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ISRAËL RELANCE LA
COLONISATION EN CISJORDANIE
Quel avenir pour le processus
de paix?
Karim Mohsen
Ehud Olmert
12 mars 2008 En donnant le feu
vert à la reprise des constructions dans les colonies juives, le
Premier ministre israélien remet en question tout ce qui a été
fait pour la paix. En fait, la question qui se
pose et doit être posée est de savoir si, effectivement, Israël
veut réellement la paix quand la seule chose qui semble
intéresser l’Etat hébreu, ce sont les territoires et la
sécurité. Donc, non seulement Israël refuse le principe qui
fonde le processus de paix israélo-palestinien, la terre contre
la paix, il entend en plus, modifier la démographie et la
géographie des territoires palestiniens occupés en procédant à
leur dépeçage. Sur quelle logique se fonde Israël qui, d’une
part, affirme vouloir la paix avec les Palestiniens, et agit,
d’autre part, dans le sens de rendre une paix entre les deux
peuples impossible et inopérante?
La décision d’autoriser à nouveau la construction de centaines
de logements dans les colonies juives de Cisjordanie, outre de
constituer un obstacle à la paix, est aussi un défi à
l’entendement sachant que ces implantations coloniales rendent
peu vraisemblable un Etat palestinien et vaine sa création. En
donnant son feu vert à la reprise des constructions de logements
dans la colonie juive de Givat Zeev, dans la périphérie de
Jérusalem-Est, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, outre
d’ouvrir la voie à l’expansion des autres colonies juives, a, en
fait, tourné ostensiblement le dos à la paix, tout en montrant
le peu de cas qu’Israël fait de ses vis-à-vis palestiniens.
Aussi, il appartient maintenant à la communauté internationale
de se déterminer par rapport à la réalité qui est celle du
terrain, lorsque c’est l’Etat hébreu lui-même qui entrave le
processus de paix en multipliant les obstacles à son avancée. On
ne peut, dans le même temps, prétendre travailler pour la paix
et faire en sorte que son avènement ne puisse jamais devenir une
réalité et cela par le dépècement de ce qui reste des
territoires palestiniens occupés. La bande de Ghaza, sur
laquelle règne depuis juin dernier le Hamas, ne représente plus
que le sixième de ce qu’elle était au moment du partage de 1947,
tout comme la Cisjordanie dont plus du tiers est aujourd’hui
occupé par les colonies juives. C’est cette vérité qui entrave
le processus de paix que la communauté internationale se doit de
prendre en compte. Qu’en est-il, dès lors, de la «Feuille de
route», un plan international de paix lancé en 2003, qui
prévoit, notamment, le gel de la colonisation, sur laquelle
reposent tous les efforts fournis jusqu’ici pour faire
redémarrer le processus de paix, et confirmée par la conférence
d’Annapolis (Etats-Unis) le 27 novembre dernier? Evidemment, la
décision d’Israël de reprendre la colonisation embarrasse les
amis et soutiens de l’Etat hébreu, mais les faits sont là:
l’Etat hébreu fait peu cas des «conseils» de ses amis
lorsque ceux-là ne vont dans le sens d’un soutien sans réserve à
l’Etat hébreu, même lorsque, manifestement, il a tort et fait
obstacle au processus de paix. Ainsi, les Etats-Unis ont
mollement déploré la reprise des constructions, sans pour autant
condamner une décision qui va à l’encontre des efforts que
Washington fournit pour parvenir à la paix entre les deux
peuples israélien et palestinien. Qualifiant «d’inopportune» la
relance des constructions, le porte-parole du département
d’Etat, Sean McCormack, s’interrogeait lundi, déclarant «l’annonce
du gouvernement israélien est-elle utile au processus de paix
israélo-palestinien?» «Non, elle est inopportune»
a-t-il dit, sans aller cependant jusqu’à condamner une décision
qui n’est pas «utile» au processus de paix. La «communauté
internationale» a sans doute critiqué la décision
israélienne, mais sans pour autant condamner ce qui s’apparente
à un nouveau gel du processus de paix. C’est encore le mouvement
anticolonisation israélien «la Paix Maintenant» qui eut
la réaction la plus vigoureuse par son directeur, Yariv
Oppenheimer, qui a condamné ce qu’il a estimé de «scandaleux»,
déclarant «c’est une nouvelle décision scandaleuse (...) Elle
va affecter encore plus les négociations avec les Palestiniens».
Mais de quelle négociation s’agit-il lorsque le ministre
israélien des Infrastructures, Binyamin Ben Eliezer, justifie,
en ces termes, cette décision en indiquant: «Cette décision
ne nuit pas au processus engagé en novembre à Annapolis (...) Il
y a beaucoup de chantiers qui ont été lancés depuis 6 ou 7 ans
et qui ont été stoppés, puis relancés dans des secteurs qui
resteront de toute façon entre nos mains.» Ainsi, Israël est
juge et partie et sait ce qui convient aux Palestiniens. Or,
cela veut surtout dire qu’Israël refusera de céder
Jérusalem-Est. Peut-il y avoir la paix sans Jérusalem-Est,
capitale du futur Etat palestinien?
Les Palestiniens accepteront-ils de créer leur Etat sur des
parcelles de territoires qui ne permettront pas à cet Etat
d’être viable et fiable? Réagissant au nouveau développement
dans les territoires occupés, le principal négociateur
palestinien avec Israël, Ahmed Qoreï, a déclaré, hier, que «la
poursuite de la colonisation est une gifle au processus de paix
et aux efforts déployés pour le rendre crédible.» «Israël
envoie un très mauvais message qui montre son mépris des
négociations», a encore dit M.Qoreï. Israël doit maintenant
choisir: ou il veut la paix, et doit agir en conséquence- en
restituant les terres aux Palestiniens- ou poursuivre
l’occupation qui suscite la résistance que l’Etat hébreu
qualifie alors de terrorisme. L’option de la paix est plus que
jamais entre les mains d’Israël: que veut-il? la paix ou la
guerre? C’est-à-dire l’échange de la terre contre la paix. Il
lui est impossible de prétendre avoir la paix et les
territoires.
Les soixante dernières années, qui ont vu perdurer le conflit,
le montrent amplement. Droits
de reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 12 mars 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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