Maroc
Impasse royale
K.
Selim
Mardi 6 août 2013
Le roi du Maroc est dans la pire des
situations possibles : être accusé de
complaisance à l'égard de ces étrangers
qui viennent s'offrir du «plaisir» sur
les enfants marocains. La pédophilie,
pratiquée essentiellement par des
touristes occidentaux, est une plaie au
Maroc. Pour les enfants, bien entendu,
premières victimes directes de ces
prédateurs fortunés qui trouvent souvent
des réseaux sur place très bien protégés
pour leur servir les proies.
Pour les familles pauvres qui sont
également une cible de ces
entremetteurs. Mais aussi pour les
Marocains en général qui souffrent, ce
n'est pas nouveau, de cette complaisance
politique de l'Etat marocain à l'égard
des riches pervers blancs qui «adooooooooorent
le Maroc !».
Avec le Daniel Gate, le roi du Maroc et
ses proches courtisans, habitués à la
flagornerie de la classe politique
traditionnelle et méprisants à l'égard
du Maroc associatif ou le Maroc de
réseaux, ne se sont même pas rendu
compte qu'ils ont franchi toutes les
limites. Quand on a un sentiment de
pouvoir absolu, on ne mesure pas les
conséquences de ses actes. Pour le roi
et ses conseillers les plus proches - ce
qui est strictement la même chose -
relâcher un pédophile pour complaire aux
services espagnols est un «bon
investissement». Les familles des
victimes de ce prédateur - l'un d'eux
avait quatre ans ! - devaient se taire
devant les «intérêts supérieurs» de la
monarchie ! Les Marocains aussi !
Il y a eu cependant quelque chose qui
n'a pas marché dans l'autoritarisme
huilé de la monarchie. Les partis ont
beau être aux abonnés absents, le
gouvernement islamiste a beau s'exécuter
en silence, le parlement marocain a beau
ne pas réagir, l'information a circulé.
Le pire est qu'il ne pouvait en être
autrement ! Le procès de Daniel Galvan
Fina a été suivi avec intensité par les
médias tant les faits qui lui sont
reprochés sèment l'effroi. Ce nom, une
nouvelle identité probablement à un
agent irakien des services occidentaux
durant la guerre contre l'Irak, est
devenu un symbole hideux. La justice a
fait son travail. Sans complaisance en
condamnant le pédophile à trente ans de
prison. C'était une première au Maroc,
une peine lourde qui pouvait être,
enfin, un signal que le tourisme sexuel
barbare sera combattu.
Les sherpas qui pensent pour Mohammed VI
n'ignoraient pas qui était Daniel Galvan
Fina. Ils savaient comme les parents de
victimes et comme beaucoup de Marocains
que c'était un immonde violeur
d'enfants. Mais ces sherpas avaient
aussi le souci de «profiter»
politiquement des protecteurs espagnols
du violeur. Entre le respect de la
dignité des Marocains et le «gain
politique» escompté, ils ont choisi le
gain. Mais ce qu'ils n'ont pas prévu est
que malgré la machinerie du Makhzen,
l'information allait circuler. Ils n'ont
pas prévu - apparemment cela est trop
loin de leur culture - que la dignité
blessée des Marocains allait se
transformer en colère contre le
monarque. Ils n'ont pas prévu que ce
geste qu'ils croyaient «anodin» allait
remettre au goût du jour le combat pour
mettre fin à un système où le «roi fait
ce que bon lui semble» ! Mohammed VI
pourrait sacrifier le chef de ses
sherpas, le spécialiste de l'intrigue
Fouad Al Hima, mais il aurait tort de
croire que cela suffira à des nombreux
Marocains. La libération du pédophile a
été un acte de mépris violent pour
beaucoup d'entre eux. Et même si la
répression fonctionne, ils ne
l'oublieront pas.
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