriens et iraniens).
A partir de là les choses se compliquent avec les interventions,
ou les ingérences, c’est selon, de parties extérieures à la
mouvance libanaise. Ainsi, le président français, Nicolas
Sarkozy, avait-il «demandé» à son homologue syrien,
Bachar Al-Assad, le respect de la date du samedi 22 décembre
(pour l’élection du président, reportée vendredi au 29 décembre).
Vendredi, c’est l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU,
Zalmay Khalilzad, qui a invité le Conseil de sécurité à faire
«pression» sur «ceux qui bloquent l’élection»
entendre la Syrie. En fait, pour le moment, ce sont bien les Américains
et les Français qui sont intervenus directement dans le processus
présidentiel libanais. Le quotidien francophone beyrouthin, L’Orient-Le
Jour résumait parfaitement hier la situation en titrant «le
Liban est plus que jamais otage du bras de fer syro-occidental».
Certes! Mais cela ne semble ni aussi simple ni aussi évident
surtout lorsque certaines parties accusent la Syrie de vouloir «réoccuper»
le Liban. La vérité est sans doute ailleurs, d’autant plus
qu’aucun compromis ne semble possible sans le blanc-seing de
Damas dont tout ce qui se passe ou peut se passer au pays du Cèdre
a ou peut avoir un impact direct sur la sécurité de la Syrie
elle-même, d’où le «droit de regard» que réclame
Damas. Les Américains n’agissent pas autrement qui estiment
leur sécurité menacée partout dans le monde, qui entretiennent
des bases aux quatre points de la planète. Washington pense
d’abord à ses propres intérêts avant la pérennité du Liban
dont la situation géopolitique en fait, historiquement, un
appendice de la Syrie dans laquelle le pays du Cèdre est enclavé.
Ceci dit, la crise libanaise latente durant plusieurs mois, a pris
de l’ampleur après la démission collective du gouvernement de
six ministres dont cinq chiites, ce qui, en fait, a mis le cabinet
Siniora en porte-à-faux avec la Constitution du pays, fondée sur
le partage du pouvoir entre les trois communautés du Liban que
sont les chrétiens (Maronites), les chiites et les sunnites.
L’absence des chiites dans le gouvernement lui a enlevé, en
fait, une grande part de sa légitimité. C’est en rapport avec
cette légitimité que l’opposition demande à discuter de la
composante future du gouvernement. Ce que refuse obstinément la
majorité parlementaire, bloquant de fait tout débat sur le
devenir prochain des institutions du Liban. L’autre point
d’achoppement, qui persiste, est celui ayant trait au mode d’élection
du chef de l’Etat, élection qui nécessite impérativement la révision
de la Constitution, laquelle exige des hauts fonctionnaires
candidats à ce poste, d’avoir démissionné de leurs fonctions
au moins deux ans avant le scrutin.
Ce qui n’est pas le cas du chef de l’armée, le général
Michel Sleiman, dont le nom fait consensus entre les deux parties.
L’obstacle aujourd’hui est que gouvernement et opposition
n’arrivent pas à s’entendre sur le mécanisme pris en compte
pour la révision de la loi fondamentale.
En attendant que cet accord soit trouvé, l’élection du nouveau
chef de l’Etat continuera à être reportée, ce qu’indiquait
hier le président du Parlement, Nabih Berri, également l’un
des leaders de l’opposition et dirigeant du mouvement chiite
Amal. M.Berri, qui a fixé le prochain scrutin au 29 décembre, a
indiqué qu’il convoquerait, «au besoin», le Parlement
«chaque semaine» en janvier, jusqu’à l’élection du
président de la République si, entre temps, le rendez-vous du
samedi prochain se solde, à son tour, par un échec. Au vu du
fossé subsistant entre les deux camps, ceux-ci sont partis pour
une longue tournée électorale sans la certitude de la voir
aboutir. Droits de
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Publié le 23 décembre avec l'aimable autorisation de l'Expression
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