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Nouvelles d'Irak
Les vraies
raisons de la guerre contre la Libye
(réponses aux questions des lecteurs)
Jean-Paul Pougala
Mardi 31 mai 2011
Après mon
article intitulé : « Les
Mensonges de la guerre de l’Occident contre la Libye »,
texte traduit dans une quarantaine de langues à travers le
monde, j’ai reçu des milliers d’emails de réactions pour ou
contre. Je remercie chaleureusement tous ceux et celles qui ont
pris la peine de m’écrire. Vu le nombre élevé de ces messages,
il m’était impossible de répliquer individuellement à tout le
monde. J’ai ainsi décidé d’écrire cet article pour répondre
collectivement à vos doutes et interrogations que j’ai résumés
et regroupés en ces quelques points ci-dessous. Les réponses qui
s’en suivent reflètent intimement ma pensée, mes convictions :
1- KADHAFI A-T-IL TIRE SUR SON PEUPLE ? KADHAFI A-T-IL TUE
10.000 LIBYENS ? FAUX !
Dans cette
expression de « tirer sur son peuple » il y a déjà
l’intention de nuire au président Libyen. On veut manipuler
l’opinion en suscitant son indignation. S’il avait tiré sur le
peuple italien ou français cela aurait-il été plus normal ? Cela
aurait-il été plus acceptable ? Non. En réalité, il s’agit d’une
technique de manipulation, avec une association de mots
savamment étudiés dans des bureaux de recherches stratégiques
pour trouver les expressions appropriées à intégrer (comme
justification) à la vraie guerre qui a ensuite été
déclenchée.
Pour revenir à
l’accusation même, L’information principale qui a motivé la
résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations unies est
celle d’un prétendu carnage de 10.000 morts et 55.000 blessés en
1 mois, commandité par le Président Libyen. C’est une
affirmation mensongère et pour plusieurs raisons :
- Logique : Pour tuer
10.000 personnes en un mois, il faut être capable d’en tuer 300
à 400 tous les jours. Seul Hitler y est parvenu, mais il a eu
besoin de plusieurs installations de fours crématoires.
- La No Fly Zone a
été instaurée parce que pour tuer autant, Kadhafi aurait utilisé
des avions de combat qui normalement volent à 5.000 mètres
d’altitude et à une vitesse de 1.000 km/h. A moins de larguer
une bombe atomique, ces avions, aussi spéciaux soient-ils ne
pourraient pas réussir un tel exploit.
- Pour les blessés, leur
nombre est dans tous les pays du monde fournis par des sources
hospitalières. Dans la gestion optimale d’un hôpital, il est
prévu environ 10 à 20 places de libre pour accueillir des cas
impromptus. Pour les 55.000 blessés, à raison de 20 par hôpital,
il faudrait 2.750 hôpitaux pour accueillir tous les blessés
Libyens et même en utilisant tous les hôpitaux du continent
africain (environ 1.230) on n’y arriverait jamais. Ceux
qui ont validé ces chiffres savaient qu’ils étaient
grossièrement faux.
- Les photos diffusées de
ce prétendu massacre proviennent de « Sidi Hamed Cemetery »,
un cimetière où se déroulait une normale opération de
renouvellement du sol avec déplacement des restes humains,
pratique très habituelle et commune dans le monde à traditions
judéo-islamo-chrétiennes pour laisser place aux nouveaux morts,
chaque 10 ou 20 ans selon les pays.
- Origine de l’information.
Le philosophe Chinois Mo Tseu (479-381 avant l’ère
chrétienne) a écrit que pour vérifier la véracité d’une
information, il faut d’abord identifier sa source et se demander
quelles sont les raisons avouées et inavouées de celui qui vous
communique une information. D’où est arrivée l’information ? Des
rebelles, c’est naturel ! Mais diffusée sans conditionnel par la
chaîne de télévision Al-Jazeera qui appartient à l’émir
du Qatar. Le hasard veut que ce petit pays soit le seul pays
Arabe qui participe à larguer les bombes sur la tête des
Libyens. Une coïncidence plutôt troublante.
A ce jour,
plusieurs mois après le prétendu massacre, on n’a toujours pas
l’ombre d’une preuve irréfutable. Ce qui n’a pas empêché le
mandat d’arrêt du procureur de la Cour pénale internationale
(CPI) Luis Moreno-Ocampo qui était vigilent de menacer
Gbagbo pour les 7 femmes tuées à ABOBO le 8 Mars 2011, mais
complètement muet au moment des faits et amnésique aujourd’hui
pour les 1.200 morts de Ouattara à Duékoué (selon le CICR et
la CARITAS) et cela en présence des troupes françaises de
la Licorne et celle de l’ONUCCI.
Monsieur
Moreno-Ocampo n’a pas jugé opportun d’effectuer le moindre
déplacement en terre libyenne pour vérifier ces accusations.
Qu’importe, demander l’arrêt d’un Chef d’état Africain non
docile est devenu le seul motif qui justifie l’existence même du
TPI.
2- KADHAFI ET LES MIGRANTS AFRICAINS
Lorsqu’en
2006, Kadhafi réunit les Ministres de l’Intérieur Africain pour
leur proposer une carte d’identité unique avec une codification
commune pour toute l’Afrique afin de faciliter le déplacement
des Africains sur tout le continent sans formalité
administrative excessive, tous les présents étaient contents et
enthousiastes du projet du guide libyen. Mais à leur retour, un
coup de fil à Paris, un autre à Londres et voilà que l’idée
n’était plus bonne pour certains pays qui ont vite relayé la
propagande selon laquelle si la mesure était entrée en
application, la Libye aurait colonisé les autres pays africains.
Là où le comble arrive est lorsque les clandestins africains en
Libye proviennent à 99% des pays qui avaient refusé la
proposition Libyenne.
Par ailleurs,
pour des raisons de sécurité intérieure, aucun pays du monde ne
peut assister passivement au fait que son territoire devienne le
point de passage des personnes qu’il n’est pas en mesure
d’identifier. En Libye, il y a la même loi qui est en vigueur
dans tous les pays Africains, c’est le délit de clandestinité
pour les étrangers démunis de titres de séjours valides.
Pour terminer, pour tous
les Africains dotés d’un minimum sens de discernement, il ne
fait aucun doute que le destin de la jeunesse africaine n’est
pas celui de se mettre en marche vers l’illusion d’un
hypothétique paradis européen pour occuper le bas de l’échelle
des classes sociales en occident. L’objectif pour lequel il vaut
la peine se battre est celui de faire rêver l’Afrique. L’Afrique
doit faire rêver les Africains, afin qu’ils aient la sérénité et
l’enthousiasme nécessaire pour surmonter les défis qui les
attendent.
En conclusion,
accuser Kadhafi de n’avoir pas laissé les clandestins se
déplacer librement sur son territoire c’est faire montre d’une
incapacité à comprendre la complexité des problèmes qui nous
entourent.
3- KADHAFI ET LA LONGEVITE DE SON POUVOIR
Une des
raisons pour aller bombarder la Libye est que le Guide libyen a
passé trop d’années au pouvoir (42 ans). Le record de
longévité des hommes politiques au pouvoir n’est détenu ni par
Kadhafi, encore moins par les Africains, mais par les
Occidentaux. Prenons 4 exemples de 4 pays qui bombardent la
Libye pour lui exporter leur modèle de démocratie :
Les USA :
L’ancien membre du Ku Klux Klan, Robert Byrd, qui a
reconnu dans ses mémoires en 2005 avoir orchestré une manoeuvre
au Congrès américain en 1964 pour retarder la loi sur les droits
civiques des Noirs, a siégé au Sénat Américain de façon
ininterrompue pendant 56 ans. Né le 20 novembre 1917, et membre
du Parti démocrate et sénateur de Virginie-Occidentale, il
siègera au Congrès des États-Unis de janvier 1959 à sa mort
survenue le 28 juin 2010. Cela fait 63 ans au total en ajoutant
les 6 ans qu’il a passé à la Chambre des Représentants, où il
est entré le 20 janvier 1953 lorsque le président Harry Truman
cédait sa place à la Maison Blanche à Dwight Eisenhower et il en
n’est reparti seulement qu’à cause de la mort, sous la
présidence Obama. Avant lui, monsieur Carl Hayden a été Sénateur
pendant 56 ans et 319 jours, de 1912 à 1969. Et bien d’autres
encore. Lorsqu’on sait qu’un sénateur Américain est 10 fois plus
puissant qu’un Chef d’Etat Africain, cela donne une idée de la
profondeur de cette longévité politique.
En France,
Louis Philippon a été maire de Juvigny dans
l'Aisne, pendant 69 ans (de 1929 à 1998), Philippe de La
Moissonnière-Cauvin, a été maire de La Fontelaye en
Seine-Maritime pendant 63 ans de 1945 à 2008. Hubert d'Andigné,
a été pendant 59 ans maire du Champ-de-la-Pierre dans l'Orne de
1946 à 2005. Roger Sénié âgé de 90 ans est aujourd’hui le maire
de La Bastide-de-Bousignac dans l'Ariège, poste qu’il occupe
depuis octobre 1947, c'est-à-dire 64 ans, peut-être qu'en 2014
briguera-t-il un nouveau mandat. Dans le pays de la révolution
française, y aura-t-il un candidat pour le battre ? C'est le
même cas que pour Monsieur Arthur Richier, âgé de 89 ans et
maire de Faucon-du-Caire dans les Alpes-de-Haute-Provence,
depuis 1947 à ce jour. Qui est fou ? Le système ou l’électeur ?
Pierre
Abelin (1909-1977), politicien français qui
cumulera les fonctions de ministre dans 4 gouvernements, de
Shumann en 1947 à Chirac en 1974, député de 1945 à 1974, maire
de Châtellerault (de 1959 à sa mort en 1977) . Et
lorsqu'il meurt, il est remplacé à la mairie par sa femme, parce
que son fils Jean-Pierre Abelin qui n'a que 27 ans a besoin de
temps pour prendre l'héritage de papa et tout rafler : ainsi il
est à la manette juste un an plus tard et devient député de la
Vienne de 1978 à aujourd'hui, Conseiller général de 1977 à
aujourd'hui, vice président du conseil général depuis 1982 à
aujourd'hui. Et depuis 2008, il a ajouté à tous ces pouvoirs, le
poste du Maire de cette même ville. A quoi servait la révolution
française ? Que se serait-il passé si cette saga s'était passée
dans une famille africaine ? On aurait tout simplement conclu
que les Africains s'accrochent au pouvoir. Voilà le détail de ce
système de dynastie démocratique à la française qu'on utilise
les bombes pour exporter en Libye.
Roselyne
Bachelot,
l'actuelle Ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale a
depuis 23 ans (1988) pris la succession de son père Jean Narquin
qui avait été pendant 20 ans député du Maine-et-Loire de 1968 à
1988. Comme cela ne suffit pas pour rafler tout l'héritage de
papa, elle cherche depuis à en ajouter une nouvelle fonction :
Maire d'Angers. Son fils Pierre Bachelot, né en 1970, entre au
parlement dès l’âge de 22 ans comme Assistant de maman. Le petit
géni de fils accompagnera la mère comme conseillé parlementaire,
lorsque maman deviendra successivement Ministre de l'écologie en
2002 et Ministre de la santé en 2007. C'est cette année que le
jeune Pierre prendra son autonomie à 37 ans, puisqu'il sera
nommé à un poste crée sur mesure pour lui par maman à l'Inpes
(l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé)
avec 140 fonctionnaires, malgré sa formation en « art privé
». Elle n’est pas belle la démocratie au pays de la
révolution française ? Il faut vite l’exporter en Libye.
En Italie,
Giulio Andreotti a été élu député en 1946 et
aujourd’hui (65 ans) il vote comme sénateur à vie.
Comme il n’avait plus la force de faire la campagne électorale,
il a été nommé « Sénateur à vie ». Il a ainsi cumulé
ses fonctions de député et de Président du Conseil Italien,
poste qu’il a occupé 7 fois en 20 ans, du 17 Février 1972 au 24
Avril 1992. Pendant ce temps, son parti « Démocratie
Chrétienne » est resté au pouvoir sans interruption de 1946
à 1992, c’est-à-dire 46 ans. Et ne sera balayé que par la
justice pour corruption «Opération Mains Propres ».
Pour comparaison, le parti de Kadhafi n’a fait que 42 ans au
pouvoir en Libye.
Dans le
Royaume Uni, la situation est encore catastrophique où on ne
parle pas de longévité d’Elizabeth II qui est
reine de 16 pays indépendants depuis 1952. En 1942 à seulement
16 ans, elle est déjà nommée chef de l’armée et passe en revue
les troupes. Classée par le magazine FORBES, 214ème
fortune mondiale pour le seul mérite d’être née, elle coûte aux
Britanniques la somme de 43 millions de dollar par an. Et si
Kadhafi devait devenir le roi de la Libye ? Que se serait-il
passé si Kadhafi avait instauré un émirat avec sa famille, comme
le Qatar qui participe aux bombardements ? Qu’aurait-on dit si
pour le mariage d’un des fils de Kadhafi on avait décrété une
journée fériée, immobilisé toute la nation ? Exactement comme
cela s’est passé à Londres pour le mariage du prince William et
de Kate le 29 avril 2011 ??? La télévision France24 a calculé le
coût de cette journée fériée à 6 milliards d’euros au patronat
britannique. Cette folie démocratique qu’on veut exporter en
Libye a coûté à la mairie de Londres 22 millions d’Euros pour la
seule sécurité. Pendant ce temps, les frais de scolarité par an
dans les universités publiques britanniques ont été multipliés
par 3 (passant de 3900 à 10700 euros). Le Canada qui
reste une colonie doit payer 50 millions de dollars canadiens
par an pour soutenir la famille royale britannique ; pendant ce
temps selon Statistique Canada, les frais d’inscription dans les
Universités Canadiennes ont augmenté entre 1996 et 2002 par
exemple dans la province de l’Ontario de 141% pour la faculté de
droit, de 241% pour la médecine et de 315% en dentisterie. Et on
peut bien se demander comment peuvent-ils prétendre concurrencer
la Chine sur les spécialités intellectuelles en pénalisant ainsi
l’acquisition de ces connaissances pointues, par leur jeunesse.
La reine est plus importante.
En Afrique, à
ce jour, aucun politicien Africain n’a battu ces records
d’incohérence, à n’importe quel niveau de la vie politique.
Ailleurs, ce qu’on exige d’un politicien est son bilan pourquoi
ceci ne serait-il pas valable pour le président libyen ? Mais
pour avoir une idée de son bilan politique pour son pays, il
faut juste se poser la question de savoir pourquoi il n’y a
jamais un seul Libyen sur les trop nombreuses embarcations de
fortune qui échouent sur les côtes italiennes de Lampedusa ?
Pourquoi les Libyens ne fuient-ils pas leur pays ? Mais aussi,
si Kadhafi est ce méchant dictateur, pourquoi c’est le pays
Africain qui a le plus grand taux d’étrangers ? Les
ressortissants des USA, France, GB, se sentent-ils mieux au
Qatar ou en Libye ? Et que dire du fait que le drapeau de la
rébellion libyenne est bien celle de la royauté. C’est comme si
des rebelles français aujourd’hui brandissaient le drapeau des
rois de France, c’est-à-dire que les occidentaux font la guerre
en Libye pour la reporter en arrière de 43 ans, pour passer
d’une république fut-elle imparfaite, vers une royauté, pourvue
que le nouveau roi soit docile, et que l’argent du pétrole
remplissent les banques qu’on lui indiquera, il peut être sûr
qu’on lui déroulera le tapis partout en occident.
4- POURQUOI LES INTELLECTUELS AFRICAINS NE SOUTIENNENT-ILS PAS
LE
CNT
LIBYEN ?
Le CNT
est une création de la France. C’est le philosophe Français
Bernard-Henri Lévy qui a lui-même expliqué à la presse ses
multiples voyages pour encourager les Libyens à se défaire de
Kadhafi. C’est encore lui qui nous a expliqué qu’un mouvement
était né. C’est toujours lui qui nous donnera le nom de CNT,
il nous dira qu’il est composé de 35 membres, pire qu’en dehors
de 3 ou 4 de ses membres tous les autres 30 souhaitaient garder
leur anonymat. Lorsque Monsieur Lévi a communiqué au monde que
Kadhafi utilisait les Noirs venus d’Afrique noire, payés une
bouchée de pain, personne n’avait auparavant songé de lui
expliquer que les tribus du sud de la Libye sont composées
essentiellement de populations Noires qui donc se trouvent à
tous les postes de l’administration Libyenne. En effet
contrairement à la France, plusieurs ambassadeurs Libyens dans
le monde sont des Noirs, des Noirs Libyens. Le racisme peut
rendre aveugle. L’erreur de Henri Lévy était basée sur la
conception raciste des Européens du 19ème siècle qui tend à
séparer les populations africaines d’origine arabe et les Noirs
sur une base de classement hiérarchique des valeurs culturelles
des uns et des autres. Ils en arrivent ainsi à oublier la
minorité noire présente dans toute l’Afrique du Nord, du Maroc à
l’Egypte. C’est toujours notre philosophe qui a promis à
Monsieur Sarkozy que la guerre n’aurait pas duré plus de 3
jours, parce que, a-t-il expliqué à la presse, « l’armée de
Kadhafi est composée de 300 minables hommes mal équipés ».
Bernard Henri Lévy, comme nous le rappelle l’agence de presse
russe RIA-Novosti, s’était trompé de la même manière en
1999, après l’attaque contre le Daguestan par Chamil Bassaïev,
Lévy avait alors recommandé à l’Occident de reconnaître
l’autorité du terroriste Maskhadov en Tchétchénie. Ce dernier
sera abattu par les FSB (services secrets russes) le 8
mars 2005. Lévy va récidiver en été 2008, il va encore se
tromper d’encourager le président Georgien Mikhaïl Saakachvili à
déclencher une guerre suicidaire contre la Russie. La suite, on
la connaît. Le pire du ridicule dans tout cela est qu’il n’a
toujours pas compris que la politique est une science et comme
toute science, il faut prendre le temps d’en connaitre les
principes et les mécanismes pour éviter de se tromper sur des
questions les plus élémentaires de politique internationale,
surtout lorsqu’on incite les manifestants pacifiques à prendre
les armes et à déclencher une guerre.
Récemment,
pour la commémoration des 40 ans de la fin de la guerre du
Biafra, la plus meurtrière de l’Afrique, avec environ 2.000.000
de morts, la radio publique suisse RSR nous a proposé des
documents inédits, piochés dans les archives de le CICR,
la Croix Rouge Internationale dont le siège est ici à
Genève. Les témoignages étaient des interviews réalisées il y a
40 ans aux différents dirigeants de cette organisation qui
expliquaient comment le CICR profitait de son statut de
neutralité pour transporter les armes pour aider à la victoire
de la France dans cette guerre prétendument pour l’indépendance
des Biafrais, peuple qui se trouvait ainsi pris au piège d’une
décision prise à Paris qui voulait à tout prix elle aussi avoir
son émirat pétrolier comme les Britanniques au Koweït ou au
Qatar. La révélation la plus cauchemardesque de ces archives a
été pour moi de découvrir que sur les 2.000.000 de morts, la
moitié a été des morts inutiles, sacrifiés pour empêcher que
Paris ne perde la face, car nous dévoile le dirigeant du
CICR, un an avant la fin de la guerre, tous savaient
qu’elle était perdue, mais Paris et le CICR
continuaient de fournir aux Biafrais de nouvelles armes tout en
leur disant qu’ils étaient en train de gagner.
C’est
exactement le même scénario aujourd’hui en Libye. On croyait
gagner facilement une guerre en 3 jours, au 3ème mois sans
aucune avancée, et malgré les 1.000.000 d’euros par jour que
coûte à la France cette guerre (chiffre fourni par le
ministre français de la Défense), on continue la No Fly
Zone en bombardant les bureaux, les écoles et les hôpitaux
libyens comme si ces derniers volaient. Et comme ces actes de
terreur ne marchent pas, on revient à la recette née à la guerre
du Biafra : utiliser ses ONG pour invoquer un génocide, invoquer
le Tribunal Pénal International et même si on sait que cela ne
marchera pas, qu’importe, il vaut mieux faire mourir toute la
Libye, plutôt que d’avoir le courage de reconnaître qu’on s’est
trompé et qu’on a perdu la guerre.
Pour les
intellectuels africains, le débat n’est nullement celui de
soutenir Kadhafi contre le CNT ou soutenir le CNT
contre Kadhafi, mais sur le principe de la justice
internationale qui est aujourd’hui biaisée par un certain nombre
de pays occidentaux, qu’on connaît, car ce sont toujours les
mêmes qui étaient assis à la table de la conférence de Berlin en
1884 pour décider du destin de l’Afrique sans la présence des
Africains, qui aujourd’hui humilient l’Union Africaine et toutes
ses décisions, et s’arroge le droit de choisir à la place des
Africains leur destin. Lorsque les présidents de 3 pays
occidentaux (USA, France, UK) payent une tribune dans
les journaux de plusieurs pays pour annoncer que Kadhafi n’est
pas un bon leader pour la Libye, je crois qu’il s’agit d’une
insulte à l’intelligence des Africains. Hier nos parents et nos
ancêtres étaient certes des primitifs qui ne comprenaient rien
de ce qui leur arrivait, mais aujourd’hui, nous avons étudié
dans les mêmes écoles, nous avons apprivoisé les mêmes
connaissances que le monde entier et continuer de nous regarder
du haut en bas comme des éternels esclaves, est une faute grave
des occidentaux qu’il revient à nous autres Africains de
corriger et non de seconder par notre silence coupable. Nous
devons faire l’histoire, la nôtre et non plus la subir. Comme
nous ne disons pas aux Américains, aux Britanniques ou aux
Français qui est mieux pour guider leur destin, c’est à nous de
nous battre pour qu’ils n’interfèrent plus dans le processus de
formation de notre propre démocratie fut-elle imparfaite et
blâmable ; et comme il s’agit d’un processus, même les échecs
sont des acquis positifs devant servir à l’amélioration qui est
le propre de l’adaptation pour la survie de toute espèce
vivante.
La révolution
libyenne a malheureusement été stoppée net, le jour où
l’interférence occidentale est devenue palpable dans la crise de
ce pays. Kadhafi qui semblait mis aux cordes par des
manifestations naturelles dans ce processus d’amélioration du
genre humain a été miraculeusement remis en scelle grâce à
l’ingérence de la France qui a commis la grave erreur
stratégique de transformer une manifestation pacifique en
rébellion armée. Et la recette de la rébellion armée peut bien
avoir fonctionné en Côte d’Ivoire, mais pas forcément ailleurs.
5- CONCLUSION
L'ignorance est le vrai
danger qui mine la jeunesse africaine et les empêche à une prise
de conscience effective des défis qui les attendent. Contribuer
à réduire cette ignorance est déjà faire quelque chose. Car
c'est parce que les populations seront conscientes de leur poids
et de leur valeur qu'elles pourront prétendre de leurs
dirigeants des comportements plus rigoureux, respectueux de
leurs intérêts. Dans l'ignorance, il n'y a point de
conscientisation et chacun fait ce qu'il veut, puisque personne
ne lui demande de rendre compte. Le système de manipulation des
masses africaines par l’Occident a porté un sacré coup dur au
processus démocratique normal de l’Afrique, puisque l’alibi du
complot des Blancs affranchit très vite aux yeux du peuple tous
les débordements de leurs dirigeants. Ne pas subir cette
manipulation est la garantie que les Africains sauront faire la
part des choses entre les dirigeants valeureux et ceux
médiocres.
C'est venu
pour nous le temps de dire « enough is enough », trop
c'est trop. Mais pour le faire, il faut résoudre ce problème de
la grande ignorance dans laquelle est trempée la majorité de nos
frères et soeurs qui n'ont de jugement que le fruit de cette
manoeuvre d’infantilisation dont ils sont victimes. Ce que j'ai
fait n'est je l’espère que le début de cette nouvelle bataille
que chaque Africain doit maintenant s'approprier et puis tous
ensembles, nous devons être capables d'exiger que la politique
soit suffisamment rigoureuse pour soigner finalement nos
intérêts et non plus exclusivement ceux de l'Occident contre les
nôtres.
Nous sommes 1
milliard d’Africains. Nous devons être capables de mettre la
pression sur nos dirigeants pour d’une part faire que l’Afrique
devienne championne du monde du respect des droits naturels des
êtres humains (hommes et femmes confondus) et d’autre
part pour faire respecter nos intérêts dans tous les engagements
internationaux que souvent nos haut-fonctionnaires ignorent
malgré leurs multiples diplômes.
Il me plait de conclure
avec ces deux pensées :
A)
« Les pays africains sont encouragés à la division, afin que
les puissances étrangères puissent asseoir leur domination. Il
faut que l’Afrique s’unisse en un seul État comme les États-Unis
d’Amérique, avec une seule armée, une seule économie, une seule
monnaie. » Mouammar Kadhafi (adepte convaincu du
panafricanisme de Marcus Garvey) – extrait de l’interview
accordée à France 24 et Radio France Internationale
(RFI) le 6 Juillet 2010.
B)
« LES TRAITRES de Marcus Garvey (17 août 1887, Saint Ann's
Bay, Jamaïque-10 juin 1940, Londres)
Dans la lutte
pour s’élever, les opprimés sont toujours handicapés par ceux
d’entre eux qui trahissent leur propre race, c’est-à-dire par
les hommes de peu de foi, et tous ceux qui se laissent corrompre
et acceptent de vendre les droits de leurs propres frères.
Nous non plus,
membres de la race noire, ne sommes pas totalement à l’abri de
ce genre de fléau. Si j’exprime le fond de ma pensée, je dirai
même que nous en sommes affligés plus que toute autre race,
parce que nous n’avons pas la formation et la préparation
nécessaires pour occuper la place qui nous revient parmi les
peuples et les nations du monde. Chez les autres races, le rôle
du traître se limite en général à l’individu médiocre et
irresponsable. Les traîtres de la race noire, malheureusement,
sont la plupart du temps, des gens haut placés par l’instruction
et la position sociale, ceux-là même qui s’arrogent le titre de
leaders. De nos jours, en effet, tout individu, ou presque, qui
tente sa chance comme leader de la race, commence par s’établir,
tel un animal domestique, dans les faveurs d’un philanthrope
d’une autre race : il va le voir, dénigre sa race dans les
termes les plus vils, humilie sa fierté d’homme, et gagne ainsi
la sympathie du «grand bienfaiteur», qui lui dicte ce
qu’il doit faire dans son rôle de leader de la race noire. En
général, c’est : «Va dire à tes gens d’être humbles et
soumis ; dis leur d’être de bons serviteurs, obéissants et
loyaux envers leur maître. Si tu leur enseignes ce genre de
doctrine, tu peux toujours compter sur moi pour te donner 1000
dollars, ou 5000 dollars par an de revenus, pour ton journal et
l’institution que tu représentes. Je te recommanderai à mes amis
comme un brave homme sans problèmes».
Nanti de ces
avis, et d’une promesse de patronage, le leader noir ordinaire
s’en va guider les masses infortunées. Il nous dit tout le bien
possible de Mr Untel, nous racontes combien nous avons de bons
amis dans l’autre race, et assure que tout ira bien à condition
qu’on s’en remette complètement à lui. Voici le genre de
direction que nous subissons depuis un demi-siècle. Je ne vois
là rien d’autre que perfidie et trahison de la pire espèce.
Si l’homme qui
met en difficulté son pays est un traître, celui qui brade les
droits de sa race n’est pas autre chose. Tant que nous ne serons
pas établis en tant que nation de 400 millions d’hommes (en
1910), et que nous n’aurons pas fait comprendre à ceux qui
se sont placés à notre tête que nous sommes mécontents et
dégoûtés ; tant que nous n’aurons pas choisi nous-mêmes un
leader envers qui nous remplirons nos engagements, nous serons
incapables de sortir du bourbier de la dégradation et de nous
élever vers la liberté, la prospérité et l’estime humaine ».
Marcus Garvey (père du concept du panafricanisme, Garvey
était un intrépide combattant contre l'humiliation infligée à la
population de peau noire depuis 1500 ans d’esclavage arabe et
européen)
Genève, le 25 mai 2011
* Jean-Paul Pougala est un
écrivain d’origine camerounaise, directeur de l’Institut
d’Etudes Géostratégiques et professeur de sociologie à
l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse. Contact :
Jean-Paul Pougala –
pougala@gmail.com
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 1er juin 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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