Nouvelles et analyses humanitaires
Indignation en
Israël suite à l'injection de
contraceptifs aux juives éthiopiennes
IRIN
Des femmes
d’origine éthiopienne lors d’une
manifestation pour les droits humains à
Tel-Aviv
Photo: Andreas Hackl/IRIN
TEL-AVIV, 29
janvier 2013 (IRIN)
Le directeur du ministère de la Santé en
Israël, Roni Gamzo, a émis une directive
officielle stipulant que les
gynécologues ne devaient pas injecter le
contraceptif de longue durée Depo-Provera
aux femmes à leur insu ou sans leur
consentement.
Diffusée la semaine dernière, la
directive fait suite au témoignage de 30
femmes juives d’Éthiopie immigrées en
Israël qui ont affirmé avoir été
contraintes de recevoir l’injection du
contraceptif pour entrer dans le pays.
Selon un rapport publié en 2010 par Isha
le’Isha, une organisation de défense des
droits des femmes, le contraceptif a été
administré majoritairement à des juives
d’Éthiopie ; 57 pour cent des femmes qui
ont reçu l’injection du contraceptif en
Israël sont des juives d’Éthiopie alors
qu’elles représentent moins de 2 pour
cent de l’ensemble de la population
israélienne.
« Nous pensons qu’il s’agit d’une
méthode pour réduire le nombre de
naissances dans une communauté noire
généralement pauvre », a déclaré à IRIN
Hedva Eyal, auteur du rapport. « En
fait, c’est la première fois que l’État
reconnaît que cette pratique
d’administrer à des immigrantes un
médicament alors qu’elles n’en
connaissent pas les effets secondaires,
est immoral ».
La directive a été rendue publique moins
de deux semaines après l’envoi par un
collectif d’organisations représentant
la communauté éthiopienne juive, ainsi
que l’Association pour les droits civils
en Israël (ACRI), d’une lettre adressée
à M. Gamzo pour demander que cette
pratique soit immédiatement arrêtée et
qu’une enquête soit ouverte à la fois en
Israël et dans les camps de transit en
Éthiopie.
Le porte-parole adjoint du ministère de
la Santé, Smadar Shazo, a déclaré à IRIN
que si la directive a été émise après la
lettre des organisations, le ministère
avait déjà commencé à enquêter quelques
mois plus tôt afin de déterminer qui
était responsable de cette pratique à la
fois en Israël et dans les camps de
transit en Éthiopie.
« Nous avons commencé les recherches
[pour le rapport de 2010] à la suite de
l’article d’un quotidien signalant une
baisse considérable du nombre de
naissances au sein de la communauté
éthiopienne qui est une communauté jeune
et en principe fertile », a affirmé Mme
Eyal.
Plus de 120 000 juifs d’origine
éthiopienne vivent aujourd’hui en Israël
; 83 000 d’entre eux sont nés en
Éthiopie.
De 1985 à 1991, plus de 300 000 juifs
d’Éthiopie ont été évacués par avion
dans le cadre de trois opérations de
sauvetage après des années de guerre
civile et de famine qui ont conduit des
centaines de milliers d’Éthiopiens vers
la capitale Addis Abeba et vers les
camps de réfugiés au Soudan.
Mais leur
intégration a au sein de la société
israélienne est difficile ; environ 52
pour cent des familles juives
éthiopiennes vivent en dessous du seuil
de pauvreté, ce qui ne concerne que 16
pour cent de la population juive
israélienne dans son ensemble.
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Publié le 1er février 2013 avec l'aimable
autorisation de l'IRIN
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