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Rapport
MOYEN-ORIENT: L'UNRWA se mobilise contre la
violence dans ses écoles
Une jeune Palestinienne
inscrite dans une école de l'UNRWA enjambe les gravats
d'une maison endommagée pour se rendre en cours
Photo: Shabtai Gold/IRIN
AMMAN, 26 novembre 2008 (IRIN)
L’agence des Nations Unies pour les réfugiés
palestiniens, l’UNRWA, a lancé une initiative de lutte contre la
violence dans ses écoles au Moyen-Orient, où l’on enseigne aux
enfants la tolérance et la résolution des conflits, mais les
professeurs et les réfugiés doutent que ce programme puisse
fonctionner dans les camps, où règne la pauvreté.
Un nouveau code de conduite a été présenté à Amman la semaine
dernière par les hauts responsables de l’UNRWA, qui régit les
relations entre les enseignants, les élèves et les parents, pour
promouvoir la discipline et la non-violence dans les écoles.
Ce nouveau code, élaboré par les élèves eux-mêmes par le biais
de leur Assemblée, sera appliqué dans les écoles de l’UNRWA en
Jordanie, en Syrie, au Liban, en Cisjordanie et à Gaza, selon
Matar Saqer, porte-parole de l’UNRWA à Amman.
« Nous essayons de faire en sorte que l’école soit un endroit
sûr et stimulant, et de créer une école propice à l’enseignement
et au processus d’apprentissage. Nous voulons des écoles où les
enfants peuvent apprendre et où les enseignants peuvent
enseigner », a indiqué M. Saqer à IRIN. « L’UNRWA travaille avec
ses enseignants pour moderniser les instructions techniques et
faire ainsi en sorte que les écoles soient un refuge pour les
enfants, afin qu’ils puissent profiter de leur processus
d’apprentissage », a-t-il ajouté.
L’agence, qui soutient près de 40 écoles, soit 70 000 élèves,
aux quatre coins de la Jordanie, a d’abord lancé un programme
visant à lutter contre la violence en milieu scolaire en 2002,
en enseignant aux enfants les droits humains, la résolution des
conflits et la tolérance.
Selon M. Mater, la violence se manifeste notamment par des
châtiments corporels. Les efforts de l’agence se heurteront sans
doute à des obstacles, liés à une culture du châtiment
profondément ancrée dans la société, a-t-il admis, en
particulier dans les camps de réfugiés, où la pauvreté est
générale.
« Nous sommes conscients des difficultés, et ce n’est pas parce
que nous en sommes conscients que nous ne traiterons pas ce
problème », a-t-il ajouté, expliquant que de nombreux cas de
violence n’étaient pas déclarés, et qu’il était dès lors
d’autant plus difficile pour les écoles et les travailleurs
sociaux de s’attaquer au problème.
Plus facile à dire qu’à faire
Des Palestiniens
manifestent contre le manque d'écoles à Jérusalem-Est en
septembre 2008
Photo ACRI
La plupart des 4,6 millions de réfugiés
palestiniens des camps défavorisés du Moyen-Orient vivent dans
des conditions de violence et d’insécurité au quotidien, et
certains souffrent encore, a dit Kabir Shaikh, directeur
éducatif de l’UNRWA, le 18 novembre, alors que l’agence
onusienne lançait son programme.
« Les enfants de Gaza et de Cisjordanie sont témoins de la
violence. À l’école, au moins, ils devraient se sentir en
sécurité », a-t-il estimé.
Dans une des écoles pour garçons de Baqaa, les châtiments
corporels sont une pratique habituelle pour beaucoup
d’enseignants ; ceux-ci persistent à soutenir que dans un
environnement aussi difficile, ils sont obligés d’agir de la
sorte pour discipliner des classes où les élèves sont nombreux.
« La plupart des enfants sont habitués à être battus par leurs
parents ; pour une majorité d’entre eux, il est inutile de
s’attendre à un résultat juste en leur parlant », a expliqué un
professeur, admettant que leur méthode d’enseignement était
menacée par ces nouvelles règles.
Aujourd’hui, d’après les enseignants du camp de Baqaa, les
élèves sont en effet plus conscients de leurs droits. Les
victimes de violences physiques se présentent même dans les
centres de santé pour obtenir des certificats médicaux, qui leur
serviront à porter plainte contre les enseignants responsables,
au poste de police.
« Le problème, c’est que les enseignants ne sont plus capables
de tenir leurs classes parce que ceux qui frappent les élèves
sont sévèrement sanctionnés par le ministère et l’UNRWA.
Finalement, le résultat, c’est qu’un grand nombre d’élèves
finissent par être privés d’une éducation digne de ce nom au
beau milieu du chaos qui règne dans beaucoup de classes », a
estimé l’enseignant, en avouant continuer d’avoir recours aux
châtiments corporels.
Étude
Selon une étude sur la violence envers les enfants en Jordanie,
publiée par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF),
plus de la moitié des enfants de Jordanie sont victimes de
maltraitances physiques ou exposés à une forme de comportement
agressif, adoptée comme méthode de discipline.
Une école de l'UNRWA à
Jérusalem
Photo Mel Frykberg/IRIN
L’étude, publiée en 2007, se fondait sur des
entretiens avec des parents et des enseignants, ainsi qu’avec
les représentants des forces de police et des tribunaux, qui
traitent ce type de cas.
Au début du mois de novembre, le ministère jordanien de
l’Education a annoncé qu’il avait créé une permanence
téléphonique pour permettre au public de signaler les cas de
violence en milieu scolaire, et notamment les agressions contre
des enseignants ou des élèves.
Appel en faveur d’un amendement de la loi
Le 19 novembre, les adolescents de Jordanie ont exhorté les
autorités à amender les lois qui prévoient des sanctions légères
pour les individus coupables de maltraitances sur mineurs.
Cet appel a été lancé à l’occasion de la Journée mondiale de
l’enfance ; les enfants ont déclaré que l’article du Code pénal
qui autorisait les parents à punir leurs enfants pour les
discipliner devait également être amendé.
En vertu de l’article 62 du Code pénal, les parents ont le droit
de punir leurs enfants pour les discipliner, conformément aux
normes générales.
« Nous voulons, lorsqu’un élève se réveille, qu’il soit motivé à
aller à l’école, nous ne voulons pas qu’il se réveille en se
disant qu’il va passer une journée cauchemardesque de plus à
l’école. Les enfants ont le droit d’apprendre et de [vivre dans
un] environnement sûr, surtout les enfants de réfugiés », a
estimé M. Saqer.
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