Opinion
Joyeux Noël, joyeux Yalda....!!
IRIB
Samedi 24 décembre
2011
IRIB- La nuit du 21 au 22 décembre est
importante, pour les Iraniens.
Tout le monde se prépare, plusieurs
jours à l’avance, à célébrer la fête de
Yaldâ, qui a lieu, au cours de cette
nuit, la plus longue de l’année [1].
Pendant cette fête, les Iraniens se
rassemblent en famille,
traditionnellement, chez les
grands-parents, et veillent, jusqu’à
l’aube. Ils mangent des fruits et des
fruits secs, racontent des histoires et
lisent des poèmes.Yaldâ est un mot
syriaque, qui signifie "naissance".
Depuis des millénaires, les Iraniens
célèbrent ainsi la naissance de Mehr (ou
Mithra), au cours de la nuit la plus
longue de l’année. Cette fête symbolise
la victoire de la lumière sur les
ténèbres. La lumière est associée, dans
les croyances iraniennes, au monde
divin, au paradis et aux forces
bienfaisantes, et les ténèbres sont
associées à l’enfer et aux forces
malfaisantes.
La fête de
Noël
Il est intéressant de noter qu’il n’y
a que quelques jours de décalage entre
cette fête iranienne et la fête de Noël.
De plus, ces deux fêtes se ressemblent
beaucoup, dans la façon dont elles sont
célébrées : le fait de se rassembler en
famille et veiller, jusqu’à l’aube,
ainsi que la présence d’un arbre qui
reste vert, pendant l’hiver, sont les
similitudes les plus frappantes [2] qui
ne sont, d’ailleurs, pas le fait du
hasard.
La pastèque, un des fruits,
habituellement, consommés, durant la
fête de Yaldâ. En remontant aux origines
de la fête de Noël, on se rend compte
que la date de la naissance de
Jésus-Christ n’a été fixée au 25
décembre qu’au IVe siècle de l’ère
chrétienne. En effet, la véritable date
de la naissance du Christ n’est pas
connue, et les historiens ignorent même?
s’il est né en hiver ou en été. Les
documents historiques montrent que le
choix du 25 décembre? par l’Eglise?
avait pour but de faire en sorte qu’une
fête très populaire? chez les Romains? à
l’époque -celle de la célébration de la
naissance de Mithra- soit remplacée par
une fête chrétienne [3].
Mithra? en
Iran
Mithra est une divinité iranienne
très ancienne. Nous savons que son
origine remonte à des millénaires, car
un dieu indien appelé "Mitra", dont les
caractéristiques sont très proches du
Mithra iranien, est mentionné? dans les
plus anciens textes du Véda [4].
L’un des plus anciens documents où le
nom de Mithra est mentionné est un
traité entre trois rois, écrit en
araméen, qui date de 1380 av. J.-C.
Noël en Iran. L’un des chapitres de
l’Avestâ, livre sacré des Zoroastriens,
est consacré à Mithra, nommé "Mehr",
dans ce livre. L’Avestâ, tel qu’il
existe actuellement a, semble-t-il, été
rédigé, à l’époque sassanide [5], mais
certains chapitres, dont celui consacré
à Mehr, semblent remonter à l’époque
achéménide [6].
Il n’y a pas de doute sur le fait que
Mehr et Mithra soient la même divinité :
elles ont les mêmes caractéristiques, et
le mot "mehr" - qui signifie, en persan,
même encore, actuellement, "amitié",
"tendresse", ou encore "affection" -
rejoint la signification du mot "mitra"
- qui signifie "ami" en sanskrit.
Pour les Iraniens, Mithra était une
divinité secourable et bienfaisante. Il
était, à la fois, le dieu du serment, le
garant des contrats, protecteur de la
vérité, ennemi du mensonge, et le dieu
de la lumière. Il entretenait, donc, à
ce titre, des rapports privilégiés avec
le soleil ; mais comme l’écrit Pierre
Briant, dans son livre sur l’Empire
Achéménide [7], il n’y eut jamais
assimilation formelle, ni exclusive
entre Mithra et le soleil.
Mithra, en
Europe
Le culte de Mithra était, largement,
répandu, en Asie Mineure, à l’époque
achéménide, et, peut-être, même, bien
avant les conquêtes de Darius Ier [8] .
Ce culte pénétra, en Italie, vers 67 av.
J.-C., et se diffusa, au IIe siècle
après J.-C. dans les ports, les grandes
villes et les lieux de garnison de
l’Empire Romain (surtout, en Italie, et
sur les bords du Rhin et du Danube).
Mais ce Mithra n’était pas exactement le
Mithra iranien : avant sa diffusion, en
Europe, les Grecs d’Asie lui avaient
donné une représentation figurée, et
avaient mélangé le culte de Mithra avec
le culte d’Apollon.
Le Christianisme entra en compétition
avec le mithraïsme, dans l’Empire
romain, et supplanta ce dernier, durant
le IVe siècle, en devenant la religion
officielle de l’Empire, sous le règne de
Théodose (361-363). Le mithraïsme fut,
formellement, interdit, en 391.
Notes
[1] La nuit du 21 au 22 décembre
coïncide avec le solstice d’hiver ;
c’est la nuit la plus longue de l’année,
dans les régions tempérées de
l’hémisphère Nord.
[2] Les arbres qui restent verts,
pendant l’hiver, étaient sacrés, pour
les Iraniens, dans les temps anciens,
car ils sont les seules plantes, qui
savent, au cœur de l’hiver, où la nature
semble morte, que le printemps viendra.
[3] Le calendrier des Romains
contenait une légère erreur de calcul ;
c’est pourquoi le solstice d’hiver était
fixé au 25 décembre.
[4] Le Véda est un ensemble de textes
écrits, en sanskrit archaïque, qui
datent de l’époque de l’installation des
Aryens, dans les plaines de l’Indus et
du Gange, entre 1800 et 1200 av. J.-C.
[5] La dynastie sassanide a régné, en
Iran, entre 224 et 651 après JC.
[6] Les Achéménides (556-330) ont
formé un vaste empire, qui s’étendit,
pendant une période, de l’Egypte,
jusqu’en Inde.
[7] Pierre Briant, Histoire de
l’Empire Perse de Cyrus à Alexandre,
1996, Fayard, pp. 460-462.
[8] Ibid., p. 1025
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Reçu de l'IRIB le 24 décembre 2011 pour
publication
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