SYRIA
COMMITTEES
L'arroseur arrosé
Un journaliste témoigne de l'enfer
djihadiste en Syrie
KH
Vendredi 23 août 2013
KH pour Syria Committees – Comités Syrie
/
Avec PCN-SPO – AFP / 2013 08 23 /
Un photographe de presse raconte 7 mois
de torture en Syrie …
Le récit de Matthew Schrier illustre la
détérioration de la situation pour les
étrangers, les minorités religieuses et
Syriens modérés dans ce pays ravagé par
le terrorisme importé d’Occident et du
Golfe depuis plus de deux ans. Et où les
groupes djihadistes armés sont de plus
en plus présents, selon le Times.
« Dépouillé, torturé pour lui faire
avouer qu'il était un espion de la CIA »
selon l’AFP, le photographe indépendant
américain Matthew Schrier a raconté ce
vendredi à quelques médias sa vie
d'otage aux mains d'un groupe islamiste
en Syrie pendant sept mois.
L’INDUSTRIE DJIHADISTE DU RAPT
Le photographe de 35 ans a été enlevé le
31 décembre 2012 en tentant de quitter
Alep, sans doute trahi par son chauffeur
de taxi. Le 29 juillet 2013, il a réussi
à s'échapper de sa prison en se
faufilant par une lucarne, mais a dû
abandonner sur place un autre compagnon
d'infortune américain, trop corpulent
pour passer, a-t-il raconté dans des
entretiens au New York Times et à CNN.
"C'est la chose la plus dure que
j'ai eue à faire. (...) C'est dur de
passer à autre chose parce qu'il est
toujours là-bas", a-t-il confié à CNN,
sans dévoiler l'identité de l'autre
otage.
Les djihadistes ne sont pas de « bons
croyants ». Ce sont surtout des gangs
criminels venus s’enrichir. Selon le
quotidien new-yorkais, une quinzaine
d'Occidentaux ont été enlevés ou ont
disparu en Syrie rien que cette année.
Sans oublier des milliers de kurdes,
chrétiens, chiites, alouites, sunnites
modérés … Fin juillet, Jonathan Alpeyrie,
un photographe franco-américain avait
été libéré à l'issue de 81 jours de
captivité.
LA TORTURE DJIHADISTE AU QUOTIDIEN
Lors de son enlèvement, ses ravisseurs
membres du Front al-Nosra, al-Qaïda en
Syrie, s'étaient d'abord montré
"nonchalants" et "polis", lui offrant
même du thé, raconte-t-il. Cela a vite
changé. Détenu dans une prison ou
d'autres détenus hurlaient sous les
coups, ses ravisseurs lui demandent au
bout de quelques jours ses codes de
carte de crédit et identifiants
internet. Ils usurpent ensuite son
identité pour envoyer des courriels
rassurants à sa mère et acheter sur eBay
ordinateurs portables, iPads et pièces
détachées de Mercedes.
A la fin janvier, Schrier est transféré
dans un autre lieu où était déjà détenu
un autre Américain "qui semblait être là
depuis cent ans", relate-t-il. Là, il
est amené face à trois jeunes gens
masqués qui l'interrogent dans un
anglais parfait, « sans doute des
djihadistes canadiens », pensent-ils.
Quelques jours plus tard, ils découvrent
un trou creusé dans la porte en bois de
la cellule des deux Américains. La
sanction est immédiate: il est mis face
à terre, la plante des pieds tournée
vers le ciel.
"Donne lui en 115", dit l'un des
tortionnaires, en parlant du nombre de
coups assénés sur la plante des pieds
avec un épais câble métallique. D'autres
séances auront lieu pour qu'il confesse
être de la CIA. "Je me disais qu'ils
allaient me torturer jusqu'à ce que je
le dise", a-t-il expliqué à CNN. Alors,
il a avoué. Avec sa conversion à l'islam
peu après, ses conditions de détention
se sont alors améliorées.
Au moment où – rentrée politique oblige
– politiciens et médias de l’OTAN
reparlent des « djihadistes de l’UE »,
et notamment des belgo-flamands et des
français, il faut insister que ceux
qu’on présentent abusivement comme des
enfants perdus ou égarés sont partis en
Syrie participer à des activités
criminelles. Et pas pour « aider les
civils syriens » (sic) …
KH
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