Tunisie-Politique
La stratégie d'Ennahdha
pour torpiller la dialogue national
Imed
Trabelsi
Lundi 14 octobre 2013
Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir,
est allé au dialogue national à contre-coeur
et presque à reculons. Les premiers
jours de discussion trahissent sa
stratégie dilatoire, qui vise à empêcher
ce dialogue d'atteindre ses objectifs.
Par Imed
Trabelsi
Après une séance marathon, samedi,
qui a duré plus de 9 heures non stop,
les parties prenantes au dialogue
national ont repris les travaux,
dimanche matin, espérant trancher les
questions en litige.
Les non à
répétition des islamistes n'augurent
rien de bon
Selon le calendrier initialement
établi, le dialogue national devait
commencer, jeudi, après que les
divergences sur certaines questions en
suspens aient été aplanies.
Malheureusement, ces divergences
persistent et les difficultés
apparaissent, avec, surtout, la mauvaise
volonté évidente des responsables d'Ennahdha
d'accepter les solutions préconisées par
les autres protagonistes.
Au terme du marathon de samedi, le
secrétaire général de l'UGTT, Houcine
Abassi, a déclaré aux médias que les
travaux reprendront, dimanche, afin
d'essayer de rapprocher les points de
vue et de permettre aux représentants
des partis de consulter leurs structures
respectives, ajoutant que les
discussions ont porté sur l'instance
pour les élections, les compromis sur la
constitution et le processus de
changement gouvernemental. Autant dire
que, sur toutes ces questions, les
discussions ont achoppé à des
divergences jusque-là insurmontables.
Peut-on espérer que les
protagonistes, et notamment les
représentants d'Ennahdha, vont être
mieux disposés, ce dimanche, à avancer
dans les préparatifs du dialogue en
acceptant des arrangements sur toutes
ces questions? Rien n'est moins sûr.
En attendant, on a droit à des
déclarations lénifiantes et qui noient
le poisson de la mauvaise foi dans un
océan de langue de bois. C'est le cas du
chef du bureau politique du mouvement
Ennahdha, Ameur Larayedh, toujours
prompt à rejeter les propositions des
autres protagonistes, qui a déclaré à
l'agence Tap, à l'issue de la séance de
samedi, que «les discussions étaient
riches, longues et intéressantes et se
sont déroulées dans un esprit positif et
sérieux, malgré les divergences»,
soulignant, avec la même mauvaise foi,
«la volonté générale de faire réussir le
dialogue.»
Empêcher la
mise en place d'un nouveau gouvernement
Plus direct, et moins porté sur la
langue de bois, le secrétaire général du
Parti des patriotes démocrates unifiés (Watad),
Zied Lakhdar, a expliqué, pour sa part,
que les discussions ont buté à la
proposition de former une commission
chargée d'examiner le processus de
changement gouvernemental, qui a été
rejetée d'emblée par Ennahdha, ce qui
trahit le refus réel d'Ennahdha –
déguisé en acceptation de principe –
d'envisager le départ du gouvernement.
Le fait qu'Ennahdha ait accepté, avec
les autres protagonistes, la
constitution d'une commission chargé de
plancher sur la mise en place de
l'Instance supérieure indépendante pour
les élections (ISIE) et d'une autre pour
plancher sur les compromis à trouver à
propos de la constitution, tout en
refusant le projet d'une commission
similaire pour examiner les modalité de
mise en place d'un gouvernement de
compétences nationales indépendantes,
est un signe avant-coureur des obstacles
que va mettre le parti islamiste sur la
voie du dialogue nationale. Pour le
prolonger outre mesure, empêcher la mise
en place d'un gouvernement indépendant
des partis et renvoyer les prochaines
élections aux calendes grecques.
Les participants aux palabres actuels
ne vont pas tarder à découvrir cette
tactique dilatoire d'Ennahdha.
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Publié le 14 octobre 2013 avec l'aimable
autorisation de Kapitalis
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