Opinion
WikiLeaks - La Tel Aviv Connection
Jeff Gates
on Criminalstate.com, 30 novembre 2010
http://criminalstate.com/2010/11/wikileaks-the-tel-aviv-connection/
Que va faire Tel-Aviv, maintenant que tout
le monde sait que ce sont les Israéliens et les pro-israéliens
qui ont « mis au point » les rapports de renseignement qui ont
incité les Etats-Unis à faire la guerre à l’Irak ?
Tu me trompes une fois : honte à toi ! Tu
me trompes deux fois : honte à moi ! Embrouille-moi constamment
durant soixante ans, et tu peux oublier notre relation, la
crédibilité d’Israël en tant qu’Etat nation légitime est cuite.
Tel-Aviv le sait fort bien. Mais que peut
faire l’Etat sioniste. Réponse : Wikileaks.
Pourquoi maintenant ? Erreur de
trajectoire. Dirige le projo sur Washington, ça permettra de
l’éloigner de Tel-Aviv. C’est du psy-op de grand papa de bon
aloi. Et défie la crédibilité des Etats-Unis. Voilà, c’est ça,
Wikileaks !
Tout investigateur crédible commencerait
par poser la question : à qui cela profite-t-il ? Ensuite, il
examinerait les moyens, les mobiles et l’opportunité, à quoi
s’ajouterait la présence d’un service de renseignement digne
d’un Etat nation stable à l’intérieur même des Etats-Unis.
A part Israël, qui d’autre pourrait être un
candidat crédible ? Avez-vous remarqué la rapidité avec laquelle
le rôle d’Israël dans le processus de paix a disparu des infos ?
Maintenant, il n’est question que de l’Iran, encore de l’Iran et
toujours de l’Iran. Au profit de qui ?
Tel-Aviv sait que les renseignements bidon
sur l’Irak conduisent à ceux qui sont experts dans l’art de
lancer des guerres « par la tromperie » (pour reprendre le
leitmotiv du Mossad). Wikileaks s’illustre par défaut, par
l’absence de toute info susceptible de porter atteinte aux
objectifs israéliens.
Mais Tel-Aviv n’en encourt pas moins un
danger sans précédent : la transparence. Les Américains savent
(désormais) qu’ils se sont fait avoir. Et Israël redoute, à bon
escient, que les Américains ne prennent bientôt conscience de
qui les a eus.
Un
soutien tiède ne suffira pas
Obama s’est comporté de la manière
qu’avaient anticipée ceux qui ont manigancé sa présidence. Seul
quelqu’un d’incapable de comprendre la puissance du lobby
israélien pourrait être surpris par l’absence de changement dans
la politique américaine au Moyen-Orient.
Obama a-t-il hésité un seul instant à
soutenir la stratégie récente d’Israel consistant à saboter les
négociations de paix ? En absence de paix, les Etats-Unis
continueront à être la cible de ceux qui sont outragés par le
soutien indéfectible que l’Amérique apporte au comportement de
brute d’Israël dans la poursuite de ses objectifs
expansionnistes.
Confirmant l’influence du lobby (sioniste),
Netanyahu a annoncé qu’il s’opposerait à tout gel des
constructions de colonies en territoire palestinien tant qu’il
n’aurait pas contraint Obama à lui signer un chèque de 3
milliards de dollars de dessous-de-table. En échange d’un gel de
quatre-vingt-dix jours, qu’Obama propose, quelle forme de
pot-de-vin l’Amérique fournira-t-elle ? Vingt avions
supersoniques F-35 à 150 millions de dollars pièce (sans compter
les pièces de rechange, l’entretien, la formation et
l’armement).
Cela représente 231 millions de dollars par
semaine, ou 1 373 626 dollars par heure. Qu’est-ce que les
Etats-Unis percevront, en échange ? Un gel partiel et temporaire
sur des colonies. Combien de fois cette ruse va-t-elle encore
marcher ?
Israël a toujours éludé un accord de paix
depuis le moment où il a chassé les Palestiniens de leurs terres
en 1948 et il s’est emparé de terres supplémentaires en 1967
pour mettre en œuvre la géopolitique qui est la sienne
aujourd’hui.
Si Israël devait un jour parvenir à un
accord avec les Palestiniens, on ne sait jamais, la Secrétaire
d’Etat Hillary Clinton propose que ce soit un « accord global de
sécurité ». A quel prix, nul ne le sait. Le Congrès US a d’ores
et déjà budgété quelque 30 milliards de dollars consacrés à
Israël durant la décennie écoulée. Ces derniers 3 milliards de
dollars viennent s’y ajouter, par-dessus le marché.
Mais cela n’inclut pas le coût pour la
crédibilité américaine que représenterait une proposition
d’opposer un véto américain à toute reconnaissance de la
Palestine en tant qu’Etat par l’Onu. Et un engagement à Ne Plus
Jamais (Never Again) exercer la moindre pression sur Israël à
propos de la colonisation. S’ajoute à cela le fait que le fameux
gel omet Jérusalem-Est où Tel-Aviv persiste à ouvrir de nouveaux
chantiers de construction d’appartements.
Tout est dans le timing
En programmant sa dernière incursion en
date à Gaza entre la Noël 2008 et l’intronisation d’Obama en
janvier 2009, Tel-Aviv s’est assuré d’une opposition seulement
silencieuse au cours de la période des fêtes aux Etats-Unis. Par
conséquent, personne n’a été surpris de voir un agent
provocateur monter une opération le jour du Tanksgiving 2010,
tandis qu’Israël démolissait une mosquée et un village
palestinien en Cisjordanie.
Après sept heures de pourparlers non-stop,
Hillary Clinton louangea Netanyahu, le qualifiant d’ « homme de
paix ». En retour, il se contenta de consentir à « poursuivre le
processus ». Pendant ce temps-là, les élections américaines
indiquaient une victoire majeure pour Israël lorsque le chef de
la nouvelle majorité républicaine Eric Cantor, un juif sioniste,
annonça que la nouvelle majorité jouerait le rôle de
« contrôleur de l’administration Obama ».
Le lobby israélien a de bonnes raisons de
se gausser. Confirmant la duplicité de longue date, le ministre
israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a affirmé
qu’un « accord définitif est impossible ».
La publication par Wikileaks de télégrammes
diplomatiques confidentiels fournit à Israël l’opportunité de
saper les relations des Etats-Unis avec le monde entier tout en
infligeant de surcroît un dommage durable aux intérêts
américains au Moyen-Orient. Après ce coup-là, quel pays
pourrait-il faire confiance aux Etats-Unis en matière de
préservation de la confidentialité ? En octobre, la Turquie a
demandé aux Etats-Unis de ne plus partager de données de
renseignement avec Israël. Et aujourd’hui, qui osera encore
partager du renseignement avec les Etats-Unis ?
Cela pourrait signaler le début de la fin
de la présidence Obama, les échecs de sa politique intérieure
étant éclipsés par ses flops en politique étrangère.
Cela pourrait aussi marquer le début de la
mise en scène des primaires en vue de la présidentielle de 2012,
avec un Obama affaibli contraint de nommer Clinton en tant que
coéquipière ou de s’écarter afin de la laisser conduire la
campagne.
La campagne présidentielle d’Hillary
Clinton, en 2008, promettait la reconnaissance de « Jérusalem
réunifiée en tant que capital [d’Israël] ». Tel-Aviv était aux
anges. Une deuxième présidence Clinton ne ferait que garantir
une nouvelle victoire à Israël – et toujours pas de paix.
Les opérations psychologiques israéliennes visent toujours plus
buts à la fois.
Wikileaks ne fait pas exception.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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