Corse
Impressions d'été:
les "idiots utiles" du capitalisme
Jean-Guy Talamoni
Samedi 14 septembre 2013
« Comme les Indiens légendaires de
l’Amérique latine, qui seraient les
dépositaires des secrets de leur
civilisation passée et les uniques
représentants de leur race, les Corses
devront-ils garder le silence en
attendant de disparaître ? »
Simon Vinciguerra, écrivain et résistant
communiste, 1967
« Corsica Libera au
centre du jeu ». C’est la position des
observateurs. Certains s’en réjouissent,
d’autres s’en alarment. Pour notre part,
nous ne dirions pas les choses de cette
façon. D’abord, parce qu’il ne s’agit
pas d’un jeu mais de l’avenir de notre
peuple. Ensuite parce que l’essentiel
n’est pas de défendre la place que nous
occupons comme formation politique mais
de contribuer – avec l’ensemble de nos
forces – à l’émergence d’une volonté
largement partagée. Une volonté de
pourvoir à notre propre conservation en
tant que communauté nationale.
Cet été, la
position du président du Conseil
exécutif
a suscité une violente polémique.
Pourtant, il n’a fait que prendre acte
de la réalité telle qu’elle se présente
de façon objective : les Corses sont
systématiquement chassés de leur terre
par de plus fortunés et la seule
proposition concrète susceptible
d’enrayer le processus est celle
formulée depuis des années par Corsica
Libera. Les travaux de l’Assemblée de
Corse ainsi que les expertises réalisées
l’ont démontré sans ambiguïté.
Pour autant, cette
proposition ne sera peut-être jamais
mise en application. Au moment où nous
écrivons ces lignes, nous sommes encore
loin des objectifs que nous nous sommes
assignés. L’espoir est toujours là mais
il s’agit à présent de le concrétiser,
car le temps travaille contre nous.
Sur les quelques
commentaires négatifs enregistrés ces
dernières semaines, nous ne nous
étendrons pas. Mais nous reviendrons sur
deux d’entre eux particulièrement
significatifs.
Tout d’abord celui
du député promoteur : il aurait pu avoir
la décence de s’abstenir. Il a choisi de
défendre ses intérêts personnels. Au
fond, il ne manque pas de logique :
pourquoi mordrait-il la main qui le
nourrit ?
Plus étrange, en
revanche, est la réaction de certains
dirigeants communistes (notamment sur
Alta Frequenza et La Corse Votre
Hebdo). Entre leurs compatriotes
modestes contraints de quitter la Corse
faute de pouvoir se loger et les
étrangers fortunés qui débarquent pour
prendre leur place, ils ont choisi de
défendre les seconds ! En plein accord
du reste avec Christophe Barbier : « Si
les Corses sont trop pauvres, ils n’ont
qu’à s’en aller ! ». Il est vrai que
cette étonnante contradiction ne date
pas d’hier. En 2010, les mêmes
responsables du PCF avaient publiquement
pris la défense du patron de Wendel,
dont la somptueuse villa avait été visée
par un attentat. Les communistes au
soutien de l’héritier des « Maître de
forges »…
Simon Vinciguerra,
réveille-toi : ils sont devenus fous !
En résumé, on a vu
le spéculateur de Cala Purcina et le
Petit père des riches, main dans la
main, s’élançant du plongeoir de la
piscine (privée) ! Pour finir où ? Dans
les « poubelles de l’histoire », comme
aurait dit un théoricien bien oublié de
nos jours ? Nous ne dirons même pas
cela. Ils trouveront eux aussi, l’un et
l’autre, leur place dans la Corse de
demain, celle que nous tentons de
construire. Si nous y parvenons. Dans le
cas contraire, ils auront des comptes à
rendre à leurs propres enfants.
Quant à
l’indispensable réforme, elle n’est pas
acquise : entre la France – « pays
d’idiots » selon Paul Giacobbi – et les
« idiots utiles » – utiles au
libéralisme triomphant –, le bon sens
tentera de se frayer un chemin…
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