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L'EXPRESSIONDZ.COM
BUSH
AU PROCHE-ORIENT
Une tournée des popotes
Karim Mohsen
Photo CPI
10 janvier
2008 C’est un pays sur les
dents qui a accueilli le chef de la Maison-Blanche, lequel se rend
pour la première fois dans cette région marquée par le conflit
israélo-arabe. Le chef de
l’administration républicaine américaine, George W.Bush, est
arrivé mardi soir dans un pays sur les dents -alors que les
forces de sécurité faisaient le siège de l’hôtel King David
où l’hôte d’Israël est descendu- confortant d’emblée,
dans sa première déclaration, l’irrédentisme israélien.
Dès qu’il a pris pied sur le tarmac de l’aéroport de
Tel-Aviv, le président Bush a eu ces mots qui suscitent
l’interrogation: «L’alliance entre nos deux pays contribue
à garantir la sécurité d’Israël en tant qu’Etat juif.»
Exactement ce que les Israéliens voulaient entendre quant à la
nature de leur Etat fondé sur la religion, cette qualification
constituant même le principal obstacle dans les négociations
entre Palestiniens et Israéliens.
En fait, ce n’est guère là une surprise de la part de
dirigeants américains qui ont fait ces dernières années du
soutien sans condition à l’Etat hébreu -qu’il ait tort ou
raison- l’axe principal de leur politique moyen et
proche-orientale.
M.Bush ne déroge donc pas à la tradition qui fait d’Israël le
«pont avancé» de l’Occident en pays «ennemis».
Et surtout cette qualification d’Israël «d’Etat juif»
de la part du chef de la première puissance mondiale, renvoie en
fait dans les limbes près de deux millions d’Israéliens arabes
qui se voient ainsi confirmée dans un statut de «second collège»
donnant ainsi une visibilité particulière aux non-juifs israéliens.
Ainsi, dès son arrivée en Israël, M.Bush donne sa bénédiction
à la politique d’apartheid de l’Etat hébreu.
De fait, à Tel-Aviv, George W.Bush s’est exercé à un discours
convenu qui n’apporte aucun élément nouveau au problème de
l’heure: la création de l’Etat palestinien indépendant
duquel en vérité, dépend la sécurité d’Israël, car cet
Etat serait garant de la paix dans la région.
M.Bush n’a pas non plus mis en garde son protégé israélien
sur ses actions militaires dans les territoires palestiniens qui
vont à l’encontre des attendus de la conférence d’Annapolis
censée remettre en marche le processus de paix israélo-palestinien.
George W.Bush a encore dit, s’adressant aux responsables israéliens
venus l’accueillir: «Nous ferons plus que nous défendre»
(contre l’extrémisme), «nous recherchons une paix durable.
Nous voyons une nouvelle chance pour la paix, ici en Terre Sainte,
et pour la liberté dans toute la région».
Certes, mais de quelle paix parle le président américain?
D’une paix universelle négociée, d’égal à égal, entre
Palestiniens et Israéliens ou seulement de la «pax israéliana»,
dans laquelle Israël serait le maître d’oeuvre, surtout
lorsque M.Bush évoque la «paix» et la «liberté»
pour toute «la région» quand les Palestiniens, sous le
joug de l’armée israélienne et dont les Territoires sont
fractionnés par Israël, ne connaissent ni la paix et encore
moins la liberté?
Aussi la question qui se pose c’est de savoir ce que va dire
M.Bush aux Palestiniens, lui qui sera aujourd’hui l’hôte du
président Abbas. Cela risque d’être la curiosité du voyage présidentiel
dans les territoires occupés. Par ailleurs, le président Bush
sera vraisemblablement le seul homme d’Etat étranger en visite
à Ramallah à ne pas se recueillir sur la tombe de Yasser Arafat.
M.Bush qui accusait le président défunt palestinien de «terrorisme»
ne l’a d’ailleurs jamais rencontré. Aussi, il y a fort à
parier que le «voyage» de George W.Bush au Proche-Orient
ne sera qu’une simple tournée des popotes, une visite de fin de
mandat qui n’apportera rien de positif au contentieux maintenant
sexagénaire opposant Palestiniens et Israéliens. Droits de
reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 10 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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