Message de Gaza
L'université Al Aqsa et les peintures
murales sur la catastrophe
Dr.Kamil el Shami
1er juin 2008 Au
petit matin, quelques étudiants s'affèrent à construire un mur
épais de tissu blanc fondé sur les piliers intérieur de la
clôture du beau jardin de l'Université Al- Aqsa. Pendant que
d'autres regardent cet atelier en plein air. Parfois l'odeur des
gaz d'échappement d'huile à frire vient se mêler à cette
activité, puis disparaît jusqu'à ce qu' une autre voiture
utilisant cette huile passe devant l'université. Cet odeur
polluait l'air marin venu à plusieurs centaines de mètres de
l'université.
Après avoir
préparé la toile, les jeunes étudiants commencèrent à travailler
avec les couleurs. Chaque personne prenaient un carré du mur
pour dessiner ce qu'il veut en montrant ce qui se passait dans
son esprit.
La scène
rappelle le quartier latin de la capitale française : Paris ; où
une foule de peintres se réunissent pour dessiner et exposer
leurs œuvres devant les spectateurs afin de les vendre. Mais
ici, à l'Université d'Al-Aqsa, c'est une autre histoire... Les
artistes sont des étudiants de l'université, siégés pendant plus
de dix mois parce qu'ils sont Palestiniens et parce qu'ils
vivent dans la Bande de Gaza ; et leurs dessins concernent en
grande partie de la préoccupation de tous les palestiniens
: la Nakba, la catastrophe et la patrie toujours vivante
dans la mémoire.
A midi, les
peintures sont achevées et transformées. Le mur qui au petit
matin était blanc, est maintenant parsemé de multiples couleurs.
Le président de l'université avec quelques professeurs ont
inauguré le
spectacle des peintures murales. le lieu était bondé d'
étudiants qui
voulaient regarder.
Aucun des
peintres ayant participé à cette exposition n'a vécu la Nakba :
la catastrophe de la Palestine. Ils sont tous jeunes, ont tous
entre 20 et ans 30 ans, mais ont hérité de la catastrophe de
leurs parents et de leurs grands-parents. Ils la tiennent dans
leur cœur et dans leur esprit, c'est le sujet de leur
conversation qui l'exprimaient avec leurs pinceaux.
Il se peut que
leurs dessins expriment l'idée qu'ils se font des villes et
villages palestiniens avant la catastrophe. Ces idées se sont
formées d'après l'histoire orale transmise par ceux qui ont vécu
dans ces contrées auparavant. En effet , il y avait des tableaux
sur lesquels était écrit les noms des villes et des villages
natifs de ces
peintres et sur d'autres était marquées des expressions telles
que "la Palestine n'est pas à vendre" ou "on va sûrement
revenir".
En me promenant entre les tableaux, j'ai constaté que les
visiteurs s'intéressaient
beaucoup au spectacle. Ils se déplaçaient entre les peintures ,
ils discutaient de leur
souffrance quotidienne ,envoyaient et recevaient des
appels , Sans cacher leur amour pour
la vie, ni leur fierté d'eux-mêmes. Des jeunes qui se moquent du
siège.
Sanaa est
étudiante à la faculté des sciences. Elle habite dans le camps
des réfugiés de Khan Younis. Elle affirme son attachement envers
son village d'origine : Falloujah en Palestine historique, où
ses parents sont nés. Elle a appris beaucoup de choses sur son
village de la part de sa grand-mère qui habite avec eux sous le
même toit. Sanaa dit que leurs voisins dans le même camps sont
aussi issues du village de Falloujah.
Ahmed, lui, est
de Kastena et une partie de sa famille vit en Cisjordanie. Il
espère se rendre dans son village d'origine en affirmant: "Je
sais que mon village est gravement détruit ,mais c'est ma
province"
Plus de 385 villes et villages palestiniens ont déjà été détruit
dans la Palestine historique de 1948 et sont maintenant
aux mains des Israéliens, après l'expulsion de leur peuple
d'origine.
Dr.Kamil el Shami
Professeur à l'université et écrivain à la Bande de Gaza
shamikamil@yahoo.com
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