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IRIN
Israël-TPO:
Des paysans cisjordaniens sans ressources après le vol de leurs
oliviers
Jamil Khader, 87 ans, est
tombé malade lorsqu’il a découvert que presque tous ses arbres
avaient disparu
Photo:
Shabtai Gold/IRIN
JIT,
CISJORDANIE, 28 avril 2008 (IRIN) Jamil Khader, 87
ans, a eu un choc lorsqu’il a découvert que la quasi-totalité
des 1 400 oliviers plantés par ses proches parents en février
avaient soudain disparu, qu’ils avaient été déracinés et dérobés.
« Il est tombé très malade lorsque je le lui ai dit. Il a été
hospitalisé et a dû rester au lit pendant une semaine », a
raconté à IRIN son fils Khalil, originaire de Jit, une petite
ville du nord de la Cisjordanie.
La famille pense que les arbres ont été déracinés en mars,
mais ils n’ont découvert le vol qu’en arrivant sur les
terres, le 16 avril. En effet, l’oliveraie étant située à
proximité de la colonie israélienne de Kedumim, la famille de M.
Khader ne s’y rend pas régulièrement.
« Nous n’allons travailler à l’oliveraie que lorsque l’armée
[israélienne] s’y trouve. J’ai peur d’y aller seul, parce que
les colons m’ont déjà menacé avec leurs fusils », a confié
Khalil.
Pour la famille et les travailleurs humanitaires, ce sont les colons
de Kedumim qui sont responsables de la disparition des oliviers.
« Il y a eu de nombreux cas de violences contre les Palestiniens
dans cette région de la Cisjordanie », a expliqué Emily
Schaefer, avocate membre de l’association israélienne Yesh Din
de défense des droits humains, qui se spécialise dans ce type
d’affaires.
« Cela fait trois ans que nous opérons et en trois ans, pas un seul
[Israélien] n’a été condamné pour avoir déraciné ou détruit
les oliviers des Palestiniens », a-t-elle indiqué.
D’après ses recherches, Mme Schaefer a également dit douter que
quiconque ait jamais été traduit en justice par les autorités israéliennes
pour ce type de délits.
Khalil examine le champs
de sa famille
Photo:
Shabtai Gold/IRIN
Jamil Khader
est né en 1922, à Nazareth, sur ce qui est aujourd’hui le
territoire d’Israël. Au printemps 1948, alors que la première
guerre israélo-arabe faisait rage, sa famille et lui-même sont
devenus réfugiés. « Nous avons quitté Nazareth en
n’emportant rien », s’est-il souvenu.
Officier de la police britannique pendant la Deuxième Guerre
mondiale, M. Khader a rejoint les rangs des armées arabes en
1948, avant d’intégrer la police jordanienne, à l’époque où
les Jordaniens dirigeaient la Cisjordanie.
Son dernier emploi lui a permis d’économiser assez d’argent pour
pouvoir acquérir un terrain près de Naplouse, devenu depuis lors
le bien le plus précieux de sa famille.
Une famille dont les membres sont devenus, comme d’autres, de plus
en plus dépendants de l’agriculture pour vivre, les restrictions
sévères imposées par Israël sur la circulation des populations
les ayant privés de leurs anciens emplois de manœuvres en Israël.
Une population dépendante de l’agriculture
« Je dépends complètement de l’agriculture ; je n’ai aucun
autre emploi », a indiqué Khalil, qui est lui aussi inscrit sur
les registres de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les
réfugiés palestiniens. « Les oliviers et les autres produits de
la terre me permettent de subvenir aux besoins de ma famille, de mes
frères et de leurs enfants ».
Constatant le déclin de l’économie locale, les organisations humanitaires
étaient intervenues pour tenter de porter secours aux populations
: sur l’ensemble des arbres disparus, 1 000 avaient été donnés
à la famille par le Comité international de la Croix-Rouge
(CICR).
Selon l’organisation, Jit et les villages voisins sont particulièrement
vulnérables, compte tenu de leur accès limité aux terres et de
leur situation géographique ; ils sont en effet proches des colonies
israéliennes.
Au premier plan, les
terres de la famille Khader.
Au deuxième plan, la colonie israélienne de Kedumim
Photo:
Shabtai Gold/IRIN
« Il est très
triste de voir que les arbres de ces paysans ont une fois de plus
été déracinés. Malheureusement, cela prouve bien combien la
vie quotidienne est difficile pour ces populations », a commenté
Helge Kvam, porte-parole du CICR à Jérusalem.
Il s’agit en effet de la quatrième fois en une décennie que
les activités agricoles du village ont été entravées. Dans les
années 1990, des incendiaires avaient brûlé de nombreux
hectares d’oliviers. En 2005, la plupart des arbres restants
avaient été détruits au cours d’une autre vague de violence.
En 2007, les Rabbins israéliens pour les droits humains avaient
acheté et planté environ 500 oliviers, espérant ainsi stimuler
l’économie locale. Mais au cours des quatre mois qui avaient
suivi, la quasi-totalité de ces arbres avaient été détruits ou
déracinés et emportés.
Maintenant que les oliviers donnés par le CICR leur ont été dérobés,
les villageois ne savent que faire ni s’il leur sera possible de
continuer à dépendre de l’agriculture comme moyen de
subsistance, celle-ci étant déjà leur solution de secours.
En réaction à l’incident, l’armée israélienne a déclaré
que celui-ci était du ressort de l’Administration civile, qui a
elle-même invité IRIN à contacter la police israélienne.
Selon les propos succincts du porte-parole de la police, les
Palestiniens ayant porté plainte, une enquête sera ouverte pour
faire la lumière sur l’affaire ; le porte-parole a également
invité IRIN à contacter l’armée.
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