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L'EXPRESSIONDZ.COM
ÉLECTION
PRÉSIDENTIELLE
Le Liban à la croisée des chemins
Karim Mohsen 
Antoine Ghanem
23 septembre 2007 La
donne présidentielle libanaise est totalement bouleversée après
le nouveau meurtre d’un député. A trois
jours de la réunion du Parlement, prévue ce mardi, en vue de
l’élection du chef de l’Etat, les pressions se multiplient
sur les acteurs politiques libanais pour que cette rencontre ait
bien lieu, alors que l’élection présidentielle semblait être
remise en cause après l’assassinat mercredi du député Antoine
Ghanem. En fait, ce nouveau meurtre qui porte à huit le nombre de
personnalités «anti-syriennes» assassinées depuis
l’attentat en février 2005 contre l’ancien Premier ministre
Rafic Hariri, suscite maintes interrogations. C’est beaucoup -et
surtout beaucoup de constance de la part de la Syrie qui serait
derrière ces meurtres à en croire la majorité «anti-syrienne»-
d’autant plus que, nonobstant les accusations systématiques
portées contre Damas, aucune piste sérieuse n’a été relevée
des commanditaires de ces assassinats.
Ceux-ci, indiquent les observateurs et analystes occidentaux, font
le jeu de la Syrie, mais à voir l’emprise que la France et les
Etats-Unis ont sur le gouvernement de Fouad Siniora, quasiment mis
sous tutelle par Paris et Washington, on est fondé à estimer que
le contraire semble encore plus vrai. Or, sous couvert d’aider
et de protéger le Liban, la France, et plus singulièrement les
Etats-Unis, poursuivent une politique de «contenment» de
la Syrie et de l’Iran ci-devant Etats voyous, selon la formule
du président américain, George W.Bush. Mais la préoccupation
demeure l’élection présidentielle en ces moments difficiles
pour le pays du Cèdre, élection dont les retombées pourraient
être graves pour la stabilité future du Liban. En effet, plus
que jamais la question est de savoir qui sera le successeur d’Emile
Lahoud dont le mandat s’achève le 24 novembre prochain. En
l’absence d’un consensus entre majorité et opposition, il est
très malaisé de répondre à la question alors que d’aucuns se
demandent si la réunion du Parlement prévue ce mardi aura bien
lieu et si le quorum sera atteint pour permettre la tenue de l’élection
présidentielle.
Selon la Constitution du Liban, l’élection doit se tenir dans
les deux mois précédents la fin du mandat présidentiel,
c’est-à-dire entre le 25 septembre et le 24 novembre. Or, le
Parlement libanais, faute de quorum, n’a pu se réunir depuis le
mois de novembre 2006 suite à la démission de six ministres
(dont cinq chiites) du gouvernement Siniora. Le président du
Parlement, Nabih Berri, l’un des leaders de l’opposition -qui
a convoqué le Parlement pour ce mardi- a assuré le doyen des députés,
Ghassan Tuéni, qu’il serait présent à la séance de mardi prévenant
cependant: «Si le quorum n’est pas atteint, nous la
reporterons», indiquait hier la presse libanaise.
En fait, tous les milieux politiques libanais, qu’ils soient de
la majorité, au pouvoir ou de l’opposition, sont unanimes sur
le fait que cette session du Parlement doit absolument se tenir.
Pour l’ancien président Amine Gemayel, cette élection doit
avoir lieu précisément du fait de l’assassinat du député
Antoine Ghanem, membre du parti Kataeb dont il est le dirigeant.
Ainsi, M.Gemayel a affirmé vendredi que l’assassinat d’Antoine
Ghanem, «constituait une raison supplémentaire de respecter
l’échéance». Le président est élu à la majorité des
deux tiers des députés au premier tour et à la majorité simple
ensuite. Mais encore faut-il que le Parlement puisse se réunir et
procéder à l’élection dans la mesure où les deux parties
semblent faire une lecture divergente de cet aspect de la loi
fondamentale lié à l’élection du président de la République,
choisi traditionnellement parmi la communauté chrétienne du
Liban. Seul le candidat de l’opposition, Michel Aoun, leader du
Courant patriotique libre, s’est pour le moment fait connaître
alors que la coalition dite «anti-syrienne» conduite par
le sunnite Saâd Hariri -chef de la majorité et dont sont membre
le druze Walid Joumblatt et le chrétien Samir Geagea- soutenue
par les Etats-Unis, n’a pas toujours choisi son candidat. Ce qui
amena le président du Parlement, Nabih Berri, à prendre
l’initiative d’appeler toutes les parties à s’entendre, par
consensus, sur un nom qui sera présenté au vote des députés.
L’assassinat d’Antoine Ghanem semble avoir coupé court à
cette initiative alors que la rencontre qui devait réunir ces
jours-ci MM.Berri, Hariri et le cardinal Nasrallah Sfeir, a été
annulée sine-die. D’où le questionnement: le quorum sera-t-il
réuni ce mardi pour procéder à l’élection du nouveau président,
d’une part, et d’autre part, quel président pour le Liban en
ces moments de crise politique profonde qui rappelle la situation
qui prévalait avant la guerre civile de 1975-1990? Droits de
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Publié le 25 septembre avec l'aimable autorisation de l'Expression
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