Opinion
Ali Anouzia, ou le
règne d'Ubu Roi
Jacob Cohen

Vendredi 18 octobre 2013
L'autocratie marocaine n'a jamais
abandonné ses vieux démons et sa
propension à tout contrôler, tout
dominer, par l'arbitraire et
l'humiliation. D'ailleurs elle ne
doit son pouvoir absolu
post-colonisation qu'à l'aide
militaire des occupants français et
espagnols qui ont écrasé les forces
démocratiques qui auraient pu lui
porter ombrage. En en payant un prix
élevé : Abandon d'une partie du
territoire national, soumission à
l'impérialisme économique et
financier, collaboration avec le
sionisme. Ainsi ce régime peut se
perpétuer avec la bénédiction de ses
parrains étrangers. Ne se maintenant
que grâce à la corruption et à
l'injustice. Et la soumission de
tous les partis politiques
institutionnels, plus intéressés par
les prébendes que par l'intérêt du
peuple. Et une élite moderniste
séduite par les sirènes d’un progrès
illusoire et strictement encadré.
On a beaucoup glosé sur cette
monarchie capable de se transcender
et de se mettre au diapason des
aspirations démocratiques
universelles. Comme si le jeune âge
et les virées sportives étaient
synonymes de modernité démocratique.
Chassez le naturel, il revient au
triple galop. On a affaire à une
monarchie de droit divin devant
laquelle tout droit ou toute liberté
doivent s’incliner. On comprend
alors pourquoi la « lettre de
cachet » emprisonnant Ali Anouzla a
été acceptée avec servilité par la
classe politique.
Les médias n'ont obtenu qu'une
liberté de façade. Une liberté
surveillée, muselée, avec une petite
carotte et surtout un gros bâton.
Des titres ont disparu. Des
journalistes ont connu la prison. La
peur et l'autocensure fonctionnent
déjà comme armes dissuasives. Les
médias savent ce que les recettes
publicitaires leur rapportent et la
main qui pourrait leur fermer ce
robinet financier devenu
indispensable.
L’existence d’un média sur internet,
libre et indépendant, dirigé par des
hommes intègres et courageux, même
s’il ne représentait qu’une goutte
face à la vague monstrueuse du
pouvoir et de ses obligés, devenait
intolérable. Comme un petit caillou
dans les mocassins des dirigeants
repus. Non pas tant par le contenu
des informations et des éditoriaux
que par l’exemple qu’il imposait et
l’espoir qu’il suscitait, et la
mauvaise conscience qu’il donnait
aux médias serviles ou qui font
semblant de faire leur métier.
Que vive LAKOME !
Que vivent ses journalistes !
Et que la graine qu’il a semée porte
ses fruits !
Jacob Cohen. Paris. 18 octobre 2013.
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