Nouvelles et analyses humanitaires
Reconstruire à
Gaza entre guerre et paix
IRIN
Ashraf
espère que les travaux de reconstruction
vont pouvoir reprendre bientôt
Photo: Ahmed Dalloul/IRIN
GAZA, 28 janvier 2013 (IRIN) Ashraf Azzam, 33 ans, se tient au milieu des
ruines de sa maison dans la région de
Zeitoun, dans l’est de la ville de Gaza,
détruite par une attaque des forces
israéliennes qui ont bombardé la zone
deux mois plus tôt.
« Tout est allé trop vite. Au début, un
missile d’avertissement est tombé sur
notre maison ainsi que sur les maisons
voisines ; nous nous sommes précipités
dehors pour nous mettre à l’abri, nous
n’avons pas eu le temps de réfléchir »,
a-t-il déclaré à IRIN.
« L’attaque israélienne a touché une
maison voisine, en face de la nôtre,
c’était comme un tremblement de terre,
tout bougeait ; il y avait de la
poussière et de la fumée partout, ce qui
avait des effets ravageurs », a-t-il
dit.
À la lumière du jour, ils ont découvert
que leur maison avait été détruite.
Aucun membre de la famille n’avait été
blessé, mais certains de leurs voisins
ont été tués.
Pour le moment, la famille étendue
d’Ashraf (15 membres comprenant sa mère,
ses frères, leurs femmes et leurs
enfants) est dispersée et vit dans des
appartements loués.
Maisons détruites
Lors des huit jours marqués par
l’escalade du conflit en novembre, les
bombardements israéliens de la bande de
Gaza en représailles aux tirs de
roquette des militants à Gaza auraient
détruit 200 cellules d’habitation,
fortement endommagé 300 autres et
partiellement endommagé
8 000 maisons, selon le ministre du
Logement et des Travaux publics à Gaza,
Yousif Al Ghraiz.
Les travaux de reconstruction ont déjà
commencé mais, du fait des cycles de
violence répétés, la reconstruction
post-conflit ne dure pas toujours.
L’oncle d’Ashraf, Mohammed, 61 ans, vit
dans le quartier et a vu sa maison
endommagée par la même attaque de
missile. Ce n’était pas la première fois
qu’il assistait à une telle chose. La
maison familiale dans la ville de Gaza
avait été complètement détruite durant
les 23 jours de conflit de 2008-2009 et
la reconstruction s’était seulement
achevée quelques mois plus tôt.
« [Nous] ne nous attendions pas à ce que
cela recommence. Cette fois-ci, cela n’a
pas seulement détruit ma maison, mais
également un autre bâtiment qui était ma
principale source de revenus, c’était
l’endroit où je louais des appartements
».
« Nous allons rester ici et nous
reconstruirons encore notre maison. Bien
sûr, nous craignons que la maison et le
quartier ne soient de nouveau visés,
mais cela doit-il nous empêcher de
reconstruire nos vies ? La réponse est
absolument pas, car nous avons la
volonté de le faire », a-t-il déclaré.
M. Al Ghraiz a affirmé que
l’administration de Gaza avait fait
reconstruire 2 800 des 3 500 cellules
d’habitation détruites lors du conflit
de 2008-2009 et que la reconstruction
des 700 restantes était en cours.
Évaluation et reconstruction
Des équipes du ministère des Travaux
publics, des municipalités locales et
des Nations Unies effectuent des
missions d’évaluation des dégâts dans la
bande de Gaza depuis les attaques de
novembre.
Un grand nombre de rues sont remplies de
décombres, mais certaines ont été
nettoyées et les Palestiniens font ce
qu’ils peuvent pour recycler les débris
en les vendant aux carrières des
environs et aux entreprises de
concassage de pierres qui en extraient
du gravier et des agrégats de
construction.
Cela peut remplacer les matériaux de
construction classiques qui sont rares
ou interdits depuis les sanctions
économiques imposées par Israël en 2007.
Dans une
publication récente, le Programme
des Nations Unies pour le développement
(PNUD) a déclaré que Gaza était privé de
développement à cause du blocus : « Par
conséquent, les besoins en développement
et en reconstruction dans la Bande de
Gaza sont énormes : de la gouvernance à
l’emploi, en passant par l’environnement
et les infrastructures ».
« Bien sûr, nous craignons que la
maison et le quartier ne soient de
nouveau visés, mais cela doit-il
nous empêcher de reconstruire nos
vies ? La réponse est absolument
pas, car nous avons la volonté de le
faire », Mohammed, habitant de Gaza.
Quatre semaines plus tôt, à la suite des
négociations de cessez-le-feu, Israël a
donné l’autorisation de faire entrer du
gravier à destination du secteur privé
pour la première fois depuis six ans.
Mais les quantités importées sont
toujours très réduites et la plupart des
matériaux sont destinés aux projets de
construction internationaux, selon le
centre juridique pour la liberté de
mouvement (Gisha).
Avant que le blocus israélien ne soit
imposé en 2007, près de 150 camions de
gravier destinés au secteur privé
entraient à Gaza chaque jour, selon
Ra’ed Fattouh, président du comité de
coordination pour l’entrée des
marchandises dans la Bande de Gaza.
Ces trois dernières semaines, il y a eu
en moyenne 100 camions (800 tonnes) par
semaine, alors que le fer et le ciment
sont toujours interdits, a déclaré M.
Fattouh.
Osama Kuhail, directeur du syndicat des
entrepreneurs palestiniens, affirme que
ces quantités sont insuffisantes et que
le secteur de la construction à Gaza
nécessite environ 200 camions de gravier
par jour.
« Il y a beaucoup de projets qui
pourraient être exécutés si les
matériaux étaient disponibles. Nous
pouvons lancer de véritables projets
d’investissement immobilier et de grands
projets immobiliers destinés aux
personnes à faible revenu.
L’interdiction des matériaux pour le
secteur privé a de lourdes conséquences
sur les projets immobiliers », a-t-il
ajouté.
Le gravier qui transite par Shalom Kerem
coûte environ 23 dollars la tonne,
a-t-il déclaré, contre 29 dollars la
tonne pour le gravier qui passe en
contrebande via les tunnels d’Égypte ou
contre 12 dollars au point de passage
officiel avec l’Égypte, à Rafah (lorsque
c’est autorisé).
Plans de reconstruction
La Banque islamique de développement
(BID) est en train d’étudier les
évaluations des dégâts du ministère du
Logement et les conséquences des
récentes attaques israéliennes, y
compris les cas de maisons endommagées
ou détruites.
Refa’t Diyab, coordinateur de la BID et
du programme du Conseil de coopération
du Golfe (CCG) pour la reconstruction à
Gaza, a déclaré à IRIN : « Après le
dernier conflit, l’aide des États du
Golfe arabe s’est axée sur le logement
du fait de son importance dans la vie
des Palestiniens, notamment à cause du
grand nombre de maisons détruites ou
endommagées dans les bombardements ».
Grâce au financement des États du Golfe,
la BID a investi 76 millions de dollars
dans des projets immobiliers depuis le
conflit de 2008-2009 et a lancé un
projet immobilier de 43 millions qui
doit commencer bientôt, a affirmé M.
Diyab.
Le Qatar finance 3 000 nouvelles
cellules d’habitation destinées aux
personnes pauvres et à faible revenu,
dans le cadre d’une subvention de plus
de 400 millions visant à financer les
infrastructures et les projets de
service public, d’après M. Al Graiz.
De son côté, l’Agence des Nations Unies
pour les réfugiés palestiniens (UNWRA) a
récemment achevé la première étape d’un
projet immobilier financé par l’Arabie
saoudite et destiné aux familles de
réfugiés qui ont perdu leurs maisons au
début des années 2000 à cause des
incursions et des attaques israéliennes,
notamment dans le sud de la Bande de
Gaza.
L’UNWRA travaille également sur des
projets immobiliers avec le financement
des Émirats arabes unis et du Japon, et,
après le conflit de 2008-2009, elle
était venue en aide à environ 55 000
familles qui avaient perdu leur maison.
Près de 1 000 familles n’ont toujours
pas de logement permanent.
Un récent
rapport des Nations Unies a déclaré
qu’il manquait 70 000 logements à Gaza.
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Publié le 28 janvier 2013 avec l'aimable
autorisation de l'IRIN
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