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L'EXPRESSIONDZ.COM
AUTORITÉ
PALESTINIENNE
Le cabinet d’union est formé
Karim Mohsen
17
mars 2007 Un gouvernement d’union nationale a été
enfin mis sur pied entre Hamas et Fatah et sera présenté,
aujourd’hui, au Parlement. La constitution du
gouvernement d’Union nationale palestinien a, certes, été
laborieuse mais l’important pour les Palestiniens est d’avoir
réussi à traverser avec succès cette nouvelle épreuve qui doit
leur permettre de travailler à assurer un meilleur avenir pour le
peuple palestinien et aussi de lever les obstacles qui obèrent la
construction de l’Etat palestinien.
Le Premier ministre palestinien, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh,
qui a annoncé jeudi la composition de son nouveau cabinet, a
indiqué qu’il le présentera ce matin devant le Conseil législatif
palestinien (CLP, Parlement) pour approbation. «Je viens de
remettre au président Abbas la liste des ministres du
gouvernement d’union et il l’a approuvée», avait déclaré,
à la presse, M.Haniyeh, jeudi, au sortir de son audience avec le
président Abbas à Ghaza, qui a entériné par décret la liste
du nouveau gouvernement. Dès lors, l’acceptation par le
Parlement -où le Hamas et le Fatah y sont majoritaires- du
nouveau cabinet ne doit pas poser de problèmes Composé de 25
ministres, le nouveau gouvernement est formé de 10 ministres du
Hamas, six du Fatah, les neuf autres étant des indépendants ou
venant de petites formations. Les principaux postes et postes de
souveraineté, ont été attribués à des indépendants, comme le
poste-clé du ministère de l’Intérieur, l’une des pierres
d’achoppement entre le Hamas et le Fatah, dévolu à un indépendant,
Hani Al-Qawasmeh.
Les Finances et les Affaires étrangères sont, également,
revenus à des indépendants, respectivement Salam Fayyad (du
petit parti de la Troisième Voie) qui a déjà occupé ce poste
sous le gouvernement d’Ahmed Qorei, et Ziad Abou Amr pour la
diplomatie.
C’est là une étape importante qui est franchie par les
Palestiniens dans la perspective de mettre un terme au chaos qui règne
dans les territoires occupés en Cisjordanie et à Ghaza où des
escarmouches sont encore signalées, ici et là. Mais si,
effectivement, les Palestiniens, par la composition d’un cabinet
d’Union, ont réussit à remettre le train sur les rails -et
sans doute à résorber la crise politique qui a mis à mal la cohérence
de l’Autorité palestinienne- la suite est loin de dépendre des
seuls Palestiniens ou de leur bon vouloir et reste tributaire des
réactions de la communauté internationale et plus particulièrement
des principaux partenaires des Palestiniens, Israël, les
Etats-Unis et l’Union européenne. En vérité, la marge de
travail des Palestiniens est très étroite et est assujettie aux
exigences israélienne et américaine, notamment, exigences qui ne
peuvent, dans l’état actuel des choses, être totalement prises
en charge par les Palestiniens.
De fait, l’exigence de la reconnaissance, par Hamas, d’Israël
reste irréaliste, car irréalisable dans l’immédiat. En fait,
le Quartette (USA, UE, ONU et Russie) nonobstant la demande de
renoncement à la violence et à l’acceptation des accords passés
(entre les Palestiniens et Israël), en exigeant la reconnaissance
par le Hamas d’Israël n’est plus dans son rôle de médiateur
et outrepasse son mandat, devenant, en fait, partie du conflit et
sous-traitant des requêtes de l’Etat hébreu. En réalité, en
exigeant la reconnaissance d’Israël -reconnaissance qui doit être
l’aboutissement (non le préalable) de négociations entre les
deux parties- le Quartette a fourvoyé le dossier israélo-palestinien
dans une impasse, car jusqu’à preuve du contraire, c’est bien
l’Etat hébreu qui occupe des territoires reconnus comme
palestiniens par le Conseil de sécurité de l’ONU.
De fait, sans attendre ce que sera ou fera le nouveau gouvernement
palestinien, Israël y a déjà opposé son veto. «La position
israélienne reste inchangée. Nous ne reconnaîtrons ni ne
traiterons avec ce gouvernement ou avec certains de ses membres»,
a déclaré Miri Eisin, porte-parole de la présidence du Conseil
israélien. Une fin de non-recevoir qui en dit long sur le diktat
qu’impose Israël à la «communauté internationale»
incapable de se déterminer -au regard du droit international et
des résolutions de l’ONU- dans un dossier pourtant clair
opposant un peuple occupé et dominé par un Etat étranger, Israël,
quand c’est cet Etat dominateur qui est protégé et absout, en
dépit de tout bon sens et des lois internationales. Tout aussi
mitigées, ont été les réactions des Européens et des Américains.
L’Union européenne, par la voix de la porte-parole de la
Commission pour les Relations extérieures de l’UE, Emma Udwin,
a déclaré: «Nous ne prendrons aucune décision avant de
pouvoir juger le programme et les actes du nouveau gouvernement».
Tout aussi sceptiques sont les Etats-Unis qui, selon
l’affirmation du porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow,
indiquent: «Nous continuons d’espérer que le président
Abbas va avoir les moyens de remplir les conditions posées par le
Quartette afin qu’il y ait des discussions avec le gouvernement
d’Israël».
De son côté, la Russie attend de ce cabinet qu’il «mette
fin au climat de désaccords et de chaos», a indiqué le
porte-parole de la diplomatie russe, Mikhaïl Kamynine. Le moins
qui puisse être dit dans un conflit qui perdure depuis maintenant
60 ans est que les dés sont pipés et que le droit international
sert aujourd’hui l’oppresseur (Israël) quand la communauté
internationale exige du peuple (palestinien) oppressé de se
soumettre au diktat israélien. C’est exactement ce que dit
Washington (cf; la réaction de la Maison-Blanche). Ainsi, c’est
encore la loi du plus fort, dans tout ce qu’elle a d’abject,
qui est mise en oeuvre dans le conflit israélo-palestinien par
des puissances (Etats-Unis notamment par la position qu’ils
occupent dans l’échiquier international) censées être des
arbitres intègres dans des contentieux comme celui qui oppose les
Palestiniens à Israël. Publié avec l'aimable autorisation de l'Expression
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