|
Résistance
Gaza est toujours
debout dans la dignité
Ismail Haniyeh
Photo - MEMO : Mohammed Asaad
Samedi 9 janvier 2010
Que le gouvernement élu jouisse encore à Gaza du soutien
populaire de son peuple est le signe de l’échec du blocus
criminel d’Israël et de la guerre lancée il y a un an.
Aujourd’hui, notre peuple jouit du soutien de millions de
personnes partout dans le monde ; des milliers d’entre elles
frappent aux portes de Rafah pour entrer et montrer leur
solidarité. Au contraire, Israël, la puissance occupante, est
devenu isolé et méprisé par les peuples de conscience partout.
Recherchés pour crimes de guerre, ses dirigeants sont obligés
d’éviter de nombreuses villes internationales qu’ils utilisaient
jadis comme canaux de communication. Il n’y a qu’une explication
à la relégation d’Israël au statut d’Etat voyou. Le monde n’en
peut plus de son oppression et de son injustice.
La récente affirmation israélienne que « le Hamas a transformé
Gaza en enfer sur terre » est une fabrication grossière et un
mensonge. Il est étonnant qu’une telle déclaration vienne de
l’Etat qui a attaqué sans aucune pitié la population de Gaza au
cours d’une guerre terrible et unilatérale qui a tué plus de
1.500 personnes. Le Hamas n’a pas largué sur Gaza des bombes
DIME et au phosphore internationalement interdites, pas plus que
le Hamas a délibérément ciblé des écoles, des mosquées, des
hôpitaux et les bâtiments des Nations Unies à Gaza. Des familles
entières comme les Samouni et les Baloushas ont été tuées.
Israël a fait tout ça.
Depuis trois années consécutives, il assiège mon peuple à Gaza,
l’empêchant de reconstruire ses maisons, ou même de déblayer les
gravats laissés par son attaque barbare. Parce que l’occupant
refuse d’autoriser l’entrée des matériaux nécessaires à
l’entretien et aux réparations du système d’approvisionnement en
eau, la population de Gaza est maintenant empoisonnée par de
l’eau contaminée et non potable. L’occupant maintient
délibérément l’entrée des marchandises à Gaza à un niveau qui ne
répond pas aux besoins minimum de ses habitants. Ceci a conduit
à une malnutrition chronique. C’est la puissance occupante qui
est responsable d’avoir fait de Gaza la plus grande prison sur
terre, avec la totale collaboration de ses alliés occidentaux.
Ils ont voulu punir mon peuple parce que le Hamas a remporté en
2006 les élections parlementaires libres et régulières, qui se
sont déroulées sous supervision internationale. Ces mesures
punitives ont été prononcées même après que le Hamas ait fait
preuve d’une souplesse considérable en acceptant un Etat sur
tout le territoire de la Cisjordanie (avec Jérusalem comme
capitale) et Gaza. C’est précisément à cause de sa maturité
politique et de son intégrité que le Hamas continue de jouir du
soutien populaire, comme en témoigne la participation sans
précédent aux célébrations de l’anniversaire de sa fondation le
14 décembre.
Si l’on en croit la direction israélienne, il semblerait qu’ils
ont desserré leur étau et que maintenant, les Palestiniens de
Cisjordanie peuvent s’attendre à « une nouvelle ère de
prospérité et de croissance. » C’est cependant loin d’être le
cas. Dans un rapport diffusé en juin 2009, la Banque Mondiale a
déclaré que le PIB en Cisjordanie avait baissé « d’un cumulatif
de 34% en termes réels de PIB par habitant » depuis septembre
2000. Le déclin économique de la Cisjordanie pendant cette
période est dû à la politique israélienne de restriction de la
mobilité des Palestiniens, divisant de fait la Cisjordanie en
plusieurs poches assiégées. Israël a aujourd’hui retiré
quelques-uns de ces plus de 600 barrières fixes (il installe
aussi des centaines de checkpoints « volants » à volonté). Mais
ce n’est qu’un geste cosmétique et, comme l’un de mes
compatriotes l’a noté avec justesse, « même les gestes
israéliens les plus infimes ne peuvent qu’apporter une
amélioration » après un déclin aussi long et prolongé du
PIB. Mais la réalité est que le siège de la Cisjordanie n’est
pas moindre que celui de Gaza.
Les Palestiniens de Cisjordanie ne sont pas plus en sécurité
qu’à Gaza. En dépit de leur collaboration sécuritaire il y a à
peine quelques jours, les forces d’occupation d’Israël ont tué
de sang froid trois membres non armés du Fatah, l’un d’eux
devant sa femme et ses enfants. Le même jour, les forces
d’occupation israélienne ont aussi tué trois civils à Gaza.
Aujourd’hui, l’occupant dit vouloir "relancer le processus de
paix” et qu’il a engagé des “démarches sans précédent”
pour ce faire, mais qu’il n’a reçu que des plaintes, des
conditions préalables injustifiées, et le Rapport Goldstone de
la part des Palestiniens ingrats qui continuent de refuser de
s’asseoir avec lui à la table des négociations. Quand ils
parlent de « démarches sans précédent », ils font
référence au « gel de la colonisation » fictif annoncé le
25 novembre. Ce « gel », qui n’est effectif que pour une
période de dix mois, n’inclut pas Jérusalem Est, et permet la
construction de 3.000 logements dans le reste de la Cisjordanie.
Le « gel » a été annoncé à contrecœur pour que le
Président Obama ne perde pas la face après qu’il l’ait demandé
avec véhémence. En réalité, les Israéliens ne sont disposés à
prendre aucune mesure significative pour la paix, comme mis en
évidence par la décision annoncée la semaine dernière de
construire 700 logements de plus à Jérusalem Est, et celle,
annoncée le mois dernier, de construire 900 logement dans la
colonie de Gilo, au sud de Jérusalem.
Quand la puissance occupante dit qu’elle a eu, des Palestiniens,
le « Rapport Goldstone » en échange de ses concessions, c’est
vraiment risible. Aucun Palestinien n’a été impliqué dans la
rédaction de ce rapport. Son principal auteur, Richard Goldstone,
dit lui-même qu’il est un ami d’Israël et un sioniste d’origine
juive, et en même temps un juge de haut rang à la réputation de
professionnalisme et d’impartialité. Les Israéliens s’élèvent
contre ce rapport parce qu’il révèle l’évidence – qu’ils ont
ciblé des civils lors de leur attaque contre Gaza et que leurs
actions relèvent de crimes de guerre et de crimes contre
l’humanité. Si les allégations contenues dans le rapport sont
fausses, comme le disent les Israéliens, alors ils ne devraient
rien avoir à craindre, même s’ils étaient traînés devant les
tribunaux internationaux.
Les remarques récentes venant de Tel Aviv portent le sceau d’un
gouvernement isolé confronté à une répulsion internationale
grandissante devant sa politique expansionniste, ses crimes
continus contre les Palestiniens et son refus de se conformer au
droit international.
Il ne fait aucun doute que nos blessures sont profondes et que
notre souffrance est atroce. Mais ce qui nous aide à persévérer
et à continuer notre lutte est le soutien sans précédent de la
société civile mondiale. Ce sont ces gens courageux du monde
entier qui affluent en masse à Rafah pour briser le siège, qui
sacrifient leur santé, leur temps et leur confort pour montrer
leur solidarité et leur soutien à notre juste cause ; ils sont
devenus nos amis et nos alliés. A toutes ces âmes courageuses,
j’adresse la profonde gratitude de mon gouvernement et de mon
peuple. Nous vous assurons que le peuple opprimé de Palestine
n’oubliera jamais vos efforts dans sa lutte pour la liberté.
L'auteur est
le Premier Ministre palestinien élu, en exercice à Gaza
Source :
Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
Dossier
Hamas
Publié le 9 janvier 2010 avec l'aimable autorisation d'ISM
|