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IRIN
Israël-TPO:
Les enfants de Sdérot traumatisés par les tirs de roquettes
Le nombre de tirs de roquettes a considérablement
augmenté
et ceux-ci sont devenus quasi quotidiens ces derniers mois.
Photo:
Tamar Dressler/IRIN
SDEROT, 28 janvier 2008 (IRIN)
Au moins 75 pour cent des enfants de Sdérot (sud)
âgés de quatre à 18 ans présentent des symptômes de stress
post-traumatique qui se manifestent notamment par des troubles du
sommeil et une grande anxiété, selon les conclusions d’une étude
publiée au mois de janvier.
L’étude, réalisée par Natal, le Centre israélien de
traitement des traumatismes chez les victimes du terrorisme et de
la guerre, a été publiée après que la ville eut essuyé pour
la première fois les tirs de roquettes des militants palestiniens
de la bande de Gaza, en 2001. Au cours des deux dernières années,
le nombre de tirs de roquettes a considérablement augmenté et
ceux-ci sont devenus quasi quotidiens ces derniers mois.
Selon l’étude, fondée sur une enquête représentative,
environ 28 pour cent des adultes souffrent de troubles de stress
post-traumatique. L’étude révèle par ailleurs que ces
troubles affectent beaucoup plus les enfants, qui souffrent de
cauchemars, de perte d’appétit et de problèmes de
concentration à l’école.
Quelque 120 enfants font actuellement l’objet d’un suivi
psychologique prolongé.
De l’avis de certains experts, cela n’a rien d’étonnant,
puisque les roquettes sont souvent tirées tôt le matin, lorsque
les enfants se rendent à l’école.
Système couleur rouge
Un jour d’école, alors que le correspondant d’IRIN se
trouvait à Sdérot, plus de 10 roquettes sont tombées dans la
ville et aux environs entre sept et huit heures trente du matin.
Chaque fois qu’un tir de roquette déclenchait l’alerte – le
tristement célèbre « Tseva Adom » (« couleur rouge »),
diffusé par haut-parleurs – les enfants couraient pour se
mettre à l’abri.
Une roquette Qassam tirée de la bande de Gaza
sur laquelle est écrit 'Quds' (Jérusalem) en hébreu
et les "Brigades al-Quds" en arabe - et identifiant le
tireur : la branche armée du Jihad islamique.
Photo:
Tamar Dressler/IRIN
Ce système n’est pas efficace à 100 pour cent.
En effet, selon un habitant, une fois l’alerte donnée, les
habitants ont entre zéro et 15 secondes seulement pour trouver un
abri – et « la plupart du temps, c’est plus proche de zéro
que de 15 ».
Au début du mois, la roquette qui s’est abattue sur la maison
de Shlomi Argon, un habitant de Sdérot, dans la mi-trentaine, a
fait un énorme trou dans la toiture et a blessé sa femme et
l’enfant de son voisin, qui jouait avec Nir, son fils de quatre
ans.
« C’est comme à la roulette russe »
« C’est comme à la roulette russe. Vous savez qu’un jour ou
l’autre une roquette tombera sur votre maison », a-t-il dit, détournant
son regard de la lumière du soleil qui pénètre par le toit de
sa maison.
Avant les accords d’Oslo des années 1990, M. Argon travaillait
avec des Palestiniens de Khan Younis, à Gaza, dans une
exploitation agricole, et malgré la situation, il a gardé
contact avec eux.
« Nous nous parlons presque tous les jours. Ils sont tout à fait
désolés de ce qui s’est passé », a expliqué M. Argon,
ajoutant qu’il était lui aussi très peiné par le bain de sang
à Gaza.
Roquettes tirées de la bande Gaza exposées
dans la municipalité de Sdérot
Photo:
Tamar Dressler/IRIN
Une collégienne de Sdérot a expliqué à IRIN
que les membres de sa famille ne dormaient plus dans leurs
chambres depuis six mois.
« Nous dormons tous dans une chambre du rez-de-chaussée qui est
plus sûre », a affirmé l’adolescente. « Parfois, ma mère
supplie mon père de déménager de cette ville […], d’aller
ailleurs, où nous pourrions nous rendre à l’école à pied
sans craindre les tirs de Qassams [les roquettes palestiniennes]
».
« Les habitants qui en ont les moyens ont quitté la ville, mais
ma famille ne peut pas se le permettre », a déploré Shayli, 17
ans, indiquant que sa mère essayait de la garder à la maison le
plus souvent possible.
« Cette situation nous coûte beaucoup », a-t-elle affirmé,
soulignant qu’elle ne se souvenait plus du temps où les
conditions de sécurité étaient meilleures.
Pour Dalia Youssef, directrice du centre de traumatologie Hosen
– une organisation nationale – de Sdérot, il est difficile de
soigner les enfants car les roquettes continuent de tomber.
« C’est continuel. Il n’y pas de "répit". Comment
traiter des symptômes de stress post-traumatique dans cette
situation ? », s’est-elle interrogée.
Officiellement, la ville de Sdérot compte 23 000 habitants, mais
en réalité seules quelque 14 000 personnes y vivent, car
beaucoup d’habitants ont quitté la ville ou y sont inscrits
comme résidents, mais n’y vivent pas pour des raisons de
fiscalité.
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